Ce qu’il peut s’en passer, des choses, en 14 mois ! En avril 2022, Evans Chuba amassait des fonds pour suivre ses rêves de footballeur au sud de la frontière. Un an plus tard, le quart-arrière vient de faire son choix parmi 20 offres de bourses complètes en NCAA division 1.

En avril 2022, La Presse vous avait raconté l’histoire d’Evans Chuba, ce Montréalais de 17 ans qui rêve de la NFL et qui venait d’être recruté par une école secondaire floridienne. Sa mère, Julie Bruyère, lançait un cri du cœur afin d’amasser les 26 000 $ nécessaires pour permettre à son fils de se loger et de se nourrir pendant 24 mois. La mère seule, qui travaille dans un organisme communautaire, était prête à tout pour permettre à son fils de suivre son rêve.

« Et si vous n’arrivez pas à amasser 26 000 $ ?

– Je vais me trouver un autre job », nous avait-elle dit.

Primeur : Julie Bruyère et son fils ont amassé les fonds nécessaires. Encore mieux : un donateur les a contactés afin de subventionner Evans en totalité.

À l’écran, Evans sourit. Un sourire qui transpire la reconnaissance et un bonheur sincère.

Je suis allé déjeuner avec lui ce matin. On se voit chaque fois que je viens à Montréal. […] Chaque fois que je le vois, je le remercie. Je m’assure qu’il sache que je suis reconnaissant.

Evans Chuba

Evans a vécu toutes sortes de choses depuis notre première rencontre, il y a 14 mois. Il a notamment passé une première année au sein de l’Académie Clearwater International, en Floride. Sur le terrain, il a travaillé très fort. Et il s’est amélioré. Au point où 20 universités américaines l’ont courtisé et lui ont offert une bourse d’études complète.

Le 27 juin, il a pris sa décision : en 2024, il se joindra aux Cougars de l’Université de l’État de Washington, en NCAA division 1. Dans une vidéo filmée par sa mère, on peut voir le Québécois annoncer la nouvelle à ses futurs entraîneurs, qui se mettent à crier et à applaudir. Difficile de rester de glace devant une telle réaction.

« C’est le scénario le plus idéal que je pouvais espérer. Il y a 20 jours, [les entraîneurs des Cougars] ne me connaissaient même pas tant que ça. Là, ils m’offrent tout ça. Ils croient beaucoup en moi, en mon potentiel. »

« Je suis le seul quart-arrière qu’ils ont amené pour une visite officielle et à qui ils ont donné une offre. Ça en dit beaucoup. Je suis très reconnaissant pour l’opportunité. J’ai hâte de voir ce que l’avenir réserve à moi et aux Cougars. »

Le confort dans l’inconfort

Evans avait 17 ans au moment de quitter la demeure familiale pour déménager en Floride, l’année dernière. Au cours de cette première année, le quart-arrière a travaillé physiquement et mentalement.

« La grande majorité des journées, je retournais à la maison et j’étais un peu déçu parce que je devais m’améliorer », raconte le sympathique jeune homme.

Mais c’est la meilleure partie ; si on veut atteindre le succès et l’excellence, il faut traverser ces moments-là. Ce sont les gens qui sont prêts à traverser ces moments-là qui vont réussir.

Evans Chuba

« La grande chose, c’est d’apprendre à être à l’aise dans l’inconfort. Et de se mettre dans des situations où on est capable de s’ajuster. »

PHOTO FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ DE L’ÉTAT DE WASHINGTON

Evans Chuba

À ce jour, Evans juge qu’il comprend le jeu « 10 fois mieux » qu’à pareille date l’année dernière. Il est maintenant en mesure de « faire une balance » entre ses émotions sur le terrain et celles en dehors du terrain, nous explique-t-il.

« [En tant que quart-arrière], je suis littéralement le guidon de l’équipe. Si je vire d’un côté, tout le monde va virer avec moi. Si moi, je suis négatif, ça s’applique à tout le monde. J’ai réalisé que si j’ai un bon entraînement, on a un bon entraînement. Si j’ai une bonne game, on a une bonne game. »

« Il y a assurément eu de l’adversité, mais ça a marché », résume-t-il.

Reconnaissant

Ça a marché, et pas qu’un peu. En janvier dernier, quelques entraîneurs universitaires sont venus de différentes villes comme New York et Boston afin de voir Evans lancer. C’était son premier test et il a « très bien fait », dixit le principal intéressé. Quelques jours plus tard, il recevait sa toute première offre de bourse d’études en provenance de l’Université du Massachusetts.

« Encore aujourd’hui, j’ai beaucoup d’amour pour eux en tant que personnes, souligne Evans. Même s’ils savaient que j’allais recevoir plus d’offres et tout, ils m’ont toujours soutenu et donné de bons conseils. »

« J’étais content ! s’exclame-t-il. C’est drôle parce que j’ai préparé ça toute ma vie. […] Je me suis dit : en deux jours, ma vie va peut-être changer. »

Puis, ont suivi les entraînements de printemps. À chacune de ses séances, de deux à cinq entraîneurs universitaires étaient présents pour observer le Montréalais.

En juin, Evans a ciblé trois universités (Arkansas State, East Carolina et Washington State), qu’il a ensuite visitées pendant trois jours chacune. Washington State était son dernier arrêt ; à la veille de son retour à la maison, il a pris sa décision. « Je crois que c’est le meilleur endroit pour moi », affirme-t-il.

PHOTO FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ DE L’ÉTAT DE WASHINGTON

Evans Chuba

Evans, qui doit encore disputer une saison avec l’Académie Clearwater avant de faire le saut en NCAA, passera donc du sud-est au nord-ouest des États-Unis en 2024. De toute évidence, cette bourse d’études complète représente un pas de plus vers son rêve, mais il garde la même recette : regarder « le processus ».

Si tu penses juste au résultat, tu t’aveugles de ce que tu dois vraiment faire, des étapes que tu dois prendre pour y arriver. Je prends l’étape qui se trouve devant moi et je m’assure de la faire de mon mieux.

Evans Chuba

Selon le site spécialisé 247Sports, Chuba se classe actuellement au 69e rang des quarts-arrières de son âge aux États-Unis. Il y a une semaine et demie, il était 110e.

« Moi, je sais que je suis dans le top 10. Ils vont juste le voir cette année », lance-t-il dans un sourire.

Avant de mettre fin à notre entretien, le footballeur de 18 ans avait un message pour tous ceux qui l’ont soutenu financièrement, l’année dernière, lors de sa collecte de fonds.

« Je suis tellement reconnaissant pour ce qu’ils ont fait pour nous. Ça me met dans une situation où je peux vraiment performer à mon mieux. Ils ne vont jamais savoir à quel point ça a aidé ma mère. Ça soulage ma mère beaucoup, ça me soulage aussi. Je suis très reconnaissant. »

« Eux, ils ont confiance en moi, continue-t-il. Je fais ça pour eux aussi. Ça me touche. »