Le vieux cliché laisse croire qu'au hockey, pour espérer avoir une chance, les meilleurs joueurs d'un club donné doivent être les meilleurs, point. C'est souvent vrai. Mais pour le Canadien, il y a une petite variante: les héros obscurs doivent eux aussi rayonner.

Un rapide coup d'oeil sur les marqueurs des séries dans le camp montréalais et on réalise que le Canadien a enfin obtenu cette fameuse profondeur dont Michel Therrien parle si souvent.

Des 10 premiers marqueurs du Canadien depuis le début des séries, la moitié font partie de cette catégorie des «obscurs», incluant Rene Bourque - obscur malgré son salaire qui l'est moins - et Lars Eller, jadis un ancien choix de premier tour, certes, mais un joueur qui doit camper un rôle plus effacé cette saison.

Hors du top 10 des attaquants du Canadien depuis le début des séries? De grands noms comme David Desharnais et Max Pacioretty qui, on présume, n'enfilent pas les points comme leur entraîneur le voudrait.

Mais cela n'est pas si grave quand les Dale Weise, Eller et autres Mike Weaver se permettent de prendre le relais d'étonnante façon.

«Je pense que c'est notre acharnement qui nous donne une chance dans cette série, a résumé le vétéran Daniel Brière. On sait tous que les défenseurs des Bruins sont gros et puissants, mais nous, on se bat pour aller chercher les rondelles, on est prêts à payer le prix. C'est la seule raison qui explique nos succès.»

«Ces gars-là nous aident beaucoup»

D'ailleurs, au terme de l'entraînement de mercredi, moins de 24 heures après l'immense victoire de mardi soir, la direction du Canadien avait choisi d'offrir aux médias quelques-uns des «obscurs» de l'équipe. Pas de Price ou de Subban ou de Pacioretty pour affronter les questions, donc, mais bien les Weise, Moen et autres Bournival.

Bien sûr, personne n'a eu à tordre un bras à Michel Therrien pour qu'il lance des fleurs aux obscurs, des gars qu'il apprécie particulièrement, de toute évidence.

«On a fait quelques acquisitions en fin de saison, et ces gars-là nous aident beaucoup, a expliqué l'entraîneur du Canadien, en parlant surtout de Dale Weise et Mike Weaver. Pour moi, ce qui compte vraiment, c'est l'implication de tous les gars au sein de notre équipe. En partant, on a toujours voulu avoir cet état d'esprit, comme si on était dans un voyage d'affaires. Je crois que nos succès commencent un peu par là.

«On a besoin de ce genre de profondeur. Ce que je vois, les Weise, Weaver, ce sont des joueurs qui se sont rapidement intégrés au reste du groupe. On a un groupe qui est vraiment uni», a poursuivi Therrien.

Avec tout ça, le Canadien, négligé par plusieurs, n'a qu'une seule défaite en sept rencontres depuis le début des séries. Et une fiche parfaite au Centre Bell où tout, absolument tout, semble fonctionner.

Weise a passé tout près de trois saisons dans le maillot des Canucks à Vancouver, devant un public qui peut également être très bruyant et très exigeant. Mais il jure qu'il n'a jamais vécu rien d'aussi vibrant qu'un match des séries au Centre Bell.

Rien de comparable, même.

«Je peux vous dire que notre aréna est l'endroit le plus bruyant de toute la LNH, il n'y a rien qui s'y compare, a expliqué l'attaquant. J'aime amorcer un match sur l'adrénaline, et ici, c'est très facile de le faire.»