Si les Alouettes ont été incapables de vaincre les Blue Bombers la semaine dernière, on voit mal comment ils pourraient y parvenir ce jeudi soir. L’équipe de Mike O’Shea jouera cette fois devant ses partisans à l’Investors Group Field et, surtout, devrait normalement être plus reposée et mieux préparée qu’à Montréal.

Winnipeg disputait sa deuxième partie à l’extérieur en cinq jours jeudi dernier, ce qui est bien sûr loin d’être l’idéal pour élaborer et bien exécuter un plan de match. Après trois quarts chaudement disputés, la crème a remonté et les Blue Bombers ont montré pourquoi ils étaient les doubles champions en titre, multipliant les jeux clés dans les 15 dernières minutes de leur victoire de 35-20 au stade Percival-Molson.

Ce jeudi soir, les Bombers chercheront à gagner leur 10e match de suite depuis le début de la saison. Ils égaleraient ainsi un record d’équipe (1960) et s’approcheraient à deux victoires de la plus longue séquence victorieuse en début de saison – les Stampeders de Calgary avaient gagné leurs 12 premiers matchs en 1948.

Dans quelques mois, la formation manitobaine tentera toutefois d’accomplir un exploit beaucoup plus important. Elle voudra devenir la première à remporter la Coupe Grey trois fois de suite depuis les puissants Eskimos d’Edmonton de la fin des années 1970 et du début des années 1980. Menés par le grand Warren Moon, ils avaient gagné cinq titres consécutifs (de 1978 à 1982) !

Mais la compétition sera plus vive qu’on le prévoyait dans l’Ouest. Deux autres équipes n’ont toujours pas connu la défaite lorsqu’elles n’affrontaient pas les Blue Bombers depuis le début de la saison. On se doutait bien que les Stampeders joueraient mieux après une saison ordinaire de 8-6 en 2021, mais que dire des Lions de la Colombie-Britannique ?

Ou plutôt, que dire de Nathan Rourke ?

À sa première saison comme partant, le quart canadien est hallucinant ! Il a réussi un ahurissant total de 81,3 % de ses passes (187 en 230) et menace le record de la LCF, qui appartient à Ricky Ray (77,2 % en 2013).

Rourke mène également la ligue avec 2418 verges et en a obtenu au moins 250 à chacun de ses sept départs, a déjà 21 passes de touché contre 6 interceptions, et a accumulé 233 verges et 5 touchés au sol. De la part d’un quart si peu expérimenté, on ne risque pas de se tromper en disant que c’est du jamais vu dans l’histoire de la LCF.

Rourke, qui a fini son secondaire dans une école de l’Alabama et qui a ensuite joué son football universitaire avec les Bobcats de l’Ohio dans la NCAA, vient d’offrir une performance éblouissante contre les Elks d’Edmonton. Le natif de Victoria a réussi 34 de ses 37 passes pour 477 verges et 5 passes de touché dans la victoire de 46-14 des Lions, samedi soir. Qui plus est, le quart-arrière de 24 ans a lancé toutes ses passes de touché en première demie et aurait terminé le match avec beaucoup plus de verges si les Lions n’avaient pas joui d’une avance aussi confortable.

Grâce au brio de Rourke, les Lions (6-1) peuvent espérer chauffer les Blue Bombers au sommet du classement de l’Ouest, même s’ils ont actuellement 6 points de retard, puisqu’ils ont deux matchs en main et se mesureront aux Bombers à deux autres occasions en octobre. Ces derniers ont facilement vaincu les Lions, 43-22, au BC Place le 9 juillet.

Les Alouettes ont-ils une chance ?

Les Lions peuvent peut-être arrêter les Blue Bombers, mais qu’en est-il de nos Alouettes ? Peuvent-ils vraiment mettre un terme à la série victorieuse de Winnipeg ou se dirigent-ils plutôt vers l’abattoir ?

Malheureusement, la deuxième option semble plus probable.

O’Shea prépare toujours bien son équipe et on doute que Zach Collaros soit aussi généreux que la semaine dernière (3 interceptions). Willie Jefferson, Adam Bighill et le reste de la défense des Bombers risquent fort de profiter d’une attaque chancelante pour contrôler le match.

La défense et les unités spéciales des Als ont fourni leur part d’efforts, jeudi dernier, mais l’attaque devra nettement mieux jouer. Notamment la ligne, qui s’est fait malmener à chacun de ses deux derniers matchs.

La ligne devra jouer avec plus d’intensité, idem pour les receveurs qui ne s’appellent pas Eugene Lewis. Lorsque j’ai demandé à Danny Maciocia s’il s’attendait à plus de la part de Jake Wieneke et de Reggie White fils cette semaine, il a répondu par un « oui » catégorique.

Lewis fait déjà tout ce qu’il peut et certains joueurs devront contribuer davantage. Considérés comme les deuxième et troisième receveurs du club, Wieneke et White fils font certainement partie de ce groupe. Ils devront absolument jouer avec plus de combativité afin de donner un coup de pouce au quart Trevor Harris.