(Hamilton) La frénésie autour de la présence des Alouettes de Montréal à la Coupe Grey va maintenant bien au-delà de la métropole. Même les frontières canadiennes ne parviennent pas à la contenir. Elle a gagné même la famille de l’un des meilleurs joueurs de la NFL.

Joe Burrow, le quart-arrière vedette des Bengals de Cincinnati, arrive souvent au stade dans des habits excentriques, offrant tout un contraste avec sa personnalité.

Au lendemain de la qualification des Alouettes pour le match ultime, dimanche dernier, Burrow s’est présenté à son match contre les Texans de Houston vêtu d’un chandail rétro des Alouettes. Dans son dos, son nom de famille et le numéro 16. Celui que son père Jim a porté avec les Moineaux entre 1977 et 1980.

« Je n’en avais aucune idée avant de le voir », précise le paternel au bout du fil. Jim Burrow était en train de partager un dîner avec sa femme Robin, à Washington, lorsqu’il a accepté l’appel de La Presse, jeudi.

Le couple se dirigeait vers Baltimore pour voir jouer fiston le soir même contre les Ravens. Quelques heures seulement avant que le numéro 9 des Bengals doive mettre un terme à sa saison en raison d’une blessure ligamentaire au poignet droit.

Reste que cinq jours auparavant, Burrow avait fait sensation. La vidéo de lui arrivant au stade dans l’uniforme bleu-blanc-rouge avait récolté plus de 627 000 mentions J’aime sur Instagram en date de vendredi.

Jim et sa femme étaient en plein tailgate lorsque des amis se sont rués vers eux en leur montrant les images.

Le père Burrow prend toujours soin d’envoyer un message texte à son fils avant chaque match pour lui souhaiter bonne chance et lui rappeler de s’amuser. Mais étrangement, cette journée-là, Joe n’a jamais répondu. « Mais je suis sûr qu’il l’a lu. C’était assez drôle. Ça m’a rendu fier qu’il mette ça de l’avant un jour de match. »

Encore aujourd’hui, Burrow père ne sait toujours pas comment son fils a fait pour se procurer son chandail. La surprise a donc été totale sur le coup, raconte Jim. « Mon vrai chandail est dans un cadre au sous-sol. J’ai été à l’extérieur de la maison pendant six jours, donc il l’a peut-être pris là. Il faudrait que je regarde à mon retour. Je pense que quelqu’un le lui a envoyé. Je ne sais pas s’il savait que les Alouettes étaient à la Coupe Grey », tient-il à préciser.

Un bon souvenir de Montréal

Jim Burrow a connu du succès dans la LCF comme demi défensif. Après avoir été repêché par les Packers de Green Bay en 1976, il a été libéré par l’équipe et s’est présenté chez les Alouettes la saison suivante. Une histoire semblable à celle de Marc-Antoine Dequoy, étrangement.

Burrow a été embauché par l’entraîneur-chef Marv Levy en 1977. Quelques mois plus tard, l’équipe remportait la Coupe Grey aux mains des Eskimos d’Edmonton lors du fameux « Ice Bowl ».

Juste avant la Coupe Grey en 1977, j’ai été de retour dans l’alignement après une opération à l’épaule, donc j’ai pu être du grand match. Et évidemment, ce sont de bons souvenirs.

Jim Burrow, ancien demi défensif des Alouettes de Montréal

Burrow se souvient surtout de la fierté des amateurs à l’égard de leur équipe. « Les fans étaient formidables. On avait toujours des dizaines de milliers de personnes dans les gradins au Stade olympique. C’était presque incroyable pour nous, les joueurs, et pour la visibilité de l’équipe. La ville aussi est superbe. »

À l’époque, il vivait dans un appartement près du vieux Forum. Il est revenu à Montréal deux ou trois fois après sa carrière dans le cadre de ses fonctions de recruteur, mais ça doit faire au moins 15 ans qu’il n’a pas mis les pieds dans la métropole. « C’est sur ma bucket list de revenir à Montréal, avec ma femme, pour regarder un match l’année prochaine », jure-t-il.

Il qualifie ses quatre saisons à Montréal de « merveilleuses ».

Dans le camp des Alouettes

Burrow n’a pas hésité bien longtemps lorsqu’on lui a demandé sa prédiction en vue du match de la Coupe Grey. « Oh, Montréal va gagner. C’est le temps de ramener le trophée à la maison ! », s’est-il exclamé.

Au moins, il aura la chance de regarder le match puisque son fils ne jouera pas dimanche. « C’est parfait pour nous, parce qu’on n’a pas de voyage prévu. Donc on va pouvoir relaxer devant la télé chez nous à Athens en Ohio. »

Auparavant, Burrow était entraîneur à l’Université de l’Ohio. Mais il a pris sa retraite en 2018 pour suivre Joe à l’Université de Louisiana State. Sa femme, ancienne directrice d’école, a pris sa retraite récemment. « On assiste à tous les matchs de Joe. C’est plus facile pour elle. On n’est pas obligés de rentrer le soir, puisqu’elle ne travaille pas le lendemain. »

Et il est difficile de dire non au train de vie imposé par la NFL. Surtout lorsque sa progéniture est l’un des visages du meilleur circuit au monde.

Même que les Burrow se sont quelque peu habitués au rayonnement de l’enfant prodige de la famille. Après tout, Joe a remporté le championnat national avec les Tigers de LSU en 2019, il a gagné le trophée Heisman remis au meilleur joueur universitaire aux États-Unis, il a été sélectionné au premier rang du repêchage de 2020, il a atteint la finale du Super Bowl en 2022 et son maillot est l’un des plus vendus, au sixième rang, à travers la NFL.

Jim n’est donc pas surpris que la sortie de son fils ait eu autant d’effet.

Depuis quelques années, c’est devenu plus évident que plus de gens portent attention à ce qu’il porte les jours de match. Mais l’impact que ça a eu sur les fans des Alouettes et de la LCF en général est surprenant.

Jim Burrow

La vidéo du joueur des Bengals a même trouvé écho dans le vestiaire des Alouettes. Marc-Antoine Dequoy a confirmé vendredi après l’entraînement que c’était « cool » et que les joueurs se sont envoyé la publication entre eux.

Pour sa part, David Côté doute que Joe Burrow suive assidûment les Alouettes ou les activités de la LCF, mais « ça donne de la belle visibilité à l’équipe, surtout que la vidéo a beaucoup circulé sur les internets… ».

« Big, pousse Dequoy en coupant son coéquipier, tu as 26 ans. Personne ne dit “les internets” à 26 ans… »