Les liens au hockey se tissent sur la patinoire. Un nouveau joueur s'attire le respect de ses coéquipiers en unissant ses efforts aux leurs, en bloquant des lancers, en se portant à la défense d'un collègue...

Ça se tisse aussi sur la route dans le cadre de soupers ou d'autres activités.

Colby Armstrong, qui a signé cet été un contrat d'une saison avec le Canadien, n'a rien de tout ça. Rien qui peut l'aider à se sentir véritablement un joueur du Tricolore.

«Je participe à des événements caritatifs où l'on me remet un tas d'objets du Canadien à signer, mais je ne me sens pas tout à fait digne de les autographier», admet-il.

Il est peut-être dans la même situation contractuelle que Francis Bouillon, mais il n'a pas déjà passé plusieurs saisons à Montréal comme ce dernier. Pour le sentiment d'appartenance, on repassera.

Il n'a même pas rencontré plusieurs joueurs de sa formation!

«Les joueurs que je connais, au moins, je les côtoie tous les jours, a noté l'ailier de 29 ans qui patine régulièrement à Candiac. J'habite dans le même coin que plusieurs d'entre eux, on se réunit pour des barbecues, et je me suis vite senti à l'aise avec eux.»

«Mais c'est sûr que c'est une situation différente. L'équipe m'a remis un sac ainsi que de l'équipement, mais je n'ai toujours pas joué un match pour elle...»

Armstrong espère relancer sa carrière sous les ordres de Michel Therrien, qui l'a coaché pendant six saisons à Wilkes-Barre (LAH) et chez les Penguins de Pittsburgh.

Il doit démontrer qu'il est encore le trouble-fête qu'il était à Pittsburgh - et qui sait, le joueur qui a marqué 22 buts avec les Thrashers d'Atlanta - et non le joueur sous-performant et miné par les blessures qu'il a été pendant deux ans avec les Maple Leafs de Toronto.

Or, même si les négociations entourant le lock-out débloquent et qu'un restant de saison est disputé, le temps jouera contre lui. Chaque match aura une importance cruciale pour lui.

«Je le savais dès le début de la saison, mais ce sera encore plus vrai dans le cadre d'une saison écourtée», convient Armstrong.

Ça, c'est s'il y a une saison.

«C'est assez fou de penser que ma famille a loué une maison pour une année, qu'elle s'est établie à Montréal et qu'en fin de compte, je ne jouerai peut-être pas un seul match pour le Canadien», dit-il en riant jaune.

Carrière menacée?

Mieux vaut ne pas regarder trop loin dans l'avenir et ne pas envisager une année sans hockey, car les leçons du lock-out de 2004-05 sont impitoyables : près de 125 joueurs n'ont pas trouvé de travail après le règlement du conflit.

«C'est une réalité, je ne suis pas stupide, reconnaît Armstrong. Rater une saison complète après que son contrat ait été racheté par une équipe, ça rend les choses encore plus difficiles.»

Armstrong quitte mardi pour Saskatoon où il passera quelques jours parmi les siens afin de souligner ses 30 ans. Carey Price est rentré dans ses terres en Colombie-Britannique alors que Josh Gorges a accompagné Mathieu Darche à New York afin d'assister à la séance de négociations de lundi.

L'absentéisme est à la hausse à Candiac... et l'enthousiasme à la baisse.

«Notre motivation va au rythme des espoirs et des déceptions entourant les négociations, explique Armstrong. On se pousse les uns les autres pour rester motivés.»