(Analyse) C'était bel et bien l'année des Corbeaux. L'équipe de John Harbaugh a démontré comme plusieurs autres l'ont fait avant elle que l'objectif ne devrait plus être de gagner 13 ou 14 matchs en saison dans la NFL d'aujourd'hui. C'est plutôt d'accéder aux séries et de jouer son meilleur football en janvier.

Il y a eu le décès d'Art Modell, l'ancien proprio qui a déménagé les Browns de Cleveland à Baltimore, en 1996. Il y a eu le décès du jeune frère de Torrey Smith dans un accident de moto. Il y a eu les blessures de presque tous les piliers du club. Il y a eu toutes ces défaites crève-coeur en séries depuis 2008. La liste est longue.

Ray Lewis a galvanisé les troupes en annonçant qu'il s'agirait de son dernier tour de piste, bien sûr, mais n'oublions pas l'impact qu'aura eu O.J. Brigance sur les Ravens.

Un Canadien d'origine, Brigance était un joueur de l'équipe lorsqu'elle a remporté son premier Super Bowl, il y a 12 ans. Atteint de la maladie de Lou Gehrig, il a été nommé le capitaine honoraire de l'équipe par Harbaugh au cours des séries éliminatoires.

On parle généralement plus de son frère, mais John Harbaugh obtiendra enfin le mérite qui lui est dû. Cinq saisons à la tête des Ravens, cinq participations en séries.

À défaut de faire l'unanimité, Lewis est sans contredit l'un des plus grands joueurs de l'histoire de la ligue. Il n'a jamais méngé ses efforts tout au long de sa carrière exceptionnelle. Il quitte la NFL en champion et c'est parfait ainsi.

Ed Reed, Anquan Boldin et Matt Birk remportent leur premier titre alors que leur carrière achève. Smith vit de beaux moments après la tragédie de l'automne dernier. Joe Flacco, lui, a eu le dernier mot, a fermé le clapet à ses détracteurs, et a gagné son pari d'attendre avant de signer son prochain contrat. Le seul mauvais côté de ce Super Bowl pour les Ravens, c'est que Flacco va leur coûter cher en mars...

Flacco n'est pas le seul joueur du club dont le contrat vient à échéance. Reed, Paul Kruger et Cary Williams pourraient notamment tous obtenir leur autonomie. Les Ravens sont déjà au-dessus du plafond salarial en vue de 2013. La tâche du DG Ozzie Newsone ne sera pas facile.

Mais depuis le temps qu'ils travaillent afin de remporter un championnat, on va laisser le temps aux Ravens de l'apprécier. Quelle semaine de rêve ils viennent de vivre! Jonathan Ogden est devenu le premier «vrai» Raven à être nommé au Temple de la renommée, samedi soir, puis ça s'est terminé sous les confettis, dimanche. Leur plus belle année depuis leur arrivée dans la NFL, il y a 17 ans, sans l'ombre d'un doute.

Un choix de jeux douteux

Randy Moss, alias le meilleur receveur de l'histoire, a connu une soirée tranquille, dimanche. Il a attrapé le ballon deux fois pour 41 verges, et même si la passe de Colin Kaepernick était trop haute, Moss n'a même pas daigné tenter de la saisir lors de l'interception dont a été victime le quart des Niners, qui était inconsolable après le match.

Vernon Davis et Michael Crabtree ont chacun totalisé plus de 100 verges, mais l'absence de Mario Manningham a fait mal aux Niners. Crabtree a été à peu près le seul ailier espacé qui donnait des ennuis aux Ravens.

La force de l'attaque des 49ers est toutefois son jeu au sol, qui a dominé en deuxième demie. Les Niners ont totalisé 182 verges en 29 courses pour une moyenne de 6,3. En comparaison, les Ravens n'ont récolté que 93 verges en 35 courses (moyenne de 2,7).

Il est donc assez étrange que Jim Harbaugh ait opté pour trois passes lorsque les 49ers se trouvaient à la ligne de 5 des Ravens en fin de match. Les trois fois à Crabtree. Kaepernick n'aurait pas été en mesure de gagner ces cinq verges au sol?

Tous les joueurs des Niners ont mal joué en première demie, mais Kaepernick semblait particulièrement nerveux. On a eu beau vanter son sang-froid au cours des dernières semaines, il n'avait qu'une dizaine de départs sous la ceinture, et cette inexpérience a paru jusqu'à la fameuse panne de courant.

Mais Kaepernick et les 49ers seront de retour parmi les principaux aspirants au Super Bowl au cours des prochaines années. Ils sont jeunes, talentueux, robustes, et maintenant plus expérimentés. Puis il y a Harbaugh, qui est l'un des meilleurs entraîneurs-chef de la NFL à l'heure actuelle, sinon le meilleur, comme le soutient son frère John. C'est toutefois une mince consolation pour le pilote.

Il y a actuellement une équipe qui jubile, une qui souffre, et 30 qui ont déjà pris de l'avance en vue de la saison prochaine. En espérant que celle-ci sera aussi palitante que celle qui vient de se terminer, et que le 48e Super Bowl à New York sera une aussi grande réussite que celui qu'on vient de vivre en Louisiane.