Nous poursuivons notre tour d'horizon des différentes équipes de la Ligue canadienne de football avec un aperçu des Argonauts de Toronto. Doit-on prendre l'équipe-surprise de 2010 au sérieux ou faut-il plutôt s'attendre à un retour à la médiocrité?

«C'est énorme, la différence qu'une année peut faire.» C'est avec ce commentaire en plein dans le mille que les Argonauts de Toronto ont amorcé leur téléconférence d'hier.

Le président et chef de la direction Bob Davidson ainsi que l'entraîneur-chef et DG Jim Barker ont tous deux observé que c'était le jour et la nuit entre le printemps de 2010 et celui-ci. L'incertitude a fait place à un début de stabilité, qui permet aux Argos d'envisager la nouvelle saison avec beaucoup plus d'optimisme que lors des dernières années.

«À pareille date l'an dernier, notre groupe d'entraîneurs n'avait même pas dirigé un seul entraînement ensemble», a rappelé Barker, qui est parvenu à garder tous ses adjoints de 2010. Sur le terrain, seuls les joueurs de ligne défensive Adriano Belli et Eric Taylor ont quitté l'équipe parmi les réguliers.

«On voulait s'assurer de garder nos propres joueurs autonomes. C'était notre approche, car on estime qu'on possède de très bons joueurs», a dit Barker, entraîneur-chef par excellence de la ligue en 2010, un honneur pleinement mérité.

Successeur du risible Bart Andrus, qui est reparti aux États-Unis au terme d'un désastre qui n'aura heureusement duré qu'une seule saison, Barker a été le grand artisan du retour au seuil de la respectabilité des Argos. Détenteurs d'une fiche de 7-29 à leurs 36 matchs précédents, ils ont remporté 9 victoires et atteint la finale de l'Est l'année dernière. Dans les circonstances, ce fut là un tour de force de Barker.

L'étonnante saison des Argonauts risque cependant de leur nuire. Les rivaux seront mieux préparés, les attentes, plus élevées. Barker ressent-il une pression additionnelle?

«Je ne vois pas les choses sous cet angle. On jouera au maximum de nos habilités, tout simplement. On ne contrôle pas ce que les gens pensent, et d'une façon ou de l'autre, il y a toujours une forme de pression.»

La même formule en attaque

Si les Argonauts ont formé une équipe considérablement améliorée en 2010, on ne peut certainement pas en dire autant de leur lamentable jeu aérien. «On a obtenu un quart-arrière afin d'aider notre attaque, qui n'a évidemment pas été assez bonne l'an dernier», a d'ailleurs tranché Barker, hier.

Le quart en question est Steven Jyles, qui tentera de déloger Cleo Lemon au cours du prochain mois. S'il réussit à conserver son poste de quart régulier, Lemon devrait à tout le moins être supérieur à sa deuxième saison.

«Contrairement à l'année dernière, nos quarts auront de l'expérience et ça fera toute une différence. Ils connaîtront davantage les joueurs adverses et seront donc mieux préparés afin de les attaquer», estime Barker, qui s'en remettra tout de même essentiellement à la même recette en attaque.

«Le jeu au sol demeurera un élément très important de notre attaque, car je crois en cette formule - que ce soit au football américain ou canadien.»

Du chemin à parcourir

Pour une organisation qui était en chute libre, la saison de 2010 a été un franc succès. Elle s'est par contre très mal finie: une démolition de 48-17 aux mains des Alouettes en finale de l'Est.

«On a réussi de belles choses contre les Alouettes et on a même remporté quelques victoires à leurs dépens. Ils ont toutefois démontré leur supériorité lors de ce match. On a alors pu voir tout le chemin qu'il nous restait à parcourir», a admis Barker.

On a senti que la rivalité entre les Oiseaux et les Argonauts s'était envenimée l'an passé. Les deux équipes ont même décoché quelques pointes en direction de leur rivale dans les jours qui ont précédé le carnage au Stade olympique. Barker ne croit toutefois pas qu'il y ait une tension entre les deux organisations.

«Les Alouettes occupent la place qu'on désire obtenir. Je ne dirais pas qu'il y a de l'animosité, mais on aspire aux choses qu'ils possèdent. C'est l'équipe qu'on doit vaincre afin de se rendre au match de la Coupe Grey.»

Ben Archibald

Petit lapsus dans le texte d'hier sur les Lions de la Colombie-Britannique. Il aurait fallu lire Ben Archibald lorsqu'il était question du bloqueur émérite, et non pas David Archibald, qui est plutôt un ancien joueur des North Stars du Minnesota et des Sénateurs d'Ottawa.

Du sang neuf

Steven Jyles quart-arrière - Les Argonauts ont conclu de nouvelles ententes avec la majorité de leurs joueurs autonomes, mais ils n'ont pas été très actifs cet hiver. Ils ont par contre eu l'excellente idée d'ajouter un quart-arrière afin de lutter avec Cleo Lemon pour le poste de partant. À défaut d'être un quart établi, Jyles possède de l'expérience (470 tentatives de passes en 5 saisons) et offre un bon mélange de précision (61,3% en carrière) et de mobilité (452 verges au sol en 2010).

Les piliers



Cory Boyd, demi offensif - Ce qui est le plus remarquable de la saison recrue de Boyd, c'est qu'il a totalisé 1722 verges (1359 au sol et 363 par la passe) en dépit d'un jeu de passe improductif. Le porteur a généralement couru en puissance, bien qu'il ait été plus discret face aux Alouettes (227 verges au sol en 4 rencontres). Il a quitté le terrain à deux occasions contre les Oiseaux, dont une en raison d'une commotion cérébrale. Boyd en a subi deux à sa première saison, et l'entraîneur-chef Jim Barker a souligné que c'était une situation qui préoccupait l'organisation, hier.

Chad Owens, receveur et spécialiste des retours - Probablement le joueur le plus électrisant de la LCF, l'ancien des Alouettes a totalisé 2701 verges sur des retours de botté la saison dernière (Marcus Thigpen, des Tiger-Cats de Hamilton, a fini 2e avec 1722...). L'apport d'Owens en attaque a été nettement moindre (46 attrapés en 2010), mais l'étonnante saison des Argos a été largement attribuable au brio de leurs unités spéciales, à commencer par les retours d'Owens.

Kevin Huntley, plaqueur - Il y a d'autres bons joueurs défensifs chez les Argonauts (Kevin Eiben, Willie Pile, Ronald Flemons), mais aucun d'eux n'est plus important que Huntley, seul membre de la défense torontoise à avoir été élu dans l'équipe d'étoiles de la ligue l'automne dernier. Après des séjours avec 4 équipes de la NFL, le colosse de 6'7 et 294 livres a réussi 9 sacs à chacune de ses 2 premières saisons au Canada. Également solide contre la course, Huntley est l'as d'une ligne défensive qui a compté parmi les meilleures du circuit en 2010. Sa présence devient encore plus importante depuis la retraite d'Adriano Belli et du départ d'Eric Taylor pour Vancouver.