À l’époque, parmi les gens les plus connus associés à la United States Football League (USFL), il y avait notamment Herschel Walker, Steve Young, Jim Kelly, Reggie White… et Donald Trump. La deuxième mouture de la USFL, qui renaîtra officiellement de ses cendres le samedi 16 avril, sera loin d’avoir un tel « star power ». Très loin.

Si vous connaissez Jordan Ta’amu, Scooby Wright et Kyle Lauletta, vous êtes un sérieux connaisseur du ballon ovale. Or, ces trois joueurs font partie des plus connus de la nouvelle USFL. Il y a aussi Eli Rogers, un receveur qui a connu quelques saisons potables avec les Steelers de Pittsburgh avant d’être rapidement retranché de son premier camp avec les Alouettes, l’été dernier.

C’est un autre ancien membre des Alouettes qui a été le tout premier choix du repêchage de la USFL, en février dernier. Il s’agit du quart-arrière Shea Patterson, qui a été sélectionné par les Panthers du Michigan. Le premier tour de l’encan était réservé aux quarts.

Patterson a joué pour les Wolverines de l’Université du Michigan en 2018 et en 2019, ce qui explique sa sélection par les Panthers. À Montréal, il n’était toutefois que le troisième quart du club, au mieux, alors Danny Maciocia lui a fait une fleur en le libérant de ses obligations contractuelles.

Chacune des huit équipes de la USFL a choisi 35 joueurs en février, puis une dizaine d’autres le 10 mars. Les formations seront composées de 38 joueurs réguliers et de 7 joueurs dans l’équipe d’entraînement. Les 360 joueurs repêchés devraient normalement tous passer le printemps à Birmingham, en Alabama, puisque toutes les parties de la première saison seront disputées dans cette ville.

Le premier match opposera les Stallions, l’équipe locale, aux Generals du New Jersey, le 16 avril à 19 h 30. La rencontre sera simultanément diffusée sur les ondes de Fox et de NBC, deux des quatre principaux réseaux de télévision américains, ce qui démontre le sérieux de l’aventure.

La pandémie a sûrement été un facteur important dans la décision de jouer toute la saison dans la même ville. Mais elle permettra également au circuit naissant de réaliser des économies. Birmingham aura sa propre équipe, les Stallions, qui feront partie de la division Sud avec les Gamblers de Houston, les Breakers de La Nouvelle-Orléans et les Bandits de Tampa Bay.

Les quatre clubs de la division Nord seront les Panthers du Michigan, les Generals du New Jersey, les Stars de Philadelphie et les Maulers de Pittsburgh. Chacune des huit équipes existait dans la USFL originale de 1983 à 1985.

Éliminatoires à Canton

Chaque équipe affrontera ses trois rivaux de division à deux reprises et les quatre formations de l’autre division une fois, pour un total de 10 matchs en saison. Il y aura ensuite les finales de division, qui seront disputées le 25 juin et qui opposeront les deux meilleures équipes de chaque division, puis le match de championnat sera présenté le 3 juillet.

Comme mentionné précédemment, les 40 matchs de saison seront joués à Birmingham, mais les trois rencontres éliminatoires seront disputées à Canton, en Ohio, au Tom Benson Stadium, qui est situé dans le village du Temple de la renommée. C’est une autre preuve qu’il n’y a actuellement aucune tension entre la NFL et la USFL, contrairement au climat qui régnait dans les années 1980.

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Le 8 mars 1984, Donald Trump et Herschel Walker s’entendent sur un contrat de quatre saisons. Le joueur vedette se joint aux Generals du New Jersey, club de la USFL.

Fortement encouragée à le faire par nul autre que Donald Trump, qui était alors propriétaire des Generals, la USFL avait poursuivi la NFL pour monopole. La Cour avait donné raison à la nouvelle ligue, mais la NFL n’avait eu qu’à lui verser 1 $ en dédommagement… La USFL, qui se fiait à une somme substantielle pour assurer sa survie, a fermé ses portes peu de temps après.

La manne du pari sportif

On dit que la NFL ne s’oppose pas du tout à la nouvelle ligue du printemps et qu’elle aurait même offert son aide à Fox, qui est le propriétaire de la USFL en plus d’être son principal télédiffuseur. NBC et USA Network diffuseront également des matchs.

C’est d’ailleurs en très grande partie sur les cotes d’écoute que repose le plan d’affaires de la USFL.

Les spectateurs de 16 ans et plus pourront se procurer un billet pour un match pour la très modeste somme de 10 $ et pourront même inviter jusqu’à trois enfants gratuitement pour cette même partie. Ce n’est donc pas aux guichets que la USFL s’attend à faire son argent.

Ce n’est pas un hasard si la USFL reviendra à la vie à compter du 16 avril et que la XFL doit normalement recommencer à jouer dans un an. Le pari sur le sport professionnel – et sur le football en particulier – est dorénavant un facteur majeur dans l’équation. Fox et les autres diffuseurs parient quant à eux que les téléspectateurs seront au rendez-vous, pour obtenir une dose de leur sport préféré, qui fait relâche de février à septembre, mais aussi parce que ce sera l’occasion de miser sur des matchs. Pas pour rien non plus que la Ligue canadienne de football a songé à s’allier avec la XFL il y a un an…

Les sports et les ligues qui n’auront pas compris cette nouvelle réalité passeront tout droit à côté de la manne que représente le pari sportif. Une « business » qui n’a pas fini de générer des milliards et des milliards et des milliards de dollars. La USFL, elle, l’a très bien compris.

Bourses d’études

Les salaires des joueurs de la USFL ne seront bien sûr pas comparables à ceux de leurs confrères de la NFL. C’est d’ailleurs en grande partie parce qu’elle offrait trop d’argent à certains joueurs pour les convaincre de la choisir plutôt que la NFL que la USFL n’a pas survécu il y a presque 36 ans. La ligue a fermé boutique en 1986.

Les joueurs réguliers de la USFL toucheront un salaire de base de 45 000 $ pour la saison, tandis que le salaire des joueurs de l’équipe d’entraînement sera de 15 000 $. Les équipes gagnantes obtiendront ensuite des bonis, une bonne façon d’assurer un bon spectacle.

Ce qui est intéressant pour les joueurs et les membres du personnel des équipes de la USFL, c’est que la ligue leur offrira la possibilité de faire des études gratuitement pendant qu’ils feront partie du circuit. Grâce à un partenariat entre la USFL et deux universités, les joueurs pourront étudier dans certains programmes en présentiel (à la Strategic Education Strayer University) ou en ligne (à la Capella University), et ce, sans avoir à payer de droits de scolarité ou à s’endetter. Belle initiative.

Nouveaux règlements

Mercredi, la USFL a présenté son livre des règlements, et quelques-uns de ceux-ci ont retenu l’attention. En voici quatre.

  • En plus des convertis de 1 point ou des transformations doubles, les équipes pourront opter pour des tentatives de 3 points après leurs touchés. Pour y parvenir, elles devront pénétrer dans la zone des buts avec un seul jeu depuis la ligne de 10 verges de l’adversaire.
  • Plutôt que de tenter un botté court afin de garder la possession du ballon, les équipes auront l’option de tenter un 4e essai et 12 verges à franchir de leur propre ligne de 33. Ça ajoutera certainement au suspense en fin de match.
  • Dans les deux dernières minutes de jeu de chacune des deux demies, le temps s’arrêtera automatiquement lorsqu’une équipe gagnera un premier jeu.
  • La USFL utilisera un système qui ressemblera à celui des tirs de barrage au hockey ou aux tirs de pénalité au soccer. Chacune des deux équipes obtiendra trois jeux de la ligne de 2 verges de l’adversaire et recevra 2 points pour chaque réussite. Si l’égalité persiste après ces trois tentatives, la prolongation se poursuivra jusqu’à ce que l’une des deux équipes marque plus de points que l’autre. Les deux formations obtiendront toutefois le même nombre d’occasions, comme au hockey ou au soccer. La NFL devrait prendre des notes.