Même si les joueurs des Alouettes de Montréal flottent toujours sur un nuage, deux jours après leur conquête de la Coupe Grey, les émotions retombent peu à peu. Et Kristian Matte s’est fait prendre en flagrant délit de vulnérabilité.

Le délai est court, mais l’heure était au bilan pour les joueurs des Alouettes, mardi, au Stade olympique.

Après la victoire de son équipe contre les Blue Bombers de Winnipeg lors de la Coupe Grey, Matte a été le premier joueur à soulever le précieux trophée sur la scène du stade Tim Hortons de Hamilton.

Lorsqu’un membre des médias lui a demandé de revenir sur les évènements, le vétéran de 38 ans l’a fait avec émotion.

« C’était spécial. En tant que petit vieux de l’équipe, je voulais le prendre parmi les premiers. Je pense qu’une journée avant, Marc-Antoine Dequoy est venu me voir et il m’a dit : en passant, quand ça va être le temps de prendre la coupe, c’est toi qui vas la prendre en premier », dit-il, des trémolos dans la voix, avant de craquer.

Malgré les larmes, le gaillard de 6 pi 4 po et 296 lb a poursuivi. « Ça me rend émotif… Il y a des moments où je ne réalise pas ce qui s’est passé. Les gars, on s’aime. C’était spécial. Donc quand un gars vient te dire ça, ça montre que tout le monde voulait être là pour l’autre. »

Une évidence

Quelques minutes plus tard, Dequoy a expliqué pourquoi Matte devait être le premier à soulever la coupe Grey : « Treize ans d’attente, personne n’a vécu ça. J’ai attendu trois ans et ça a semblé très long. Donc je ne peux pas dire à quel point treize ans, c’est long. »

Comme Dequoy, David Côté était aussi particulièrement fier de voir Matte, ravi et accompli, prendre la coupe. « Il a vécu les années glorieuses, il a vécu les années plus difficiles, il a vécu mille et un changements. Et il est toujours resté. Il a toujours été un joueur d’impact dans l’équipe. Je pense que c’est la moindre des choses, en fait, c’est juste naturel que ce soit lui qui la soulève en premier. Je n’aurais pas vu personne d’autre la soulever avant lui. »

C’est un peu le cœur de cette équipe-là.

David Côté, au sujet de Kristian Matte

Matte était de la dernière équipe gagnante des Alouettes en 2010, en tant que réserviste. Depuis, il a bravé les tempêtes jusqu’à voir le soleil. Jason Maas est le 10e entraîneur-chef par lequel le garde est dirigé depuis son arrivée dans la Ligue canadienne de football, il y a 13 ans.

Même que lorsqu’il a vu son « ami en or » s’avancer et porter le trophée à bout de bras, le botteur des Alouettes a immédiatement fait le parallèle avec un ancien défenseur de l’Avalanche du Colorado : « Quand c’est arrivé, j’ai eu une petite pensée pour Raymond Bourque. Il en avait gagné un avant, mais ce n’est pas pareil. C’est en fin de carrière, il a attendu 13 ans quand même… »

Rappelons-nous que Bourque a soulevé la coupe Stanley pour la première fois au bout de 22 saisons dans la LNH. Ce n’est pas Joe Sakic qui a remis le trophée à Matte, mais Dequoy voulait quand même s’assurer que le vétéran de 14 saisons ait son moment de gloire.

« Ce n’était même pas une question, ajoute Dequoy. Pour nous, c’était sûr que ça allait être lui. Et ça montre le respect qu’il a dans l’équipe, pour un vétéran, un gars d’ici, un gars qui a donné corps et âme. C’était tellement un beau moment. »

Depuis la conquête, Matte est « au septième ciel ». Il est encore trop tôt pour dire s’il reviendra avec l’équipe l’an prochain. « En ce moment, je ne pense même pas à ça. Deux de suite, ce serait le fun aussi, mais on n’est pas rendu là. »

Chose certaine, gagner avec le groupe en place aura été l’un des grands honneurs de sa carrière : « Il y avait quelque chose dans l’air. L’univers le voulait pour nous. »