Dans une semaine où Claude Julien a été remercié par le Canadien et au cours de laquelle Thierry Henry a quitté le CF Montréal, l’un des grands entraîneurs-chefs de l’histoire du sport professionnel au Québec s’est entretenu avec les journalistes. Marv Levy a participé à une visioconférence organisée par la Ligue canadienne de football.

Âgé de 95 ans, le vénérable Levy a accepté de raconter ses souvenirs dans le cadre d’une nouvelle initiative de la LCF, qui offre maintenant la chance aux amateurs de regarder les matchs de la Coupe Grey sur sa plateforme de visionnement sur demande.

« C’est merveilleux de savoir que les gens pourront revoir ces matchs. J’ai relu mes mémoires pour bien me préparer en vue de cette rencontre et une bonne partie parlait du temps que j’ai passé dans la LCF et à Montréal. Cela a éveillé plusieurs beaux souvenirs. »

En cinq saisons avec les Alouettes, de 1973 à 1977, Levy a participé au match de la Coupe Grey à trois reprises, contre les Eskimos d’Edmonton chaque fois, et il a gagné deux de ces trois finales (1974 et 1977). À Calgary en 1975 et à Montréal en 1977, les matchs de la Coupe Grey ont été disputés dans un froid sibérien.

« Je me souviens très bien du match de 1975. Il faisait épouvantablement froid. Je souffrais d’engelures après la première demie et le médecin m’avait dit que ce n’était pas une très bonne idée de retourner sur les lignes de touche pour la deuxième demie. Mais évidemment, il était hors de question que je suive cette recommandation.

« On perdait 9-7 avec quelques minutes à jouer et on s’est rendus environ jusqu’à leur ligne de 15. Notre botteur, Don Sweet, nous avait permis de gagner plusieurs matchs cette saison-là, mais il a raté le placement, en partie parce que le joueur qui devait tenir le ballon après la remise avait les mains gelées. On a finalement perdu 9-8. »

Les Alouettes ont vengé ce revers deux ans plus tard devant leurs partisans au Stade olympique.

« C’était la plus grosse foule de l’histoire de la LCF et la grande majorité des spectateurs étaient bien sûr des partisans des Alouettes. Il faisait extrêmement froid et les conditions étaient difficiles à cause de la neige. Mais nos partisans ont bravé la météo et nous ont soutenus jusqu’à la fin du match, qui s’est terminé 41-6 en notre faveur. »

De l’amour pour Montréal

Levy n’avait jamais été entraîneur-chef dans les rangs professionnels avant de venir à Montréal. Après son séjour chez les Alouettes, il a dirigé les Chiefs de Kansas City de 1978 à 1982. C’est toutefois chez les Bills de Buffalo qu’il a connu le plus de succès dans la NFL. Levy a mené son équipe au Super Bowl quatre années de suite de 1990 à 1993, ce qu’aucune autre équipe dans l’histoire n’est parvenue à faire.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Marv Levy, en 2017

Les Bills ont rarement eu du succès après le départ de Levy en 1997. Mais ils ont atteint la finale de la Conférence américaine la saison dernière et semblent enfin sur la bonne voie. Levy est toujours resté près de l’organisation.

« J’étais très heureux de les voir connaître du succès. Leur entraîneur-chef, Sean McDermott, est un diplômé de l’Université William & Mary, où j’ai travaillé durant cinq ans. Nous communiquons ensemble occasionnellement. Les Bills avancent dans la bonne direction, c’est clair. Je serai toujours un partisan des Bills et des Alouettes. »

« Je n’ai passé que 5 de mes 47 années comme entraîneur à Montréal, mais elles ont été mémorables. Ç’a été une grande joie d’être à Montréal. Ma femme et moi adorons visiter la ville et avons très hâte d’y retourner lorsque la pandémie aura pris fin. »

Le secret de sa longévité

En écoutant Levy jeudi après-midi, on aurait pu croire qu’il était âgé de 50 ou de 60 ans. Comment explique-t-il sa remarquable longévité ?

« J’ai toujours fait de l’exercice et mené une vie saine, même si ça n’a pas toujours été parfait. Je fumais le cigare à une certaine époque, mais ça fait longtemps. L’exercice, l’alimentation, la famille, les saines habitudes de vie, la vie professionnelle, toutes ces choses y ont contribué. Je suis béni d’avoir été aussi bien entouré. »