Dans le monde du sport, et dans la vie en général, il y a de ces certitudes auxquelles on n’échappe pas : on ne peut courir sans apprendre à marcher en premier, la file d’à côté avance toujours plus vite que la vôtre, et la rôtie du matin tombe toujours du côté du beurre d’arachides.

On ajoute à ça cette vérité : au vrai football, on ne gagne pas sans du jeu de qualité au poste de quart-arrière.

Bien sûr, il arrive à l’occasion qu’un champion se manifeste avec un homme ordinaire à la barre (bonjour, Nick Foles, bonjour, Trent Dilfer, bonjour, Brad Johnson), mais de manière générale, on ne gagne pas en envoyant n’importe qui pour lancer le ballon, comme les Jets de New York le démontrent chaque dimanche depuis 1969.

Ces constats d’une grande lucidité nous mènent aux Texans de Houston et à C. J. Stroud.

Ce jeune homme de 22 ans revient d’une pas pire journée face aux Bucs de Tampa Bay ; un match de 470 verges de gains et 5 touchés. Ça lui donne une fiche de 14 passes de touché contre 1 seule interception depuis le début de la saison.

On dit souvent qu’un seul joueur ne fait pas une équipe, mais on a ici un exemple assez fascinant d’un joueur qui peut, à tout le moins, changer l’avenir immédiat d’un club à lui seul.

Ces Texans, on le rappelle, ont conclu la dernière saison avec une fiche de 3-13-1, à l’avant-dernier rang du classement général de la NFL. Cette médiocrité était en train de se transformer en culture, puisqu’ils n’avaient remporté que 11 matchs à leurs 3 précédentes saisons. Le cœur de Céline peut continuer, mais les défaites des Texans ne pouvaient plus continuer.

Alors il fallait un quart, surtout que cette équipe, depuis sa création en 2002, n’a jamais pu vraiment compter sur un quart d’élite, avec nos excuses à Deshaun Watson. Les Texans se sont donc servis du deuxième choix au dernier repêchage pour mettre la main sur Stroud, qui est déjà candidat au titre de recrue de l’année en attaque.

Alors ça donne ça. On ne va pas juger la carrière de C.J. Stroud après huit matchs, mais au moins, sa seule présence à Houston permet aux fans des Texans de rêver un peu, ce qu’ils n’ont jamais vraiment pu faire en 21 ans.

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Au hockey, souvent, quand ça ne va pas bien, on entend parler de l’importance d’aller regarder un match « en haut ». Au football, il appert que quand ça va moyen, on préfère aller regarder tout ça d’en bas.

En tout cas, c’est ce que Steve Wilks, coordonnateur défensif des 49ers de San Francisco, va faire dimanche à Jacksonville. Après un départ canon, les 49ers viennent de perdre leurs trois derniers matchs, et ils reviennent d’une claque de 31 points accordés aux Bengals.

Il fallait changer des choses, et Wilks, de concert avec l’entraîneur Kyle Shanahan, a décidé qu’il allait descendre de son perchoir pour aller donner ses directives directement sur le terrain.

Est-ce que le succès, dans sa forme la plus pure, s’obtient à partir des hauteurs ou de la terre ferme ? C’est une question complexe, contre laquelle les plus grands philosophes de l’humanité butent depuis toujours. Peut-être que les 49ers pourront percer ce mystère que Descartes ou Kant n’ont jamais pu résoudre.

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Aaron Rodgers est très dur à suivre, d’abord parce qu’il voit des extraterrestres et ensuite parce qu’il lui arrive de consommer de drôles de plantes lors de ses voyages au Pérou, mais bon, le voilà qui affirme à qui veut l’entendre qu’il pourrait revenir au jeu cette saison.

Il n’y a pas de date précise dans ce dossier, mais certains experts ont déjà encerclé la date du 24 décembre, ce qui serait absolument parfait, avec toutes les références bibliques que cela suppose. Est-ce que Rodgers peut transformer l’eau en vin et les Jets en équipe crédible ? Est-ce qu’il peut marcher sur les eaux, y compris l’eau brune du fleuve Hudson ? Est-ce qu’il peut faire la multiplication des pains et, accessoirement, des victoires ? Un bonheur sans fin, qu’on vous dit.

Maintenant, est-ce que cet éventuel retour en vaudrait la peine ? Les Jets ont six matchs à l’horaire avant cette date, et ça inclut un match face aux Bills, et deux contre les Dolphins.

Il ferait peut-être mieux de retourner au Pérou, finalement.

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Peu à peu, verge par verge, on se rapproche des matchs sans lendemain, là où il faut tout laisser sur le terrain, sauf peut-être sa fierté. Aussi, c’est à la fin de la soirée qu’on reconnaît les meilleurs danseurs. Ça, il ne faut jamais l’oublier.

À cet effet, il y aura quelques gros matchs à suivre dimanche : les Texans face aux Bengals, les 49ers contre les Jaguars, sans oublier les Browns, qui feront face au double défi d’affronter les Ravens, mais aussi de devoir aller à Baltimore, ce que personne dans la vie ne veut vraiment avoir à faire.