(Montréal) Après plus de 21 mois d’attente, les Alouettes disputeront leur premier match de la saison ce samedi soir (19 h), à Edmonton. Un retour attendu des amateurs de football depuis fort longtemps, il va sans dire.

L’équipe ne sera pas uniquement de retour sur le terrain. Elle reprendra également sa place parmi les aspirants légitimes à la Coupe Grey, ce que l’on n’avait pas vu depuis le départ de Marc Trestman après la saison de 2012.

Les plus gros morceaux du casse-tête continuent de tomber en place dans le nid. Il y a d’abord eu les révélations de 2019, Khari Jones et Vernon Adams fils. Ont suivi les embauches du président Mario Cecchini et du directeur général Danny Maciocia, en janvier 2020. Cette année, c’est Barron Miles qui devrait s’établir comme l’un des membres clés de l’organisation.

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L’entraîneur défensif Barron Miles, au centre, parle avec ses joueurs.

L’un des meilleurs joueurs défensifs des Alouettes depuis leur retour dans la ligue en 1997, Miles a roulé sa bosse comme entraîneur depuis qu’il a pris sa retraite il y a une douzaine d’années. Il semble avoir tous les outils nécessaires pour devenir l’un des bons coordonnateurs défensifs du circuit.

Bob Slowik, le prédécesseur de Miles, est loin d’avoir fait du mauvais boulot en 2019. Néophyte du jeu canadien, Slowik devrait se débrouiller avec un front défensif qui peinait à presser le quart avec constance, une faiblesse qui a été exploitée à souhait par Trevor Harris et Edmonton lorsqu’ils ont éliminé les Alouettes au Stade Percival-Molson, en novembre 2019.

Jones a d’ailleurs admis qu’il se sentait plus à l’aise en ayant derrière lui un coordonnateur défensif qui possède beaucoup d’expérience dans la LCF.

« Bob a effectivement fait de l’excellent travail avec les effectifs que nous avions sous la main, mais je suis très heureux que Barron soit ici. Il est dans cette ligue depuis plus de 20 ans que ce soit comme joueur ou entraîneur. Il connaît le jeu sous toutes ses coutures », a commenté l’entraîneur-chef.

Lorsqu’un journaliste lui a demandé pourquoi il s’attendait à ce que la défense des Alouettes soit améliorée par rapport à celle de 2019 plus tôt cette semaine, Miles a offert cette savoureuse réplique : « Parce que c’est moi qui la dirige. »

La filière d’Edmonton

L’impact qu’ont les entraîneurs au football est plus grand que dans la grande majorité des autres sports. Ça prend tout de même un minimum de talent sur le terrain.

En ce sens, la saison qu’ont connue les Patriots de la Nouvelle-Angleterre l’année dernière en est un très bon exemple. Avec une formation des plus limitées, les Patriots n’ont pu faire mieux qu’une fiche de 7-9. Or, sans un entraîneur de la trempe de Bill Belichick pour la diriger, cette équipe aurait gagné deux ou trois matchs tout au plus.

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Almondo Sewell (90)

Bref, Miles doit pouvoir compter sur des joueurs de talent pour connaître du succès, ça va de soi. Il a d’ailleurs sûrement eu son mot à dire dans certaines décisions de Maciocia, qui a embauché quatre joueurs défensifs qui étaient avec Miles à Edmonton en 2019 : Almondo Sewell, Nick Usher, Monshadrik Hunter et Tyquwan Glass.

Mercredi, Sewell a dit tout haut ce que bien des gens pensent tout bas au sujet de son ancien quart-arrière, Trevor Harris. « Vous le frappez une fois et il s’écrase », a lancé le plaqueur de 34 ans. Les Alouettes avaient lamentablement échoué dans cet aspect du jeu lorsqu’ils ont été éliminés par Edmonton, rappelons-le.

Si Sewell, Usher, Woody Baron, Antonio Simmons et David Ménard réussissent à déranger Harris et les autres passeurs de la LCF, la défense de Miles devrait être très intéressante à voir jouer. Il y a beaucoup de talent au sein de la tertiaire et des secondeurs.

Saveur québécoise

À défaut d’avoir des propriétaires originaires du Québec comme plusieurs l’espéraient, les Alouettes se sont assurées de faire une belle place aux Québécois dans leur organisation. Une stratégie qui part bien sûr de Maciocia et de Cecchini.

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Le directeur général des Alouettes, Danny Maciocia

En plus de ces deux hommes, André Bolduc et Luc Brodeur-Jourdain font partie du groupe d’entraîneurs, alors qu’Éric Deslauriers et Byron Archambault font partie de celui des opérations football. La présence québécoise chez les joueurs est quant à elle plus importante qu’au cours des dernières années.

« De nos 29 joueurs canadiens, 17 sont originaires du Québec. C’était l’une de nos priorités et on est satisfaits d’avoir pu le faire aussi rapidement. Notre objectif, c’est de garder nos meilleurs éléments ici », a dit Maciocia lors d’un entretien téléphonique, jeudi.

Mais cette équipe n’est pas plus attachante uniquement en raison de la présence de Maciocia et du contingent québécois. Jones est un entraîneur-chef agréable et apprécié d’à peu près tout le monde. Puis il y a le noyau de joueurs en attaque, qui devrait offrir de très beaux moments aux partisans, à commencer par Vernon Adams fils.

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Vernon Adams fils

« Vernon est encore plus dédié et concentré qu’il l’était en 2019, peut-être même un peu trop. Il veut devenir le meilleur quart et travaille d’arrache-pied pour y arriver. C’est un excellent leader pour notre équipe, il a goûté à un certain succès en 2019 et il en veut plus. Il comprend jusqu’à quel point il peut devenir bon », a commenté Jones au sujet de son quart.

Jusqu’au bout ?

Malgré toutes les promesses d’une belle saison des Alouettes, le début de celle-ci pourrait être ardu. Ils entameront leur saison une semaine après toutes les autres équipes du circuit et visiteront l’Alberta deux fois de suite en ouverture.

Les Elks viennent de se faire surprendre par le Rouge et Noir d’Ottawa et ne voudront pas s’incliner deux fois de suite devant leurs partisans à Edmonton. Vendredi prochain, les Als seront à Calgary pour y affronter Bo Levi Mitchell et les redoutables Stampeders.

Mais tôt ou tard, cette équipe a trop de munitions pour ne pas connaître du succès. Une défense ragaillardie ; des joueurs offensifs comme Adams fils, William Stanback, Eugene Lewis, B. J. Cunningham, Jake Wieneke et Quan Bray ; une ligne offensive d’expérience ; des hommes de football de qualité en Maciocia, Jones et Miles.

« On attend ce moment depuis très longtemps et on est tous très excités. Je voulais construire une équipe compétitive qui pouvait gagner à tous ses matchs, et je pense que c’est le cas », a convenu Maciocia.

Une prédiction ? Fiche de 9-5 en saison et retour au match de la Coupe Grey en décembre après une absence de plus d’une décennie.