Le premier weekend d'activité de la Ligue canadienne de football aura fait mentir bien des analystes et des spécialistes qui, comme moi, se hasardent au jeu des prédictions.

Avec l'arrivée de joueurs tels que Ricky Ray, Henry Burris et Andy Fantuz au cours de la saison morte, la majorité des experts du football canadien prévoyaient une domination de la division Est en 2012. Pourtant, les équipes de l'Ouest ont terminé le premier wee-kend du calendrier avec une fiche parfaite de quatre victoires.

De même, tous croyaient que les Alouettes demeureraient rois et maîtres dans leur division grâce à leur attaque dévastatrice. Avec une restructuration complète de la défensive (un nouveau coordonnateur, de nouveaux joueurs et un nouveau système), les Moineaux ne pouvaient que s'améliorer.

Les membres de l'organisation nous avaient fait saliver à l'idée d'une défensive plus robuste, plus agressive et meilleure pour appliquer la pression sur les quarts adverses. Nos prévisions ont été encore une fois déjouées. Les Alouettes ont subi une raclée face aux Stampeders, à Calgary, dimanche.

La défensive s'est avérée incapable d'atteindre Drew Tate ou de stopper le porteur Jon Cornish. Par moments, elle semblait perdue sur le terrain.

Il est trop tôt, après un seul match, pour paniquer à propos de la saison des Alouettes. Il n'y a pas lieu de jeter l'éponge aussi tôt. L'attaque se ressaisira, j'en suis convaincu.

Néanmoins, après ce que j'ai vu sur le terrain du stade McMahon, dimanche soir, le volet défensif m'inquiète un peu plus.

Beaucoup de questions seront posées

Les joueurs comprennent-ils le nouveau système défensif? Les Alouettes ont-ils les bons joueurs pour ce système précis? Le système lui-même est-il déficient? Il ne fait aucun doute que ces questions seront posées dans le vestiaire montréalais.

Je crois qu'un des problèmes majeurs des insuccès de l'unité réside dans la transmission même du système aux joueurs par le groupe d'entraîneurs.

Le coordonnateur Jeff Reinebold souhaite que chaque joueur de sa brigade connaisse le rôle des 11 autres joueurs défensifs sur le terrain. Ce faisant, les joueurs peuvent changer de rôle et de position d'un jeu à l'autre. Reinebold veut créer des joueurs hybrides en mesure de remplir une multitude de tâches. L'idée est excellente en théorie, mais difficile à appliquer en pratique.

Au football, il y a des responsabilités qui doivent être assumées à chaque jeu défensif. Il doit y avoir par exemple un joueur responsable de contenir le jeu de chaque côté de la pochette protectrice. Un autre est chargé de couvrir le porteur ou le quart-arrière s'il quitte le champ arrière. Et il doit y avoir des ajustements quant au déroulement du jeu offensif. Que fait-on si un receveur s'amène dans la protection ou traverse la ligne offensive derrière la ligne de mêlée? Que fait-on s'il y a un ou deux ailiers rapprochés dans la formation?

Reinebold saute des étapes

Il est extrêmement compliqué pour un seul joueur de retenir les responsabilités et ajustements propres à chacune des positions. À mon avis, Reinebold saute des étapes cruciales en voulant instaurer son système et s'assurer que tous le comprennent avant même que chacun de ses joueurs ne connaisse sa position désignée et les responsabilités qui s'y rattachent. Résultat: la confusion s'installe, des corridors béants pour la course apparaissent, des joueurs se retrouvent seuls un peu partout sur la surface de jeu et le quart-arrière adverse s'échappe de la pochette sans trop de difficulté.

Jeff Reinebold possède les connaissances et l'expérience nécessaires pour accomplir la tâche qui lui incombe. Son système peut probablement connaître du succès dans la LCF. Un jour, les joueurs pourront permuter de position afin de confondre l'adversaire. Mais pour y arriver, il faut être fin pédagogue et respecter les étapes d'apprentissage. Apprendre un système de jeu défensif, c'est comme apprendre à courir: il faut d'abord commencer par marcher.