Comment repêcher des footballeurs qui n’ont pas joué depuis un an ? C’est la réponse que doivent trouver Danny Maciocia et les recruteurs des Alouettes de Montréal en vue du repêchage des joueurs universitaires canadiens, ce mardi.

Déjà qu’un repêchage est une science inexacte, quand les données sur lesquelles s’appuyer sont absentes, ça tient presque de l’alchimie.

« Nous interviewons [les joueurs], mais nous regardons les mêmes films de matchs que l’an dernier, a noté Maciocia au cours d’une visioconférence, lundi. Alors vous leur parlez, vous parlez à leurs entraîneurs. Vous demandez s’ils se sont gardés occupés, s’ils ont fait leurs courses trois fois par semaine. Est-ce que cette année d’inactivité va peser sur plusieurs d’entre eux ? Assurément.

« C’est, de loin, l’un des repêchages les plus difficiles auxquels j’ai été associé. Il faut projeter comment des jeunes qui n’ont pas joué depuis un an vont répondre à un camp professionnel. »

Et cette inactivité n’est pas la seule variable dont Maciocia et son groupe doivent tenir compte. Pour les joueurs ayant évolué en NCAA, il faut se questionner à savoir si leur avenir ne se situe pas davantage dans la NFL que dans la Ligue canadienne.

« Quand on regarde le repêchage de 2021, on réalise que la force de ce repêchage, ce sont des joueurs qui seront de retour dans leurs équipes respectives, en particulier ceux qui jouent aux États-Unis. Est-ce que tu sélectionnes des joueurs pour les amener au camp de 2021 ou tu repêches pour ton avenir ? Ça fait partie des discussions que nous avons actuellement avec nos dépisteurs. On espère avoir notre philosophie en place avant de quitter le bureau [lundi]. »

Il y a d’excellents joueurs de la NCAA qui seront disponibles en 2022. La question est donc de savoir si nous sommes prêts à investir en eux sans les voir avant l’an prochain.

Danny Maciocia, directeur général des Alouettes

« L’autre question est de savoir si nous sommes certains qu’ils ne seront pas repêchés par la NFL l’an prochain, a poursuivi Maciocia. On doit appeler nos contacts au sein des équipes de la NFL pour savoir s’ils voient en ces joueurs des gars qui gagneront leur vie dans cette ligue-là. »

Restera maintenant à ces joueurs repêchés à faire leur marque lors de l’ouverture prochaine du camp d’entraînement, où ils seront en compétition non seulement avec les joueurs établis, mais aussi avec les joueurs repêchés l’an dernier.

« C’est un casse-tête. On a [les joueurs du] repêchage de l’an dernier qui n’ont pas pris part à un seul entraînement et là, on va ajouter une deuxième cohorte. Ce sont des joueurs issus de deux années complètement différentes qui feront partie du même camp. On sait que ça va être presque impossible de garder tout ce monde à Montréal. »

Toujours pas de premier choix

Pour la deuxième année de suite, Maciocia ne pourra pas sélectionner un joueur au premier tour, un « cadeau » laissé par l’ex-directeur général Kavis Reed pour les « services » du quart-arrière Johnny Manziel. Maciocia ne s’en fait toutefois pas.

« Je savais exactement dans quoi je m’embarquais quand j’ai été nommé en poste », a-t-il rappelé au sujet de son embauche en janvier 2020.

« Je ne crois pas que nous ayons des besoins criants : nous avons pas mal réglé notre ratio de joueurs canadiens sur le marché des joueurs autonomes. »

Le club de football montréalais renouera avec le premier tour au repêchage en 2022. La séance 2021 du repêchage de la Ligue canadienne de football se mettra en branle mardi soir.