Il y a certes un risque pour les Alouettes d’avoir choisi Marc-Antoine Dequoy avec le 14e choix du repêchage de la LCF, jeudi soir. Mais c’est plutôt s’il avait ignoré Dequoy avec cette sélection qu’il aurait fallu critiquer Danny Maciocia.

Dequoy pourrait se tailler un poste à Green Bay. Ou comme Mathieu Betts, l’année dernière, il pourrait se retrouver dans la LCF après les camps de la NFL. Rappelons que les Eskimos d’Edmonton avaient pris un pari encore plus audacieux que celui de Maciocia en sélectionnant Betts au troisième rang du repêchage de 2019.

PHOTO D’ARCHIVES RYAN REMIORZ, PRESSE CANADIENNE

Les Alouettes ont repêché Marc-Antoine Dequoy. L’organisation n’avait pas vraiment le choix... mais le DG Danny Maciocia est content.

Lorsque l’on sait que la majorité des choix de première ou de deuxième ronde dans la LCF ne deviendront pas des joueurs d’impact ou ne réussiront peut-être même pas à y faire carrière, c’est l’évidence que le directeur général des Alouettes a fait le bon choix.

Lorsqu’on a vu qu’il était toujours disponible au 14e rang, c’était une décision très facile à mes yeux. Nous sommes prêts à patienter, car c’est un jeune homme avec un immense potentiel.

Danny Maciocia, DG des Alouettes de Montréal.

« On a eu plusieurs discussions avec les Packers de Green Bay, et ce qu’on a bien compris, c’est que Marc-Antoine ira au camp et qu’ils lui donneront une opportunité de se tailler un poste sur l’équipe régulière de 53 joueurs ou sur l’équipe de réserve. »

« Mais il n’y a aucune garantie et les Packers ont signé deux ou trois autres demis défensifs de 21 ou 22 ans comme joueurs autonomes après le repêchage. Ces joueurs-là aussi auront une opportunité. Les Packers ne pourront pas se permettre de tous les garder », a expliqué Maciocia.

Dequoy est âgé de 25 ans, un facteur considérable compte tenu de son inexpérience au football américain. Maciocia a probablement également évalué la somme d’argent qui avait déjà été versée à Dequoy par les Packers, un autre élément important dans l’équation lorsqu’une équipe de la LCF doit peser le pour et le contre de repêcher un espoir qui a déjà signé un contrat avec une formation de la NFL.

Cela étant dit, Maciocia a insisté à plus d’une reprise pour dire qu’il souhaitait que Dequoy saisisse bien sa chance chez les Packers.

« J’ai été son entraîneur avec les Carabins et je l’avais recruté auparavant. Je souhaite qu’il puisse réaliser son rêve de jouer au football de l’autre côté de la frontière. Mais si ça ne fonctionnait pas, il m’a fait comprendre qu’il voulait vraiment jouer à Montréal et rester dans sa ville natale. Pour nous, c’était un pari qui était bien calculé et j’étais à l’aise avec la sélection. »

Promesse tenue

Maciocia martèle depuis des années que les Alouettes s’étaient éloignés de ce qui les avait ultimement rendus si populaires auprès du public montréalais et québécois. Si Jim Popp avait généralement accordé une certaine importance à la présence d’un bon contingent de joueurs québécois dans l’équipe, c’était nettement moins le cas de son successeur, Kavis Reed.

Trois autres Québécois

En plus de Dequoy, les Alouettes ont sélectionné quatre autres espoirs québécois, jeudi. Il s’agit de l’ailier défensif Benoit Marion et du secondeur Brian Harelimana, des Carabins, et du secondeur Jersey Henry et du receveur Vincent Alessandrini, des Stingers de l’Université Concordia.

À talent égal, on voulait prendre des joueurs du Québec pour les garder chez nous, et c’est ce qu’on a fait. Je sais que ce sont des joueurs qui veulent rester au Québec et jouer dans leur ville natale. C’est très important pour eux et ils vont le faire avec une certaine fierté.

Danny Maciocia, DG des Alouettes de Montréal.

« C’était le but de l’organisation. Ce n’est pas seulement moi, tout le monde est d’accord avec ça. Alors il faut continuer de les encourager, de les sélectionner et de leur donner une opportunité. En le faisant, ça va ramener une fierté qu’il n’y avait plus depuis quelques années. »

Maciocia a dirigé Marion et Harelimana, puis a affronté Henry et Alessandrini.

« Je connais très bien ces deux joueurs (Marion et Harelimana) et je sais qu’ils peuvent jouer à ce niveau. Ils pourront contribuer sur nos unités spéciales. Ils vont pousser certains vétérans de notre équipe et c’est exactement ce qu’on veut de leur part. »

« C’est quelqu’un qui va amener beaucoup de passion et d’énergie. Je pense que tout le monde va tomber en amour avec lui dans l’équipe et qu’il cadrera bien dans notre vestiaire. Nos partisans vont l’adorer », a dit Maciocia au sujet de Marion.

Après avoir discuté avec l’entraîneur-chef des Alouettes, Khari Jones, avant le repêchage, Maciocia a constaté qu’il devait mettre la main sur un joueur canadien qui pourrait potentiellement être le réserviste de D. J. Lalama au poste de secondeur du côté court. Harelimana pourrait fort bien être cet homme. « Brian a déjà joué à cette position à l’Université de Montréal et a eu du succès », a noté le DG.

Profondeur à toutes les positions

L’excitation de Maciocia quant à la première cuvée d’espoirs qu’il a sélectionnés comme DG des Alouettes ne se limite cependant pas aux Québécois.

« On aime beaucoup Cam Lawson (18e rang). On croyait qu’il était le meilleur plaqueur disponible et c’était un avis qui était partagé par les entraîneurs universitaires canadiens. »

Comme ce fut le cas avec Dequoy au 14e rang, Maciocia a pris un risque calculé en choisissant le joueur de ligne offensive, Carter O’Donnell, au 22e rang. Ce dernier participera au camp d’entraînement des Colts d’Indianapolis. « Au début du troisième tour, nos dépisteurs étaient tous d’avis qu’on devait le repêcher si on le pouvait. »

Maciocia se réjouissait également de l’acquisition d’un autre joueur de ligne offensive, celle d’Andrew Becker au début de la sixième ronde.

« Il aurait été un choix de premier tour s’il n’avait pas subi deux commotions cérébrales la saison dernière. Nous avons beaucoup discuté avec l’équipe médicale de l’Université de Regina et on est très contents de notre choix. »

À l’exception de la position de quart-arrière, Maciocia a ajouté du renfort à tous ses différents groupes de joueurs. « On voulait améliorer la profondeur à toutes les positions et je pense qu’on a été capables de le faire », a-t-il indiqué.

Incertitude

C’est dans deux semaines que le camp des Alouettes aurait normalement dû s’amorcer, ce qui ne sera bien sûr pas le cas. La saison 2020 de la Ligue canadienne est sérieusement menacée en raison de la crise de la COVID-19. Maciocia est cependant sûr d’avoir construit une très bonne équipe au cours des derniers mois.

« La seule chose qu’on attend actuellement, c’est la même que tout le monde. On souhaite obtenir le feu vert à un moment donné, de pouvoir embarquer sur le terrain, d’avoir un camp d’entraînement, et de pouvoir choisir notre équipe pour bien se préparer en vue d’un match de saison régulière. On est conscients de tout ce qui se passe et je pense qu’on aura besoin d’avoir un peu de patience. »