Une scène qu'on aurait jadis cru inimaginable s'est produite, vendredi, après l'entraînement des Devils du New Jersey. Un journaliste a demandé à l'entraîneur Peter DeBoer pourquoi il envoyait Martin Brodeur devant le filet, samedi, face au Canadien.

C'est que le légendaire Québécois, en dépit d'un bon mois de novembre, n'a pas gagné plus de deux départs consécutifs cette saison.

Peter DeBoer a dû le remplacer deux fois au cours de la dernière semaine. Et si Brodeur a bien fait à Toronto mardi, ce fut sa seule victoire à ses cinq derniers départs.

Il a maintenu durant cette période une moyenne de 4,68 et un taux d'arrêts de ,832.

Pendant ce temps, Johan Hedberg (8-5-1) fait de l'excellent travail et sa moyenne de 2,26 est d'un but entier inférieure à celle de Brodeur (3,27).

«À un moment donné, les gens vont voir que je ne suis plus le gardien qui fait dix blanchissages par année et qui maintient une moyenne de 2,00, lance le Québécois de 39 ans. J'ai tenu ça pendant 19 ans, le temps est venu de m'amuser un peu.»

Brodeur admet que l'usure fait son oeuvre, mais pas au point de reconnaître qu'il dispute une saison de trop. Il dit avoir eu suffisamment de belles séquences cette année pour se prouver qu'il est encore capable.

«Mon rythme est un peu cassé à cause de la façon qu'on joue et de la manière dont je performe pour l'instant, mais je m'attends à ce que ça se stabilise, explique-t-il.

«J'ai manqué six rencontres à cause d'une blessure et il y a deux matchs au cours desquels on m'a retiré du filet. Je joue quand même la grande majorité du temps, c'est juste que je ne joue pas deux matchs en deux soirs. Or, on a eu plusieurs fois deux matchs en 24 heures récemment.»

Ça a changé devant lui

Brodeur en est à la dernière année de son contrat et les questions relatives à sa retraite, ou encore à un possible changement d'organisation, commencent à faire surface.

«Je n'ai pas encore pris de décision quant à mon avenir, mais je ne me vois pas prendre ma retraite tout de suite, ça c'est sûr, insiste Brodeur.

«Je dois d'abord voir ce que l'équipe veut faire avec moi. Si je me sens encore capable de jouer, qu'une autre équipe me veut et que les Devils décident de prendre une autre direction, qui sait... Mais dans un monde parfait, j'aimerais finir ma carrière ici.»

En effet, Brodeur ne renoncera pas aisément à sa clause de non-échange, car il rêve d'imiter son ancien coéquipier Ken Daneyko et pouvoir dire qu'il a été un Devils durant toute sa carrière.  

«J'ai sacrifié plusieurs choses afin de rester au New Jersey, je ne laisserai pas cela aller à moins que quelque chose d'exceptionnel se produise.»

Si Brodeur évoque Daneyko, c'est qu'il est un brin nostalgique d'une époque révolue où il pouvait compter sur une défensive stable, étanche et impressionnante.

«À l'époque où l'on avait une équipe dominante, je pouvais me cacher en arrière d'elle pendant deux ou trois matchs et ça ne paraissait pas trop.

«En ce moment, tout est plus apparent parce qu'on n'a plus la grosse machine du temps des Stevens, Niedermayer et Daneyko. Il y a un gros roulement à la ligne bleue que je n'ai jamais vécu par le passé.»