C’était le Jour J pour les Alouettes de Montréal, samedi soir. Ici, l’analyse militaire est de mise, car les Moineaux sont en mission cette saison. La quête vers la Coupe Grey est assumée par tout le monde dans le vestiaire. Le premier match de la saison contre le Rouge et Noir d’Ottawa a démarré en trombe, mais s’est terminé en guerre de tranchées. À l’arraché, les locaux ont triomphé 19 à 12.

Difficile de déterminer si les Alouettes ont été engaillardies et motivées par le groupe 2Frères ou France d’Amour lors du spectacle d’avant-match, mais les Montréalais étaient bien vivants. Ils ont réussi à faire rêver les gens tout autour que cette saison allait bel et bien être celle de la rédemption. Du moins, pendant un court instant en début de rencontre.

Après des mois de renouveau, de tergiversation, de doutes et d’espoir, l’organisation avait l’opportunité de montrer son nouveau visage, à domicile.

Parmi les nouvelles figures, le quart-arrière Cody Fajardo est sans doute celui dont la fébrilité était la plus palpable pendant le camp d’entraînement. En s’amenant à Montréal, il voulait prouver sa valeur, après des années tumultueuses en Saskatchewan.

À court terme, son but était d’abord de livrer une bonne première impression. Dès la première séquence du match, cette case sur sa liste de souhaits était biffée.

À sa première passe tentée dans l’uniforme tricolore, Fajardo a rejoint Austin Mack à la porte des buts pour un jeu de 61 verges. Le quart a lui-même enfilé l’aiguille grâce à une course d’une verge.

Quatre jeux, un touché et une avance de sept. « C’est allé comme prévu, a souligné Fajardo, tout sourire avec sa casquette bleu marine sur la tête, encore en sueur. On voulait placer un ballon profondément tôt dans la rencontre. »

Cette chimie, perceptible pendant le camp d’entraînement entre le quart et Mack, a été un soulagement pour l’offensive montréalaise. Avec Greg Ellingson blessé pour au moins six matchs, on se demandait qui allait devenir la cible de référence de Fajardo. La réponse ne s’est pas fait attendre. « J’ai l’impression qu’il captait tout ce que je lui envoyais », a poursuivi le quart.

Le pivot a trouvé Mack deux autres fois pour de longs gains de 34 et 21 verges au deuxième et au troisième quart. « C’était absolument incroyable, a lancé le joueur de 25 ans. […] Quand le ballon vient en ma direction, je dois m’assurer de l’attraper, c’est tout. Je dois faire mon travail. »

Il a complété le match avec 120 verges par la passe. « C’est tout un début, a acquiescé l’entraîneur-chef Jason Maas. Ce que vous avez vu aujourd’hui, nous on l’a vu pendant tout le camp. »

La défensive anime le spectacle

L’offensive des Alouettes a été plus moribonde après le premier quart, n’inscrivant plus aucun touché. Au moins, la jambe du botteur David Côté a été efficace.

Le spectacle a plutôt été assuré par l’unité défensive. Comme si Mouffe et Denoncourt y avaient mis du leur.

Les hommes de Noel Thorpe, le coordonnateur défensif, n’ont accordé aucun touché au cours de la rencontre. La pression exercée par les joueurs était constante et les Alouettes ont étouffé presque chacune des menaces adverses.

À vrai dire, à l’instar de l’offensive, la défense a entamé le match sur les chapeaux de roue. Ciante Evans a intercepté la première passe du match de Nick Arbuckle, le quart du Rouge et Noir.

Evans s’est distingué avec une autre interception au deuxième quart. Il a vraiment été la bougie d’allumage de son équipe. « C’est une réussite collective », a toutefois voulu relativiser celui qui a également rabattu une passe dans la zone des buts sur le dernier jeu du troisième quart.

Les Als ont réussi une troisième interception en fin de rencontre, gracieuseté de Najee Murray. « Nous sommes unis. C’est notre avantage, a ajouté Evans. Nous sommes ici parce que nous avons une mission. »

Des ajustements à faire

Le plus surprenant dans ce match a été le rendement de la ligne offensive. Pourtant, tous les joueurs de l’unité évoluaient avec les Alouettes la saison dernière, à l’exception de Justin Lawrence, un autre vétéran qui s’est joint à l’équipe.

Si bien que dans cet entre-saison parsemé de questionnements, la seule valeur sûre semblait être la ligne offensive. Toutefois, elle a failli à la tâche, rendant le travail de son quart-arrière peu agréable.

« Il faut donner le crédit à Ottawa, ils ont une très bonne ligne défensive, mais nous, il faut qu’on soit meilleurs », a précisé le garde Pier-Olivier Lestage.

Le mur offensif a alloué quatre sacs du quart en première demie. Mais encore, plus le match avançait, plus Fajardo était pressé. Et il le laissait paraître dans sa posture et sa prise de décision, nécessairement affectée par son temps réduit pour lancer le ballon et trouver des solutions. Fajardo a finalement encaissé six sacs. « Ce n’est pas ça l’important. Il faut juste gagner des matchs », a déclaré le quart.

Ce talon d’Achille a affecté le rendement de l’équipe plus le match progressait. Si l’entame de match a été explosive et payante, difficile d’en dire autant pour les quarts qui ont suivi, avec une production presque à sèche.

« Ça a été une victoire difficile, mais c’est une victoire », a lâché Lestage. Et pour les Alouettes, c’est tout ce qui compte.