Pendant que les patinoires de la Ligue nationale de hockey sont dans le noir, les glaces européennes rayonnent sous la lumière des réflecteurs... en grande partie grâce aux grands noms de la LNH qui ont choisi d'aller patiner là-bas en attendant la fin du lock-out.

Cet exode des hockeyeurs dans les vieux pays fait jaser. Cette semaine, Guy Lafleur a clairement exprimé son désaccord sur le sujet. Entre les branches, certains dirigeants d'équipes de la LNH se demandent si le départ d'une centaine de joueurs pour l'Europe ne vient pas signifier qu'il y a des fissures dans l'armure de l'Association des joueurs.

«C'est de la pensée magique de la part des propriétaires, a répondu Steve Fehr, le numéro deux de l'Association des joueurs, au sortir de la réunion de jeudi soir à New York. Je peux vous assurer que notre syndicat est très solide.»

Dans les coulisses du hockey, ils sont de plus en plus nombreux à se demander pourquoi ces joueurs décident de changer de continent en plein conflit de travail. Après tout, plus de 300 hockeyeurs ont choisi d'afficher leur solidarité publiquement en se présentant avec Donald Fehr à une réunion de l'Association des joueurs, il y a un mois à New York.

Depuis, un peu plus de 100 patineurs ont fait leurs valises pour les ligues européennes, dont sept membres du Canadien de Montréal.

Ron Hainsey, un ancien premier choix du Canadien qui est aujourd'hui défenseur chez les Jets de Winnipeg, s'emporte un peu quand on lui demande si ces joueurs qui optent pour l'Europe ne sont pas la preuve d'un syndicat qui s'affaiblit de jour en jour.

«Je ne suis pas du tout d'accord avec ça, répond-il. Ce que ces joueurs veulent faire, c'est leur décision. S'ils veulent rester ici, qu'ils restent ici. S'ils veulent aller jouer en Europe, qu'ils le fassent. Ce n'est pas du tout un problème à nos yeux.»

Hainsey, qui a pris part aux deux jours de négociations cette semaine à New York, estime que ceux qui décident de partir ne s'en vont pas là-bas pour prendre la place d'un autre.

«On parle ici de joueurs de hockey, on parle d'un sport professionnel. Au hockey, il n'y a jamais rien de certain. Il faut toujours se battre pour un poste. Ce n'est pas une question de savoir si c'est injuste ou pas. Au hockey, on se bat pour un poste, c'est comme ça. Quand on sera de retour à Winnipeg, on aura aussi à se battre pour notre place.»

Garder la forme

Avec ce conflit de travail qui pourrait s'éterniser - les discussions de cette semaine à Manhattan n'ont rien donné -, on peut présumer que d'autres joueurs de la LNH vont eux aussi faire le saut de l'autre côté.

Manny Malhotra, vétéran des Canucks de Vancouver, estime lui aussi que le départ de ses collègues pour les contrées européennes n'est pas l'indice d'un conflit au sein de l'Association des joueurs. Ni un signe de faiblesse.

«Nous pratiquons tous un sport qui exige que nous soyons au sommet de notre condition physique, a fait savoir l'attaquant, qui a lui aussi pris part aux réunions de cette semaine. Ceux qui vont jouer en Europe le font pour rester en forme. Il s'agit d'une excellente option si l'on considère ce qui se passe présentement dans la LNH. S'il y a un gars qui prend la place de quelqu'un d'autre en Europe, eh bien, ça arrive. C'est la nature du sport.»