Les Alouettes honoreront John Bowman lors de leur match de samedi soir (19 h) contre les Roughriders de la Saskatchewan au stade Percival-Molson. Si les prévisions météorologiques se confirment, il pleuvra, mais ça fait l’affaire de l’ailier défensif.

« On annonce de la pluie samedi, alors les gens ne pourront pas voir mes larmes si je pleure lorsque les Alouettes diffuseront le montage vidéo qui contiendra des messages de gens qui me connaissent », a dit Bowman, jeudi.

« C’est difficile de savoir de quelle façon je vais réagir. Pour le moment, je vis un grand honneur. Combien de joueurs ont porté l’uniforme des Alouettes ? Des milliers. Il faut avoir joué pendant une longue période pour être honoré de la sorte. Je l’apprécie beaucoup. »

Comme il l’a raconté jeudi, Bowman a jonglé avec l’idée de prendre sa retraite depuis qu’il a disputé sa 10saison, en 2015. Lorsque les Alouettes ne lui ont pas offert un nouveau contrat l’hiver dernier, il est devenu clair qu’il ne jouerait plus. Il n’a toutefois aucune amertume.

Je n’étais pas un joueur qui faisait partie de l’équipe, mais qui ne jouait qu’une dizaine de matchs par saison. Je jouais 18 matchs par saison [230 en 14 saisons], c’est donc beaucoup de football. Alors je pars la tête en paix.

John Bowman

Bowman aurait peut-être pu disputer une 15saison avec l’une des huit autres équipes de la LCF. Mais en ne le faisant pas, le grand chasseur de quarts s’est assuré de n’avoir joué que pour une seule équipe, exploit de plus en plus rare dans le sport professionnel d’aujourd’hui.

« Même le grand A.C. [Anthony Calvillo] avait joué à Hamilton et à Las Vegas, alors j’ai été très choyé de pouvoir faire partie d’une seule organisation pendant aussi longtemps. Je suis heureux de ce que j’ai accompli, individuellement et avec l’équipe. »

Bowman a remporté la Coupe Grey à deux occasions (2009 et 2010) et est le meneur de l’histoire des Alouettes avec 134 sacs, deux fois plus qu’Anwar Stewart, qui occupe le deuxième rang avec 66 (Stewart a également réussi 4 sacs chez les Stampeders de Calgary pour un total de 70). Seulement cinq joueurs dans l’histoire de la LCF ont réussi plus de sacs que Bowman, qui a totalisé 451 plaqués et forcé 32 échappés.

Futur entraîneur

C’est ce même Stewart qui est devenu le meilleur ami de Bowman chez les Alouettes. « Mais il n’a commencé à me parler que lorsqu’il a vu que je savais jouer, probablement en 2008 », a raconté Bowman, qui s’est joint aux Alouettes en 2006.

Bowman espère d’ailleurs suivre les traces de Stewart une fois de plus à compter de l’an prochain. Comme son ami, qui est actuellement instructeur de la ligne défensive de l’Université du Kentucky dans la NCAA, Bowman espère faire carrière comme entraîneur.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

John Bowman, en 2015

« C’est sûr que je commencerais comme entraîneur de ligne défensive et je pourrais évoluer à partir de ce point. Selon moi, les meilleurs entraîneurs sont ceux qui ont débuté au bas de l’échelle et qui ont gravi les échelons en le méritant. »

Je n’étais pas le joueur le plus talentueux, mais j’étais très travaillant. Et j’aimerais pouvoir aider les joueurs qui ont un profil similaire à réaliser leur potentiel. Je veux donc apprendre les meilleures façons de transmettre de l’information et de faire partager ce que j’ai appris au cours de ma carrière.

John Bowman

« Les meilleurs joueurs deviennent parfois les pires entraîneurs parce qu’ils ont de la difficulté à se mettre à la place de joueurs qui ne sont pas aussi talentueux qu’ils l’étaient lorsqu’ils jouaient. »

Chez les Alouettes ?

Dans un monde idéal, Bowman amorcerait sa nouvelle carrière chez les Alouettes. Puisqu’il est toujours vice-président de l’Association des joueurs de la LCF, cependant, il ne peut actuellement discuter de cette possibilité avec les dirigeants des Als.

J’adorerais être à Montréal, c’est sûr. Mais dans le milieu du coaching, on doit normalement accepter les postes qui nous sont offerts avant de pouvoir commencer à les choisir. On verra ce qui arrivera au cours des prochains mois.

John Bowman

Qu’il revienne dans le nid à temps plein ou non, Bowman aimerait vivre à Montréal. Il espère obtenir sa citoyenneté canadienne dans un proche avenir. Il a passé cinq mois de suite en Floride récemment et c’est alors qu’il se trouvait sur une plage qu’il a compris que Montréal lui manquait profondément.

« J’ai réalisé à quel point c’était différent aux États-Unis. Je suis né et j’ai grandi dans ce pays, mais c’est à Montréal que j’ai grandi en tant que personne.

« Montréal est une grande ville, mais on y a souvent l’impression de vivre dans une petite ville, et j’aime ça. J’aime également la diversité et la culture que l’on y retrouve. Si je pouvais bâtir une ville parfaite, ce serait Montréal.

« Nos championnats de la Coupe Grey font partie de mes plus beaux souvenirs sur le plan du football. Il y a toutefois aussi eu le travail communautaire que j’ai effectué et qui m’a permis de m’imprégner de Montréal. Il y avait les activités organisées par l’équipe, mais je passais également du temps de qualité avec de jeunes gens en dehors des heures de travail. Ça me réchauffe le cœur de penser à ces moments. Cette ville m’a vraiment accueilli à bras ouverts. »

Luc Brodeur-Jourdain fait de l’excellent boulot comme entraîneur de la ligne offensive chez les Alouettes et il fait très peu de doute que Bowman ferait la même chose du côté défensif. Lorsqu’on a la chance de compter sur d’anciens joueurs de cette qualité, on trouve le moyen de les garder au sein de l’organisation. À suivre.

L’avenir de la LCF

Comme Brodeur-Jourdain, Bowman a toujours été d’une grande courtoisie avec les journalistes. Il a toujours exprimé ses opinions franchement, mais respectueusement, et a toujours été très généreux de son temps – sauf lorsque c’était la troisième journée d’entraînement en prévision d’un match. C’est ce jour-là que Bowman recevait ses traitements de massothérapie et il n’avait pas de temps à perdre, comme il l’a lui-même rappelé, jeudi.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

John Bowman, au terme de la saison 2019

Le futur membre du Temple de la renommée du football canadien a pris le temps de donner un coup de chapeau aux « méchants » journalistes.

« Je tiens à vous remercier pour ce que vous faites. Même si certains joueurs n’apprécient pas ce que vous écrivez ou dites à leur sujet, sans les journalistes qui couvrent cette ligue, elle n’existerait pas. La LCF ne fait pas beaucoup de publicité, alors le travail que vous effectuez est primordial. »

Dans son rôle de vice-président de l’Association des joueurs, Bowman a pu voir de près de quelle façon le circuit était géré au cours des dernières années. Précisant qu’il s’agissait de son opinion et non de celle de l’Association des joueurs, Bowman a critiqué le manque d’innovation de la LCF.

« Je pense que la ligue passe à côté de belles occasions parce qu’elle ne veut pas innover. Il y aurait certainement des façons [pour les dirigeants] de mieux promouvoir la ligue.

« Mais c’est leur ligue et ils vont la diriger comme ils le veulent. Ils aiment se targuer du fait qu’elle existe depuis 106 ans, mais je ne pense pas que les 106 années ont toutes été très bonnes. Il y aurait certainement des façons d’améliorer la ligue, surtout avec l’essor du pari sportif. »