Mieux dans sa peau. Voilà l'impression qu'a laissée Don Matthews, hier. Le coach des Argonauts de Toronto est plus souriant et nettement plus détendu qu'il ne l'était à Montréal - même si son club a perdu ses cinq matchs (par un total de plus de 100 points...) depuis qu'il est revenu dans la LCF.

Or, comme le soulignait une valeureuse collègue hier, Matthews a souvent l'habitude de mieux traiter les journalistes de l'extérieur que ceux qu'il côtoie quotidiennement. N'empêche, l'homme de 69 ans a montré une patience et une candeur qu'on ne lui connaissait pas.

 

«Vers la fin de mon séjour à Montréal, j'étais tout simplement incapable de faire mon travail. Je n'avais plus d'énergie et je n'étais plus en mesure d'y consacrer le temps nécessaire. J'avais même de la difficulté à terminer les entraînements. C'était à un point tel que j'avais peur de sortir acheter un pain ou du lait, c'était comme si je me cachais chez moi. Ça aura pris plus d'un an, mais les choses sont finalement rentrées dans l'ordre grâce aux médicaments. À présent, je travaille 12 heures par jour et j'ai encore de l'énergie lorsque je rentre à la maison», a raconté l'entraîneur-chef le plus victorieux de l'histoire de la LCF, hier.

«Si je parle si ouvertement de ma maladie, c'est parce qu'il y a énormément de gens qui vivent la même chose. Et si je peux aider une seule personne, ce sera très bien. Personnellement, je ne parlais jamais de ma situation, je cachais tout. Et c'est souvent ainsi que les gens réagissent lorsqu'ils souffrent de problèmes d'angoisse.»

Matthews ne risque-t-il pas de sombrer à nouveau en restant aux commandes des Argonauts, qui sont en chute libre depuis deux mois? Le défi n'est-il pas plus imposant qu'il ne le prévoyait?

«Je n'avais pas vu jouer les Argos depuis deux ans, alors je ne savais pas à quoi m'attendre du tout. Ce n'est jamais facile lorsqu'il y a une période d'ajustement au milieu d'une saison, comme ce fut le cas ici cette année, mais les joueurs travaillent fort et on s'améliore de semaine en semaine», a-t-il soutenu.

À moins que les Argos ne remportent leurs trois derniers matchs et que les Blue Bombers de Winnipeg ne perdent les trois leurs, Matthews devra se contenter de regarder le tournoi éliminatoire à la télévision en novembre. Songe-t-il déjà à 2009? «Je vais discuter de ces questions personnelles avec les gens concernés, pas avec les médias», a-t-il déclaré (oui, on a revu l'ancien Matthews pendant ces quelques secondes).

Mais selon certaines sources qui sont régulièrement en contact avec lui, Matthews aimerait effectivement revenir à la barre des Argonauts en 2009. Il n'a sûrement pas mis un terme à sa retraite en Oregon pour venir se faire planter pendant deux mois.

Un bon coup de Wetenhall

Même s'il a bâti un impressionnant dossier de 58-28 et gagné la Coupe Grey avec les Alouettes, Matthews ne perçoit pas le match de cet après-midi différemment d'un autre.

«J'ai été à l'emploi de tellement d'équipes qu'on pourrait me poser cette question à chaque semaine. Mon départ de Montréal n'avait rien à voir avec les Alouettes, c'est ma santé qui a tout dicté. J'ai encore de très bons amis chez les Alouettes et j'ai vécu de superbes années avec eux. Mais demain (aujourd'hui), ce sera un match comme un autre.»

Peut-être un match parmi tant d'autres, mais aussi son premier contre Marc Trestman.

«Je suis très heureux que Bob Wetenhall soit sorti des sentiers battus afin de choisir son nouvel entraîneur-chef. C'était un choix éclairé, intelligent, et les résultats ont suivi. Suis-je surpris de voir les Alouettes connaître autant de succès si rapidement? Oui, comme probablement la majorité des gens. A.C. (Anthony Calvillo) joue extrêmement bien et je crois que Trestman y est pour beaucoup. Il a implanté un système qui l'aide énormément.»

Je vais maintenant appeler les Argonauts afin d'être certain qu'il ne s'agissait pas d'un sosie.