(Trois-Rivières) Même si les joueurs de la Ligue canadienne de football (LCF) ont officiellement rejeté, lundi, l’entente de principe qui était intervenue entre la LCF et le comité de négociation de l’Association des joueurs, mercredi dernier, les deux côtés ne seraient pas si loin de conclure une entente d’une durée de sept ans.

« Je pense qu’on est près d’une entente et qu’elle pourrait se conclure à tout moment », a indiqué Chris Ackie, l’un des deux représentants des Alouettes au sein de l’Association des joueurs. L’autre est l’Américain Almondo Sewell, qui a décliné les demandes d’entrevue des journalistes, mardi, comme il l’avait fait jeudi dernier.

Il a beaucoup été question du fameux ratio de joueurs canadiens au cours des négociations entre la Ligue et l’Association des joueurs. Selon l’entente de principe qui a été refusée par les joueurs, trois des sept partants canadiens obligatoires auraient dorénavant pu être remplacés pour 49 % des jeux lors des matchs. Ce qui aurait été un vrai cauchemar pour les entraîneurs sur le plan logistique…

« Pas de commentaire à ce sujet », a d’ailleurs répondu Khari Jones en souriant après l’entraînement des siens, mardi, au stade des Diablos à Trois-Rivières.

Seuls des joueurs américains avec un minimum d’expérience dans la LCF auraient toutefois pu remplacer les partants canadiens, devons-nous préciser. Bref, une règle qui est déjà passablement compliquée, le ratio de joueurs canadiens, le serait encore plus.

Pour moi, c’est effectivement le ratio qui était la chose la plus importante lorsque j’ai voté, car c’est mon emploi. Je trouvais ça difficile à accepter.

Marc-Antoine Dequoy

Pas facile pour un syndicat de plaire à tous ses membres lorsque le gain des uns se traduit directement en revers pour les autres… L’Association des joueurs doit préserver les conditions de travail des Canadiens, tout en tentant d’améliorer celles des Américains.

« Comme n’importe quel syndicat, on cherche une entente qui est bonne pour tout le monde. Je pense qu’on est près d’une entente et c’est le message que l’on reçoit. Et c’est pour cette raison que l’on continue de pratiquer, parce qu’on est positifs que ça va se régler », a commenté Kristian Matte.

« Une majorité de joueurs a refusé l’entente, mais on continue de pratiquer parce qu’on veut jouer au football. Les discussions se poursuivent et on veut que ça se règle le plus vite possible. »

Écrasante majorité

Selon Matte, environ 95 % des joueurs des Alouettes auraient refusé l’entente de principe.

« C’était presque 100 % du vote, alors la solidarité est forte dans notre équipe. Il n’y a aucune pression qui est exercée, tous les joueurs peuvent voter comme ils le souhaitent. »

Il y a des joueurs qui sont contents et d’autres qui ne le sont pas, c’est toujours comme ça. On ne peut pas plaire à tout le monde.

Kristian Matte

« Dans la Ligue canadienne, le ratio a toujours été important, et c’est unique à la ligue. Et honnêtement, je pense que c’est un point qui a peut-être été soulevé juste pour créer des doutes et de la frustration. C’était peut-être une tactique [de négociation], mais ce n’est que mon opinion. Mais dans le vestiaire, on est tous sur la même longueur d’onde. Je parle avec des joueurs américains et canadiens, des vétérans et des recrues, et tout le monde est d’accord. »

Si Matte parlait d’un vote approximatif de 95 % en défaveur de l’entente de principe chez les Alouettes, Dequoy estimait que c’était plus près de 85 %. D’une façon ou de l’autre, le résultat a été sans équivoque.

« Dans l’équipe, il n’y a aucune division entre les joueurs canadiens et les joueurs américains. Il y a 85 % des joueurs qui ont voté contre l’entente. S’il y avait vraiment eu un clivage entre les Canadiens et les Américains, le vote aurait été plus près de 55-45 que de 85-15 », a noté Dequoy.

L’argent avant le ratio ?

Selon Ackie, le cœur du litige ne serait pas tant le ratio de joueurs canadiens, mais plutôt l’argent que recevront les joueurs. « Beaucoup de joueurs veulent de l’argent maintenant », a candidement avoué le secondeur ontarien.

« Le plus d’argent qu’on pourra obtenir, le mieux ce sera. Un grand nombre de vétérans ont rendu de fiers services à la ligue, et depuis plusieurs années. Je pense donc que ce serait agréable qu’ils puissent toucher un petit boni », a estimé Ackie.

En ce sens, Dave Naylor, du réseau TSN, a rapporté mardi que la LCF proposerait de verser une somme totale de 1 million de dollars aux joueurs sous forme de boni s’ils acceptaient de signer une nouvelle entente.

La nouvelle proposition de la Ligue serait sur la table jusqu’à jeudi soir. Si les joueurs la rejettent, la LCF pourrait choisir de mettre fin aux camps d’entraînement, selon Naylor. Actuellement, les neuf équipes du circuit ont accepté de loger et de nourrir leurs joueurs même si la convention collective est échue depuis le 15 mai.