C’était le dîner annuel entre les entraîneurs des Alouettes et les journalistes, jeudi au Stade olympique. Un rendez-vous qui n’avait pas eu lieu depuis quelques années en raison de la pandémie.

Les micros sont fermés lors de cette rencontre alors que c’est le moment d’échanger sur autre chose que le football. Par exemple, Luc Brodeur-Jourdain a raconté comment il avait transformé un local poussiéreux du Stade olympique qui ne servait plus à rien en chambre pour ses joueurs de ligne offensive et lui.

« Il y avait du stock là-dedans ! Des meubles dont on ne se servait plus depuis longtemps, du vieil équipement. J’ai tout vidé, j’ai nettoyé la pièce et j’ai même réparé un vieux bain-tourbillon qui n’avait peut-être pas servi depuis l’époque des Expos. »

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Luc Brodeur-Jourdain et Byron Archambault

Le groupe d’entraîneurs des Oiseaux a consacré une bonne partie de la journée de jeudi à paqueter les choses qui seront transportées à Trois-Rivières, où s’amorcera le camp d’entraînement du club, dimanche matin. La plupart des membres de l’organisation, dont les joueurs, se rendront sur le campus de l’Université du Québec à Trois-Rivières, où ils logeront, samedi.

Depuis le 1er mai, les entraîneurs des Alouettes ont multiplié les réunions et ont fait du travail de préparation en vue du camp et de la prochaine saison, qui s’amorcera le 9 juin avec un affrontement avec les Stampeders à Calgary.

Ça fait plusieurs jours qu’on ne sort presque pas. C’est ce qui est difficile avec le fait de travailler dans le Stade olympique : on n’a pas de fenêtres dans nos bureaux. Ça va faire du bien de sortir un peu.

André Bolduc, responsable des demis offensifs et adjoint de Khari Jones

Alors que la LCF et l’Association des joueurs continuent de négocier afin de renouveler un contrat de travail qui viendra à échéance à minuit, samedi soir, les entraîneurs des Als ne semblaient pas particulièrement nerveux que le camp d’entraînement ne se déroule pas comme prévu. La LCF peut-elle vraiment se permettre un conflit de travail après la saison perdue de 2020 et la saison écourtée de 2021 ?

« Je suis d’accord, mais si c’est vrai que la LCF propose un gel salarial de 10 ans, les joueurs n’auront peut-être pas le choix de faire la grève », répond l’un des entraîneurs des Alouettes.

Nouvelles règles : avis partagés

Pour la première fois depuis que Barron Miles est devenu le coordonnateur défensif du club, l’auteur de ces lignes l’a rencontré en chair et en os. On a notamment jasé de son séjour chez les Steelers de Pittsburgh, de ses années au Nebraska avec les Cornhuskers dans la NCAA et de son arrivée à Montréal et chez les Alouettes. Il a passé huit saisons avec l’organisation comme demi défensif à la fin des années 1990 et au début des années 2000.

Puis, la conversation a bifurqué vers les nouvelles règles de la LCF. De l’avis des entraîneurs des Alouettes, c’est le changement quant aux traits hachurés, qui seront plus près du centre du terrain, qui aura le plus grand effet. Mais contrairement à ses collègues de l’attaque, Miles ne croit pas que cela changera grandement les choses d’un point de vue stratégique.

« Pas en début de saison, du moins. Au bout du compte, ça restera du football. Il y aura de nouveaux jeux, mais toutes les équipes s’ajusteront. »

N’empêche que c’est à l’entraîneur des receveurs, Michael Lionello, qu’est revenue la tâche de mettre à jour les dessins de tous les jeux offensifs de l’équipe. Il a dû travailler d’arrache-pied pour y arriver, on le devine. La LCF a officiellement adopté ses nouveaux règlements qu’il y a quelques semaines, ce qui n’a évidemment pas aidé…

Les lignes au stade des Diablos du cégep de Trois-Rivières, où s’entraînera l’équipe au cours des prochaines semaines, doivent normalement être repeintes avec le nouvel emplacement des traits hachurés.

Khari Jones a visité le terrain des Diablos la semaine dernière et a aimé ce qu’il y a vu.

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Khari Jones, entraîneur-chef des Alouettes

La surface de jeu est en très bon état, et c’est un bon endroit pour tenir un camp.

Khari Jones, entraîneur-chef des Alouettes

Surtout lorsque l’autre option est Montréal et sa vie nocturne.

L’entraîneur des Diablos, François Dussault, a également fait une très bonne impression sur Jones. Fils de Jacques Dussault, le parrain du football québécois s’il en est un, il sera en quelque sorte l’hôte des Alouettes à Trois-Rivières.

« Il a grandi dans le football, et ça paraît. Je l’ai vu diriger un entraînement de son équipe la semaine dernière, et on voit rapidement qu’il connaît très bien le football. Après avoir parlé avec François durant quelques minutes, j’ai tout de suite su qu’on serait entre très bonnes mains à Trois-Rivières. Je me suis rapidement senti en confiance. »

Conversation en deux langues

Brin de jasette avec Anthony Calvillo, aussi. Le plus grand joueur de l’histoire de la concession était radieux jeudi, à des années-lumière de l’entraîneur désabusé et frustré qui avait quitté l’équipe après la désastreuse saison de 2017. Celle où Kavis Reed avait perdu ses neuf matchs après avoir remplacé Jacques Chapdelaine comme entraîneur-chef au milieu du calendrier. Par une moyenne de 26 points !

Calvillo est par ailleurs de plus en plus à l’aise en français. Notre conversation de jeudi s’est faite dans les deux langues. L’entraîneur des quarts-arrières parle souvent en français avec sa famille à la maison et regarde des émissions en français à la télévision.

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Anthony Calvillo et l’analyste Pierre Vercheval

Lorsque j’ai demandé à Calvillo si l’attaque actuelle des Alouettes pouvait être la plus performante du club depuis qu’il a pris sa retraite, il y a bientôt 10 ans, une étincelle est apparue dans son regard.

Cette attaque a énormément de talent. J’ai très hâte de voir ce que nous pourrons accomplir cette saison.

Anthony Calvillo, entraîneur des quarts-arrières

Il n’y a pas que l’attaque qui semble être à son plus fort des 10 dernières années. Le groupe d’entraîneurs semble particulièrement solide, lui aussi. Mais lorsqu’on en a fait la remarque à Barron Miles, le coordonnateur défensif a rappelé que les partisans de l’équipe ne devraient pas s’emballer trop vite.

« Oui, notre équipe “semble” forte sur papier et, oui, notre groupe d’entraîneurs “semble” fort, lui aussi. Mais “sembler” et “être” sont deux choses bien distinctes. Si on ne gagne pas, tout ça ne voudra rien dire. »

Effectivement. Le long marathon de six mois qu’amorceront les Alouettes dans les prochains jours ne pourra être considéré comme un succès que s’il ne se termine pas au match de la Coupe Grey, le 20 novembre, à Regina. Et, ça, tout le monde dans l’organisation le comprend.