Normalement, le départ de Josh Freeman des Alouettes, annoncé samedi, n'aurait pas dû faire beaucoup parler. Dès le départ, les chances que son expérience dans la LCF fonctionne étaient très faibles.

Les quarts-arrières de 6 pi 6 po peu mobiles et qui ne complètent que 55 % de leurs passes, ça ne fonctionne pas au football à trois essais. Cela n'a cependant pas empêché les Alouettes d'essayer de nous vendre l'idée que Freeman pourrait être leur prochain quart partant, ce qui a eu pour effet de gonfler les attentes.

Freeman était de toute évidence le moins bon des cinq quarts présents dans les premiers jours du camp, et les Alouettes en sont venus à la conclusion que la meilleure option était de terminer l'association le plus rapidement possible. L'organisation lui a fait une fleur en disant publiquement que c'était lui qui avait choisi de se retirer.

« Josh a signé ses papiers de retraite dans la LCF. S'il obtient une occasion dans une autre ligue, j'espère honnêtement que ça fonctionnera pour lui. C'est un bon jeune homme et il a eu à endurer beaucoup dans la NFL », a commenté le directeur général Kavis Reed, hier.

Samedi, nous ne savions pas si l'ancien premier choix des Buccaneers de Tampa Bay avait pris sa retraite ou s'il avait été libéré. En clair, Freeman a seulement pris sa retraite de la LCF, de sorte qu'il est maintenant libre de signer un contrat avec une équipe de la NFL ou d'une autre ligue. Mais la décision a bel et bien été celle des Alouettes.

Le départ de Freeman donnera plus de répétitions aux jeunes Antonio Pipkin et Garrett Fugate, qui bataillaient avec lui pour le poste de troisième quart derrière Matt Shiltz et Drew Willy.

Maladresses inutiles

Reed et les Alouettes auraient sûrement mieux paru s'ils avaient carrément dit qu'ils libéraient Freeman, un point, c'est tout. Une semaine plus tôt, ils s'étaient cette fois exposés à la critique en libérant Jovan Olafioye après que le bloqueur se fut amené à Montréal pour le début du camp.

« Je ne vais pas commenter publiquement ce qui s'est déroulé entre nous. Je ne veux pas critiquer un joueur », s'est défendu Reed dans une entrevue avec La Presse, hier.

Or, selon nos informations, les Als n'auraient pas libéré Olafioye uniquement pour des raisons salariales. La blessure au dos qui lui a fait rater plusieurs matchs la saison dernière inquiétait l'organisation. Certains membres de l'organisation jugeaient qu'ils ne pouvaient pas se fier à Olafioye.

N'empêche que Reed s'est placé dans deux situations délicates qu'il aurait facilement pu éviter dans la première semaine de cette nouvelle année. Un DG doit souvent prendre des décisions impopulaires, mais la façon dont il le fait peut souvent avoir des répercussions.

« Je ne veux pas avoir l'air arrogant, mais je ne regrette pas la façon dont j'ai fait mon travail. Il y a parfois des choses qui se déroulent en arrière-scène, mais dont je ne peux pas parler publiquement. »

Beaucoup d'espoir en Shiltz

Malgré le pétard mouillé que s'est avérée l'embauche de Freeman, Reed a dans l'ensemble fait du très bon boulot au cours de l'hiver. Il a amélioré substantiellement la qualité de son groupe de joueurs canadiens, a complètement rebâti sa défense, et a ajouté quelques pièces importantes qui pourraient stabiliser l'attaque en Chris Williams et Ryan Bomben.

« Je voulais construire l'une des trois meilleures défenses de la ligue et je pense que c'est ce que j'ai fait. En attaque, notre groupe de receveurs est solide et on est en train de mettre en place une bonne ligne pour protéger notre quart », a-t-il analysé.

« J'ai presque tout fait ce que j'avais dit que je ferais lorsque j'ai expliqué mon plan aux propriétaires du club. »

Presque. Car il y a encore l'énorme point d'interrogation derrière le centre. Reed a tenté d'obtenir un quart établi pendant la saison morte. Il a eu des discussions avec certains de ses homologues, mais au bout du compte, il a jugé que le prix à payer était trop élevé.

C'est également en partie parce qu'on estime à l'intérieur de l'organisation que le fameux quart d'avenir est peut-être déjà en place. Les Als ont énormément confiance en Matt Shiltz. Cela dit, ils ne savent pas encore si Shiltz sera prêt à être l'homme de la situation dès cette année ou s'il faudra attendre une autre année.

Inspiré par Theodore Rossevelt

Reed croit avoir construit une très bonne équipe et il n'a pas tort. Sa formation est nettement plus talentueuse qu'à pareille date l'an dernier, cela ne fait pas le moindre doute.

« J'ai confiance en notre équipe et je pense que nos entraîneurs sauront faire une bonne utilisation de nos joueurs. Tout dépendra du jeu de notre quart. Je pense qu'on a une bonne équipe, mais je ne peux pas lancer le ballon. »

Si aucun quart ne parvient à faire un boulot convenable en 2018, Reed sait très bien qu'il ne sera peut-être plus en poste en 2019.

« L'équipe doit progresser, c'est bien évident. On a eu une fiche de 3-15 la saison dernière, alors c'est normal que je sois critiqué et je le comprends. Mais certaines personnes semblent vraiment croire que je suis l'idiot du village. Ce n'est pas le cas. Je sais ce que je fais. »

« Lorsque je suis la cible des critiques, je pense souvent à "The man in the arena" [un passage d'un discours de l'ancien président américain Theodore Roosevelt]. En gros, le message, c'est qu'on doit faire les choses à sa façon du mieux qu'on le peut, sans se préoccuper de ceux qui nous critiquent. Un jour, certaines personnes devront peut-être ravaler leurs commentaires. »

Photo Robert Skinner, La Presse

Josh Freeman