Stephen Harper refroidit l'enthousiasme pour le nouveau Colisée de Québec. Devant ses militants à Québec, il a imposé hier soir trois conditions à un possible financement fédéral: que le projet soit «abordable» et «équitable» à l'égard des autres villes canadiennes, et que le privé y participe.

«Nous sommes tous de grands fans de sport professionnel. Mais les sports professionnels sont la responsabilité du secteur privé», a-t-il déclaré dans le gymnase d'une école primaire privée de Sillery, avant de parler de conduites d'eau et d'autres préoccupations électorales. Il avait répété le même message en après-midi à Sept-Îles.

Dans un discours à saveur électorale, il s'est présenté comme la seule solution de rechange à la «coalition des dépensiers compulsifs» formée par les libéraux, les bloquistes et le NPD.

La construction du nouveau Colisée devrait coûter 400 millions de dollars. C'est une condition sine qua non au retour des Nordiques, selon la LNH. Pierre Karl Péladeau aimerait y déménager une équipe de hockey, mais il refuse de payer pour la construction de l'amphithéâtre.

Luc Paradis, nouveau président de la chambre de commerce de Québec, assure néanmoins rester confiant. «Le privé s'en vient. Il va y avoir des annonces bientôt», a-t-il annoncé hier en point de presse au Château Frontenac.

M. Paradis participe aussi au groupe «J'ai ma place», qui vend - symboliquement - des sièges dans le futur Colisée. Le groupe a déjà amassé 12 millions. Son fondateur, Mario Bédard, croit pouvoir récolter jusqu'à 40 millions.

Le fédéral devrait-il financer un amphithéâtre pour accueillir le retour espéré des Nordiques? «On n'a jamais dit que c'était de l'argent pour une équipe de la LNH», répond M. Bédard. Il a insisté sur le fait que le lieu servirait aussi à accueillir d'autres manifestations sportives et culturelles.

«À Winnipeg, ils viennent de construire le Musée des droits de l'homme, et le gouvernement fédéral a décidé de mettre 300 millions. (...) Quand on regarde ce qui s'est fait au Canada dans les dernières années, à Calgary ou à Vancouver avec les Jeux olympiques, probablement que c'est à notre tour.»

Le député bloquiste Michel Guimond croit aussi que Québec mérite de l'argent public. «Ce qu'on demande au gouvernement fédéral, c'est de se comporter exactement comme il l'a fait ailleurs, aussi bien à Vancouver, Calgary, Edmonton ou Halifax.»

Avant l'allocution de son chef hier soir, Josée Verner essayait d'être optimiste. «Il (Stephen Harper) n'a pas fermé la porte», a indiqué la ministre responsable de la région de Québec.

Mardi dernier, Jean Charest a annoncé que son gouvernement financerait à 45% la construction du futur Colisée. Le lendemain, Mme Verner et les autres députés conservateurs de Québec se sont fait photographier portant des chandails des Nordiques, même s'ils n'avaient rien à annoncer. Le député conservateur Steven Blaney a avoué que le bureau du premier ministre n'avait pas été informé de cette séance de photos.

Depuis, les médias et les militants conservateurs du Canada anglais se déchaînent. Ils s'objectent à ce qu'Ottawa finance un nouveau Colisée, alors que plusieurs autres villes canadiennes n'ont pas bénéficié d'une telle générosité.

- Avec la collaboration de Malorie Beauchemin et du Soleil