Vendredi soir dernier, les Redmen de l'Université McGill ont remporté une victoire facile de 36-9 face aux Mounties de l'Université Mount Allison. L'événement peut paraître banal, mais au cours des dernières années, les mots Redmen et victoire n'avaient pas l'habitude de se retrouver dans la même phrase.

Les hommes en rouge ont en effet mis fin à une vilaine séquence de 23 revers consécutifs. Leur dernière victoire remontait au 3 octobre 2009!

Mais avec de nombreux changements au sein de l'organisation depuis la fin de la dernière saison, la victoire de vendredi apparaît comme un premier pas vers des jours bien meilleurs.

L'argent, ça ne change pas le monde, sauf que...

Au terme de la saison 2011, les dirigeants de l'équipe ont reçu tout un cadeau de Noël. Robert B. Windsor - un porte-couleur des Redmen du début des années 60 - a décidé de faire un don de 1,5 million de dollars au programme de football de son alma mater.

Au football universitaire comme dans bien d'autres domaines, l'argent, c'est le nerf de la guerre. Avec un budget tout d'un coup beaucoup plus important, les Redmen ont profité de la saison morte pour renipper complètement leur personnel d'entraîneurs.

On ne le répétera jamais assez, le football est LE sport où les coachs peuvent avoir la plus grande influence sur l'issue d'un match. Et si, en 2011, les Redmen ne comptaient que sur deux entraîneurs à temps plein, ils en ont quatre aujourd'hui. Et pas n'importe lesquels.

En offensive, l'entraîneur-chef Clint Uttley a mis la main sur l'un des meilleurs jeunes pilotes de la province en la personne de Pat Boies. L'ancien demi-défensif étoile du Rouge et Or de l'Université Laval (1997-2001) était jusqu'à l'an dernier l'entraîneur-chef des Élans du cégep FX Garneau (Collégial division 1). En six ans à la barre des Élans, il a eu le temps de remporter deux Bols d'or et de s'imposer comme l'un des plus grands génies offensifs du Québec.

McGill a réussi un autre coup de maître en confiant son unité défensive aux frères Pat et Mickey Donovan. Dans l'uniforme des Stingers de Concordia, ces deux anciens secondeurs ont tour à tour remporté le Trophée du président, remis chaque année au meilleur joueur défensif au pays. Respectés et connus à travers le Canada, ils amènent au programme une crédibilité et un réseau de contacts d'une valeur inestimable.

Retrouver sa place

Qu'on le veuille ou non, l'équipe n'a jamais été en mesure de se remettre de la saga des initiations de 2005, qui avait forcé l'université à annuler la saison de son équipe de football. Depuis, les Redmen présentent un dossier cumulé de 6 victoires et 44 défaites. Et au cours des saisons 2010 et 2011, McGill n'a pas remporté un seul match.

Ça va prendre quelques années avant que les résultats ne se fassent réellement voir. Redresser un programme de football universitaire, ce n'est pas une mince affaire. Surtout lorsqu'on part de si loin. Mais Clint Uttley et la direction de l'Université McGill semblent prendre toutes les bonnes décisions pour ramener fierté et réussite chez les Redmen.

C'est l'ensemble du football québécois qui va en bénéficier. L'Université McGill ne devrait pas croupir dans le fond du classement. Avec une réputation incroyable pour l'enseignement, des installations qui servent également aux Alouettes de Montréal et un passé des plus glorieux, l'équipe possède de bien beaux arguments pour attirer les meilleurs joueurs de football du pays.

La victoire de vendredi était la première depuis octobre 2009. Parions qu'il ne faudra pas attendre aussi longtemps avant que la chose ne se reproduise.

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L'auteur est rédacteur en chef d'Accrofoot. Suivez-le sur Twitter au @RemiAboussouan.