Les Alouettes ont annoncé hier que Tom Higgins était leur nouvel entraîneur-chef, le 21e de leur histoire et leur 4e en un peu plus d'un an. Higgins et d'autres membres de l'organisation participeront à une conférence téléphonique ce matin.

L'embauche de Higgins est-elle une bonne nouvelle pour les partisans du club?

Oui et non. Un vieux routier, Higgins connaît tous les rouages du football canadien et de la Ligue canadienne. Il a même été le directeur de l'arbitrage du circuit lors des cinq dernières saisons. En revanche, même s'il a remporté la Coupe Grey avec les Eskimos d'Edmonton en 2003, ses équipes ont souvent connu des performances en deçà des attentes en séries.

Comme entraîneur-chef, Higgins n'a gagné que le tiers de ses matchs éliminatoires (fiche de 3-6), et son équipe a subi l'élimination dès la première ronde lors de ses quatre dernières saisons - trois fois à domicile, de surcroît.

À titre d'exemple, les Stampeders de Calgary ont congédié Higgins en novembre 2007, puis ont remporté la Coupe Grey l'année suivante avec John Hufnagel à leur barre et un noyau de joueurs très similaire à celui de la saison précédente.

En gros, les Alouettes ont préféré s'assurer de frapper un simple plutôt que de viser le coup de circuit, ce qui n'est pas nécessairement une mauvaise chose, compte tenu de l'incertitude engendrée par le départ d'Anthony Calvillo. Ils ont réussi un grand chelem en embauchant Marc Trestman, il y a six ans, mais personne n'oubliera leur retentissant échec de l'année dernière avec Dan Hawkins.

Or, si le départ de Trestman pour Chicago a forcé les Alouettes à embaucher Hawkins tardivement l'hiver dernier, on peut certainement se demander pourquoi il leur aura fallu près de quatre mois avant de trouver leur homme, cette fois-ci. Ce n'est tout de même pas comme s'ils avaient déniché un entraîneur obscur. Higgins compte 22 années de service comme entraîneur dans la LCF.

Il est d'ailleurs permis de se demander si Higgins n'était pas le plan de rechange des Oiseaux. Dans un communiqué envoyé par l'équipe en fin d'après-midi, hier, le propriétaire Robert Wetenhall a noté que son nouveau pilote possédait toutes les qualités que recherchaient les Alouettes. Mais s'ils en étaient convaincus, pourquoi les Alouettes ont-ils attendu aussi longtemps avant d'embaucher Higgins, sans emploi depuis plus de deux mois?

L'avenir de Popp

Selon deux membres des Alouettes, le directeur général Jim Popp n'aurait pas été consulté au sujet de l'embauche de Higgins. Wetenhall a toujours eu le dernier mot quant au choix de l'entraîneur-chef, ce qui va de soi, mais que le DG n'ait pas participé au processus de sélection dépasse tout entendement.

Les Alouettes soutiendront probablement que Popp n'a pas été impliqué dans le processus parce qu'il était lui-même l'un des candidats pour le poste, une explication qui ne tiendrait toutefois pas la route. Popp a déjà dit qu'il accepterait la décision de l'organisation si elle préférait qu'il se concentre sur son travail de directeur général.

Ce qui nous amène à l'avenir de Popp à Montréal. Le DG écoulera sa dernière année de contrat en 2014, et il est de plus en plus clair que sa relation avec les Moineaux n'est plus aussi bonne qu'elle l'a longtemps été.

Si les Alouettes ont embauché Higgins sans en discuter avec Popp, il s'agirait d'un énorme manque de respect de leur part. Un manque de reconnaissance qui pourrait convaincre le DG de quitter l'équipe qu'il mène d'une main de maître depuis près de deux décennies.

Les Oiseaux ont constaté jusqu'à quel point il était difficile de remplacer un entraîneur comme Trestman, l'été dernier. Ils ont ensuite pu voir ce que serait la vie sans Calvillo dans les mois qui ont suivi. Et de la façon dont les choses se déroulent depuis un certain temps, il est fort possible qu'ils doivent également changer de directeur général dans un proche avenir.

Personne n'est irremplaçable, dit l'adage, mais les Alouettes se leurrent s'ils croient pouvoir connaître autant de succès sans le flair et les talents de dirigeant de Popp.

___________________________________________________

Tom Higgins en bref

Né le 13 juillet 1954 à Woodbridge, au New Jersey

***

Comme joueur

1973 à 1975: Wolfpack de North Carolina State

1976-1978 : Stampeders de Calgary

1979 : Bills de Buffalo

1980 : Roughriders de la Saskatchewan

***

Comme entraîneur

1982-1984 : Université de Calgary (entraîneur-chef)

1985-1987 : Stampeders de Calgary (coordonnateur de la ligne défensive)

1988 : Stampeders de Calgary (coordonnateur de la ligne à l'attaque)

1989-1990 : Stampeders de Calgary (coordonnateur de l'attaque)

1991-1992 : Stampeders de Calgary (coordonnateur de la ligne défensive)

1993 : Stampeders de Calgary (entraîneur-chef adjoint)

2001-2004 : Eskimos d'Edmonton (entraîneur-chef)

2005-2007 : Stampeders de Calgary (entraîneur-chef)

***

Comme administrateur

1994-1996 : Eskimos d'Edmonton (directeur général adjoint)

1997-2001 : Eskimos d'Edmonton (DG et directeur des opérations)

2001-2004 : Eskimos d'Edmonton (directeur général)

2008-2013 : directeur des officiels de la LCF

***

Fiche comme entraîneur dans la LCF

7 saisons (2001-2007)

En saison régulière

72-53-1

Pourcentage de victoires : 57,1%

3 championnats de division

En séries éliminatoires

3-6

1 conquête de la Coupe Grey (en 2003 contre les Alouettes)

***

Honneurs

A remporté le trophée Annis Stukus - remis à l'entraîneur-chef de l'année dans la LCF - à deux reprises, soit en 2003 avec les Eskimos d'Edmonton et en 2005 avec les Stampeders de Calgary.