À première vue, l'idée de voir arriver les Red Wing de Detroit dans la division du Canadien réjouissait Josh Gorges.

«Ça va créer de nouvelles rivalités, ce sera excitant», nous disait-il lundi à Ottawa. Ce jour-là, une conférence téléphonique réunissant les 30 représentants des joueurs du circuit traitait de cette question, mais l'affrontement face aux Sénateurs avait forcé Gorges à passer son tour.

Or, un courriel lui est parvenu durant la semaine relatant les grandes conclusions de cet appel-conférence et le représentant des joueurs du Canadien est désormais moins chaud à l'idée.

«Je ne sais pas encore ce qu'en pense tout le monde, mais je n'aime pas l'idée, a-t-il dit. Il y a 14 équipes d'un côté et 16 de l'autre. C'est un avantage significatif pour les équipes de l'Ouest de participer aux séries.»

En effet, les chances mathématiques de se tailler une place en séries seraient de 57 % pour les formations de l'Ouest et de 50 % pour celles de l'Est.

«Je ne pense pas que la proposition va passer chez les joueurs, du moins pas dans sa mouture actuelle.»

Voyage, voyage

Réduire les déplacements est souhaité tant par les équipes (pour des raisons budgétaires) que les joueurs (pour des motifs de santé). Mais outre pour les Red Wings de Detroit, les Blue Jackets de Columbus et les Jets de Winnipeg, qui joueront davantage à l'intérieur de leur fuseau horaire, Gorges estime que la proposition actuelle ne réduit pas beaucoup les voyages des autres équipes.

«En quoi ce format réduit-il les déplacements du Lightning de Tampa Bay ?» demande le défenseur du Canadien.

En effet, les deux équipes de la Floride ne sont guère entichées à l'idée de joindre une division qui les forcera à passer beaucoup de temps dans le Nord-Est. Elles comptent toutefois se rallier au reste de la ligue au nom du bien commun.

«Les équipes de l'Est ne sont pas en position de se plaindre comparativement à celles de l'Ouest, soutient toutefois Brandon Prust. Avoir des vols d'une heure de plus afin de se rendre en Floride quelques fois par année, ce n'est pas la fin du monde. Ça ne changera pas grand-chose.»

Télé et marketing

En ajoutant Detroit à l'Association Est et en permettant aux fans de Columbus de suivre leur équipe sans veiller jusqu'aux petites heures, la LNH met en place une stratégie d'abord et avant tout télévisuelle. Mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle l'arrivée des Wings fait saliver les équipes de l'Est.

«En termes de marketing, je peux voir à quel point ça générerait des revenus supplémentaires», a convenu le DG des Sénateurs d'Ottawa Bryan Murray.

Mais est-ce déshabiller Paul pour habiller Jacques ?

Car autant les formations de l'Est seront heureuses de l'arrivée des Wings, autant des rivaux traditionnels comme les Blackhawks de Chicago et les Blues de St-Louis y perdent au change.

«Qui créerait une rivalité avec Detroit? demande Gorges. Nous ? Boston ? Pourraient-ils réussir à créer une plus grosse rivalité qu'avec Chicago ?»

Les joueurs et le droit de veto

Pour l'instant, aucune date n'a été fixée pour voter sur le réaménagement des divisions. Gorges ignore même quel poids aurait un éventuel refus des joueurs.

«J'imagine que cela prendra notre consentement d'une façon ou d'une autre, mais encore là : c'est une décision de la ligue et qui sait si, avec l'accord des propriétaires, ils n'iront pas de l'avant de façon unilatérale.»

L'an dernier, sous prétexte qu'elle n'avait pas été impliquée dans le processus, l'Association des joueurs avait rejeté la proposition de réaménagement mise de l'avant par la LNH. Elle est partie intégrante du processus cette fois-ci.

Or, selon ce qu'un dirigeant d'une équipe de l'Est nous a confié, les joueurs n'ont aucun veto sur ce genre de décision.

«La ligue n'est pas allée de l'avant avec son projet l'an dernier, car elle avait un combat plus important à livrer avec le renouvellement de la convention collective», nous a-t-on dit.

C'est toutefois un argument que des intervenants remettent en question à travers la ligue.