Au sifflet final, les confettis se sont mis à tomber du ciel, comme par magie, et Peyton Manning s'est mis à sourire, comme par habitude, alors que les notes de New York, New York  sortaient des haut-parleurs.

Manning avait bien raison de sourire. Il y a trois ans à peine, il ne savait même pas s'il allait être capable de continuer à jouer au football. Et là, devant quelque 77 000 fans, le quart des Broncos savourait son grand retour de la meilleure des façons: avec un billet en direction du prochain Super Bowl.

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On dit souvent que la perfection n'existe pas? Dimanche, à Denver, la perfection ressemblait à quelque chose comme Manning, qui a mené ses Broncos à une victoire de 26-16 sur les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, en finale de la Conférence américaine.

Les Broncos vont ainsi affronter les Seahawks de Seattle au prochain Super Bowl, le 2 février, dans la grande région new-yorkaise, à East Rutherford.

Les chiffres récoltés par Manning dimanche disent tout ce qu'il y a à savoir: 32 en 43, 400 verges de gains et deux passes de touché. Le receveur Demaryius Thomas a capté l'une de ces passes de touché, en plus de récolter 134 verges de gains.

Manning s'est présenté en soirée à la presse avec l'air sérieux de celui qui a encore du boulot à abattre. Avec l'air sérieux de celui qui revient de loin alors qu'il a dû se remettre d'une grave blessure au cou il n'y a pas si longtemps.

«Mon retour s'est fait lentement, pas à pas, a-t-il expliqué sobrement. Personne ne pouvait me dire quand j'allais être capable de recommencer à jouer. Et je n'avais jamais eu à changer d'équipe avant ça. Retourner au Super Bowl comme ça, après notre défaite en séries l'an dernier, c'est très gratifiant.»

Malgré ce gros triomphe, le vestiaire des Broncos était étonnamment silencieux au terme du match. Pas de grosse musique, pas de grandes déclarations, personne pour crier sa joie.

«On veut gagner un autre match, a ajouté Manning. On va prendre un peu de temps pour savourer ce qu'on vient de réussir, mais on veut gagner un autre match.»

Le moment décisif

Dans le camp des Patriots, c'était silencieux aussi, et le point de presse de l'entraîneur Bill Belichick, ponctué de nombreux silences lourds, n'a certes pas aidé à détendre l'atmosphère.

«Ils ont fait leur travail et pas nous, a répété l'entraîneur d'un ton monocorde. J'aurais aimé qu'on fasse tous un meilleur travail, moi spécialement.»

Selon Belichick, un jeu a changé le cours du match: cette collision entre Wes Welker, receveur des Broncos, et Aqib Talib, demi de coin des Patriots, en première demie. Talib, peut-être le meilleur des Patriots en défense, n'est jamais revenu au jeu, victime d'une blessure aux côtes sur le coup. «Ce fut le jeu-clé du match», a répété plusieurs fois l'entraîneur des Patriots.

La défense des Broncos a aussi limité le quart Tom Brady à 277 verges de gains, en plus de freiner net le porteur de ballon LeGarrette Blount, qui avait obtenu 166 verges de gains la semaine dernière contre Indianapolis. Dimanche, Blount a été pas mal plus modeste: cinq courses, six verges. C'est tout.

«Une journée difficile pour notre équipe, a résumé Tom Brady. J'ai raté des passes, et c'est dur de perdre comme ça après s'être rendu aussi loin en séries. Mais nous pouvons être fiers et nous serons de retour la saison prochaine.»

Avant de partir en vacances, Brady a lancé quelques fleurs à son rival de toujours, Peyton Manning. «Un grand joueur, a-t-il dit. L'attaque des Broncos est probablement la meilleure attaque de l'histoire de la NFL.»

Les Broncos tenteront de remporter le 3e Super Bowl de leur histoire. Manning, lui, prendra part à une troisième grande finale. «C'est ma 16e saison et je sais combien c'est difficile de se rendre là», a-t-il ajouté.

Puis, Manning a quitté l'estrade, se promettant un petit souper festif avec les membres de sa famille. Il ne lui reste plus qu'un match. Un match pour écrire la conclusion d'un scénario qu'il n'aurait pu imaginer il n'y a pas si longtemps.