Le Vert & Or de l’Université de Sherbrooke a disposé samedi des Stingers de Concordia, 38-14, dans ce qui était un peu plus qu’un match de football.

Les deux équipes disputaient en effet le 34e Shrine Bowl, un match organisé par les Stingers au profit de l’hôpital Shriners de Montréal qui a permis d’amasser plus de 1 million depuis 1987. Une section des gradins était réservée à une douzaine de patients de l’hôpital et à leurs proches. Au premier rang, les deux ambassadeurs du match, Emma Ryan Cornet et Arthur Herrera-Charbonnier.

Malgré une sévère scoliose congénitale, Emma, 8 ans, déborde d’énergie et elle aurait bien aimé rejoindre les cheerleaders des Stingers à la mi-temps. « Nous l’avons toujours poussée à prendre sa place et elle a son caractère, a raconté sa mère, Cari. L’hôpital Shriners est comme notre deuxième maison, et c’est important pour nous de l’aider de toutes les façons. » Emma et sa famille ont d’ailleurs amassé plus de 15 000 $ au profit de l’établissement.

Victime d’un accident vasculaire cérébral périnatal ayant engendré une légère paralysie du côté droit, Arthur joue quand même au baseball et brille par sa personnalité. « Il est toujours souriant, a expliqué sa mère, Sylvie Charbonnier. Les traitements que ces jeunes subissent sont souvent exigeants, souffrants parfois, mais Arthur s’y prête sans jamais se plaindre. »

PHOTO KYRAN THICKE, FOURNIE PAR CONCORDIA ATHLETICS 

Arthur Herrera-Charbonnier et Emma Ryan Cornet, les deux ambassadeurs du 34e Shrine Bowl

Très attachés à « leur » hôpital, les deux ambassadeurs ont été invités à remettre les trophées aux vainqueurs et aux joueurs par excellence après le match sous les yeux satisfaits de leurs parents.

L’entraîneur-chef des Stingers, Brad Collinson, a d’ailleurs tenu à remettre les choses en perspective. « Grâce au Shrine Bowl, on a pu rencontrer des jeunes extraordinaires, des jeunes qui réalisent plein de choses, toujours avec le sourire, malgré les épreuves.

« On n’a perdu qu’un match de football aujourd’hui. Et même si on aurait aimé leur offrir une meilleure performance, ces jeunes nous aident à oublier notre mauvaise journée sur le terrain. »

La force du groupe

Mais revenons au match. Toujours privé de deux quarts-arrière et de plusieurs partants, le Vert & Or a continué de surprendre, profitant du jeu erratique des Stingers pour vite prendre l’avantage et ne jamais être vraiment inquiété par la suite.

Lucas Dalin, la vedette offensive du match, a réussi le premier touché des visiteurs après moins de trois minutes de jeu. Après deux touchés de sûreté, un simple et un touché de William Marchand sur une passe de cinq verges de Charles Picard, Sherbrooke menait déjà 19-0.

Les Stingers ont finalement réussi à s’inscrire au pointage en fin de demie, après une interception, quand Olivier Roy a rejoint Jaylan Greaves pour une passe de touché de six verges. Dalin a toutefois réussi une course de 83 verges sur la série suivante et Gianni Casati a inscrit le touché qui replaçait le Vert & Or en avance, 25-7.

Les hôtes ont profité des dernières secondes de la demie pour effectuer une autre poussée, conclue par une passe de six verges de Roy à Jeremy Murphy, mais cela s’est avéré leur dernière séquence positive.

« On a commis erreur après erreur après erreur, a constaté Brad Colinson. Quand ça allait bien offensivement, on faisait une erreur en défense, et quand la défense faisait un bon jeu, c’est l’attaque qui faisait défaut. »

On s’est creusé un trou et c’est illusoire de penser qu’on peut toujours s’en sortir avec des retours, ça ne marche pas comme ça !

Brad Colinson, entraîneur-chef des Stingers

En deuxième demie, les Stingers n’ont jamais été en mesure de se mettre en marche et le Vert & Or en a profité pour creuser l’écart grâce à deux placements de Louis Tardif et un autre touché de Casati, cette fois sur une course d’une verge.

Dalin, qui a terminé le match avec 154 verges de gains au sol, a raconté : « Ça m’a touché de voir PO [Pier-Olivier Cadoret] tomber comme ça au début [il a subi une blessure à une épaule sur le deuxième jeu du match]. Je pensais alterner avec lui, mais on a réussi en groupe à faire ce qu’il fallait pour réussir les jeux, et surtout les gros jeux, aux bons moments. Sur ma longue course, j’ai senti qu’il y avait de la place, j’ai repoussé un plaqué et j’ai vu le terrain s’ouvrir. Après ça, c’était juste un sprint ! »

Avec maintenant une fiche de trois victoires et deux défaites, le Vert & Or est en bonne position pour la suite de la saison. « À Sherbrooke, on met de l’avant la force du groupe, en préparant 100 jeunes qui se lèvent chaque matin pour travailler, qui sont organisés, disciplinés, a insisté l’entraîneur-chef Mathieu Lecompte. Nous n’habillons que 48 joueurs chaque semaine, mais tous savent qu’ils ont un rôle à jouer. C’est la culture qu’on développe et ce n’est encore que le début. Encore aujourd’hui, on a vu des joueurs prendre la relève avec brio et je suis très fier du groupe. »

Lecompte a aussi parlé du Shrine Bowl : « J’ai eu la chance dans mon enfance de connaître mon grand-oncle Gilles Lecompte, aujourd’hui décédé, qui a été le numéro un des Shriners au Canada, le premier francophone à l’être. Je connais la valeur de cette organisation et je suis toujours heureux et fier de pouvoir m’y associer. »