Une première saison dans la NFL, des commotions cérébrales, un nouveau nom d’équipe, de nouveaux uniformes… Les derniers mois n’ont pas été de tout repos pour Benjamin St-Juste. Le demi de coin des Commanders de Washington a vécu une saison de repêchage ponctuée de succès et de déceptions, mais le Québécois est emballé de faire partie d’un groupe aussi prometteur. L’année 2022 sera celle du renouveau.

Les Commanders ont amorcé une reconstruction complète il y a plus de deux ans. En raison d’une participation surprise aux éliminatoires en 2020, les attentes étaient un peu plus élevées que prévu pour la saison 2021. D’autant que Washington comptait sur l’une des défenses les plus terrifiantes du circuit, avec les Chase Young, Jonathan Allen et Montez Sweat.

Parmi les éléments à suivre en début de saison, il y avait aussi Benjamin St-Juste, ce Québécois tout droit sorti de l’Université du Minnesota et sélectionné au troisième tour du repêchage de la NFL quelques mois auparavant. Le joueur natif de Montréal a gagné un poste au sein de l’équipe, en plus d’être l’un des partants pour le premier match de la campagne. St-Juste avait soif d’apprendre, mais il avait surtout envie de jouer au football.

Un peu à l’image de son équipe, l’athlète de 24 ans a connu une saison en dents de scie. Au fur et à mesure que la saison progressait, l’entraîneur-chef Ron Rivera lui donnait davantage de responsabilités et de temps de jeu. Il était sur le terrain pour la quasi-totalité des jeux de son équipe à la mi-saison.

Malheureusement, le Québécois a été victime de commotions cérébrales qui lui ont fait manquer huit matchs, dont les six derniers du calendrier.

« Je suis très content de ce que j’ai pu accomplir en tant que recrue. Dès que je suis arrivé avec Washington, j’ai décidé de travailler fort chaque jour pour apprendre le cahier de jeux et pour me placer dans les meilleures dispositions dans le but d’avoir le plus de temps de jeu possible. Je pense que j’ai réussi », a expliqué St-Juste, de retour dans la capitale américaine.

PHOTO GEOFF BURKE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Benjamin St-Juste (25) rudoie le receveur Mike Williams (81), des Chargers de Los Angeles, lors d’un match disputé au FedExField de Washington.

Malgré ses ennuis de santé, il n’a jamais été inquiété. Il a déjà été dans ce genre de situation lorsqu’il jouait dans la NCAA, au Michigan et au Minnesota. Même s’il peut être frustrant de ne pas pouvoir aider ses coéquipiers, il n’a jamais paniqué.

Même sur la touche, il voulait montrer à ses entraîneurs qu’il méritait son poste. Force est d’admettre que ç’a fonctionné. Le Québécois est dans les bonnes grâces de Rivera depuis ses débuts et il est évident pour le demi de coin que cette confiance a un effet sur la qualité de son jeu.

Ça te fait travailler encore plus fort, parce que tu sais que tes efforts sont remarqués. Donc, le fait qu’ils [les entraîneurs] me font confiance, qu’ils me font jouer davantage et que le plan ne semble pas avoir changé pour la saison 2022, ça me rend beaucoup plus confiant et motivé.

Benjamin St-Juste

Sur le plan collectif, St-Juste croit que tout est en place pour que l’équipe puisse se tailler une place en éliminatoires dès la prochaine saison. L’année dernière, elle était à deux matchs de se qualifier. Une vilaine séquence contre les rivaux de division en fin de calendrier aura été très coûteuse. Cependant, ça fait partie du risque d’évoluer pour une formation en développement.

« Évidemment, c’est un processus qui est difficile dans les premières années, mais dans une, deux ou trois saisons, on va pouvoir récolter ce qu’on a semé et être récompensés. »

Les nouveaux Commanders

Il y a eu beaucoup d’engouement à Washington dans les dernières années. Non seulement grâce à la reconstruction de l’équipe sur le terrain, mais aussi en raison de la nouvelle image de marque. En effet, l’organisation a pris la décision de ne plus utiliser le nom « Redskins » en juillet 2020. Un changement d’identité important puisque la franchise portait ce nom depuis 1933. Ainsi, l’« Équipe de football de Washington » est née, et le 2 février dernier, l’organisation a présenté sa nouvelle identité : les Commanders. Nouveau nom, nouveau logo, nouveaux uniformes.

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Le 2 février dernier, l’organisation de Washington a présenté sa nouvelle identité : les Commanders. Nouveau nom, nouveau logo, nouveaux uniformes.

« J’étais un peu sceptique au départ quand j’ai vu les uniformes, mais quand je les ai vus en vrai, je les ai trouvés super beaux ! Les photos ne leur rendent pas justice, on ne peut pas voir la qualité des couleurs et du design. Donc, quand on va commencer à gagner des parties et que les gens vont parler de nous, ils vont les aimer de plus en plus », pense St-Juste.

L’équipe conserve un uniforme bourgogne pour les parties à domicile et un blanc pour les matchs à l’étranger. Elle a aussi ajouté un uniforme complètement noir, de la tête aux pieds. Il s’agit d’ailleurs du préféré du Québécois : « Si on sort l’uniforme noir pour un match du dimanche soir ou du lundi, ça va être spectaculaire ! »

Il est d’avis qu’il faudra du temps pour s’habituer à toute cette nouvelle image, mais il croit que les partisans vont finir par s’y habituer et l’adopter. Ceux-ci sont, paraît-il, « très émotifs et impliqués » et beaucoup sont encore attachés à l’ancien nom, mais St-Juste pense que les partisans s’identifieront au nouveau nom en même temps que viendront les victoires.

Redonner à sa façon

Benjamin St-Juste est l’un des joueurs les plus populaires de son équipe sur les réseaux sociaux. Avec 88 600 abonnés sur TikTok, 32 500 sur Instagram et 14 300 sur Twitter, le Québécois bénéficie d’une énorme tribune, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de joueurs de première année.

Dans ses publications sur TikTok, il renseigne souvent le public sur la réalité des joueurs de football professionnel. Il parle sans tabou et franchement de son salaire, de la façon dont l’argent est distribué et de l’utilisation qu’il fait de tout l’équipement et de la marchandise aux couleurs de l’équipe qu’il reçoit. Ses deux vidéos les plus populaires ont chacune été vues plus d’un million de fois.

Quand tu fais partie du 1 % qui réussit à jouer dans la NFL, surtout considérant le fait que je viens du Québec, où le ratio de joueurs qui atteint la NFL est encore plus petit… ma carrière implique beaucoup plus que ma simple personne.

Benjamin St-Juste

C’est pourquoi il a décidé d’utiliser les réseaux sociaux pour inspirer et motiver les plus jeunes à jouer au football et à réaliser leurs rêves. Il veut amener les gens dans son quotidien et montrer ce que ça implique d’être un joueur de la NFL.

« Il y a un manque de connaissances et une déconnexion entre les joueurs professionnels et le public. Il n’y a pas beaucoup de gens qui savent vraiment ce qui se passe en matière de salaire, d’équipement, de billets, de paperasse, ou simplement dans notre vie de tous les jours pendant la saison morte. Donc, je veux donner cet accès aux partisans. »

C’est ce qu’il aurait aimé voir sur son téléphone en grandissant. St-Juste est un passionné de football. Chaque jour, il réalise son rêve. Il a grandi en regardant les Davante Adams, Stefon Diggs et Russell Wilson. Aujourd’hui, il se retrouve sur le même terrain qu’eux, à essayer de les empêcher de marquer des touchés.

« Même si je suis un adulte et que je suis devenu un joueur professionnel, je garde toujours le plaisir et la joie de jouer au football. L’enfant rêveur que j’étais n’est pas si loin. »