À l'heure qu'il est, vous avez probablement déjà vu les photos sur l'internet. Impossible de les rater. Elles mettent en vedette certains Glorieux, dont le gardien Carey Price. À chaque fois, on dirait que c'est le gros party. Le pire, le pire du pire, c'est qu'on voit souvent des bouteilles dans ces photos, et la plupart du temps, ce ne sont pas des bouteilles de marque Évian.

Bref, on dirait bien que nos p'tits gars aiment se beurrer la face de temps à autre.

Suis-je surpris, offusqué, voire scandalisé? Pas du tout. Pour des raisons purement professionnelles, je me suis moi-même parfois retrouvé dans un «débit de boisson», comme on dit. J'ai régulièrement croisé des joueurs un brin finis aux alentours de trois heures du mat'. Souvent des joueurs d'équipes championnes. Ça n'avait pas l'air de trop les affecter une fois sur le terrain ou sur la patinoire...

Pour en savoir plus, j'ai choisi de passer un coup de fil à un ancien Glorieux, Pierre Larouche. Vous vous souvenez de lui? Bon joueur de hockey - il s'est offert deux saisons de 50 buts, dont l'une avec le Canadien en 1979-1980 - Pierre était de ce Canadien magique de la fin des années 70, de cette époque mythique où, s'il faut en croire la légende, les boys étaient capables d'enfiler les bières comme ils enfilaient les victoires.

Alors, Pierre... Si certains gars du Canadien sont sur la rumba, est-ce que ça veut dire que les carottes sont cuites? «Je ne suis pas dans l'entourage de l'équipe, mais j'ai l'impression que le Canadien a des problèmes pas mal plus graves que ça», m'a répondu Larouche, qui, joint à Pittsburgh, travaille aux relations publiques des Penguins.

«Est-ce que c'est grave, des gars sur le party? Ça dépend. Si tu prends un coup six fois par semaine, tu ne vas pas jouer longtemps dans cette ligue. Dans mon temps, quand des gars exagéraient, des vétérans comme Yvan Cournoyer ou Serge Savard leur parlaient dans le casque. On savait s'amuser, mais on comprenait aussi une chose: quand on mettait le chandail bleu, blanc, rouge, c'était sérieux. On respectait le chandail et ce qu'il représentait.»

Les temps ont bien changé. L'époque de Pierre Larouche, c'était l'époque des clubs tissés serré. Les gars se connaissaient, passaient tout leur temps ensemble. C'était avant les joueurs autonomes et les montagnes de fric. C'était avant Facebook et tous les dérapages que cela peut supposer.

«J'ai l'impression qu'aujourd'hui, avec les jeunes joueurs qui proviennent de partout dans le monde, le chandail bleu, blanc, rouge n'a plus la même signification, poursuit Larouche. Je ne les blâme pas, mais souvent, les jeunes ne saisissent plus l'importance du chandail.»

C'est peut-être sur ce point que certains membres du CH devraient méditer un peu. Jouer pour les Bulldogs de Hamilton, c'est une chose. Jouer pour le CH, c'est une autre affaire. Jouer pour le CH, c'est un privilège, et avec ce privilège, il y a des responsabilités. D'énormes responsabilités.

De toute évidence, il y en a qui ne l'ont pas très bien compris. Peut-être que Bob Gainey pourrait le leur expliquer?

De là à dire que le Canadien est dans le pétrin parce que des gars de 22 ans se comportent comme des gars de 22 ans, il y a un pas. À ce chapitre, je vous invite à lire l'excellent livre Boys Will Be Boys de Jeff Pearlman, à propos des Cowboys de Dallas des années 90. C'est un livre avec des histoires de partys, de filles nues, de dope, d'alcool, de sexe... et un peu de football.

Ce que le livre nous apprend, c'est que les partys des Cowboys auraient fait rougir de honte les gars de Mötley Crüe. Ce qui ne les a pas empêchés de remporter le Super Bowl trois fois en quatre saisons.

Les boys du Canadien peuvent bien faire ce qu'ils veulent dans les limites de la légalité et du respect. Je rien n'ai contre ça... pourvu qu'ils soient capables de répondre présent sur la glace.

«C'est toujours la même chose, me fait remarquer Larouche avant de raccrocher. Quand tu gagnes, tout le monde trouve ça drôle, mais quand tu perds, c'est pas mal moins drôle...»

En effet.