Si un joueur du Canadien avait accompli la moitié de ce qu'a réussi Anthony Calvillo depuis qu'il est le quart-arrière régulier des Alouettes - en particulier au cours des trois dernières années -, il aurait déjà sa statue à l'entrée du Centre Bell.

Mais Calvillo ne joue pas au hockey. Il lance un ballon de football, et ça, il le fait mieux que quiconque dans la LCF. Choisi le meilleur joueur dans le cadre du top 50 du réseau TSN, de même que dans notre classement maison des 50 meilleurs joueurs de la LCF publié samedi dernier, Calvillo obtient enfin tout le mérite qui lui revient.

«Lorsqu'on obtient un respect semblable de ses coéquipiers, des gens de la ligue et des journalistes qui couvrent nos activités, c'est un très bel honneur. Mais il y aura toujours place aux débats avec ce genre d'exercice», a dit Calvillo, hier.

On peut peut-être débattre au sujet des joueurs qui occupent les deuxième ou troisième rangs des meilleurs joueurs de la LCF. Il n'y a plus l'ombre d'un doute de savoir qui est le meilleur. Depuis 2008, Calvillo a totalisé 101 passes de touché et seulement 26 interceptions. Autant dans la NFL que dans la LCF, rarement aura-t-on vu un tel ratio touchés/interceptions sur une période de trois ans.

«Je soutire une grande fierté du fait que j'ai été très constant au fil des années», répond Calvillo lorsqu'on lui demande s'il se considère lui-même comme le meilleur quart de la ligue.

Pas besoin du joueur de 38 ans pour décider. Ce qu'il faut plutôt se demander, c'est s'il est le plus grand quart-arrière de l'histoire de la LCF. Warren Moon, Doug Flutie, Ron Lancaster et Damon Allen ont tous brillé à un moment ou un autre. Les statistiques de Calvillo témoignent cependant d'une productivité presque phénoménale et d'une longévité remarquable.

Allen a joué plus longtemps (23 saisons), mais ça ne fait qu'amplifier les exploits de Calvillo. À sa 18e campagne, qui s'amorcera officiellement ce soir contre les Lions de la Colombie-Britannique au stade Percival-Molson, Calvillo devrait surpasser Allen pour le nombre de verges et de touchés. Allen est le meneur de tous les temps avec 72 381 verges et 394 passes de touché, et Calvillo n'a plus besoin que de 4221 verges et 9 touchés afin de le devancer.

«J'ai dit à ma femme que je devais me préparer à répondre aux mêmes questions, et je devrai répéter les mêmes réponses. Ce sera un processus qui nécessitera que je demeure en santé et une production similaire aux dernières saisons. Je me concentrerai d'abord et avant tout sur le rendement de l'équipe, et le reste suivra. Je n'ai pas entamé ma carrière, il y a 18 ans, avec l'objectif de devenir le passeur le plus prolifique de l'histoire de la LCF. Je voulais remporter des championnats.»

Plus détendu

Ne pas remporter des championnats, c'était précisément ce qu'on reprochait à Calvillo. C'était avant qu'il ne soulève la Coupe Grey au terme des deux dernières saisons. À ses six premières finales, il n'est sorti victorieux qu'une seule fois. Les deux récentes conquêtes lui ont fait grand bien, il va sans dire.

«Ça m'a enlevé un poids énorme, en particulier le premier des deux championnats. Si ma carrière s'était terminée avant ces deux conquêtes, les gens auraient toujours parlé de ma fiche en finale. Ils auraient estimé que j'étais un très bon quart, mais qu'il y avait tout de même cette tache à mon dossier», juge Calvillo, visiblement de plus en plus à l'aise avec les médias.

«Je suis plus détendu et je gère mieux la pression. Je mets toujours tout en oeuvre pour obtenir du succès, mais je veux aussi profiter de chaque moment qui passe. Je ne peux pas toujours exprimer tout ce que je voudrais, mais je ne veux pas attendre la fin de ma carrière avant de m'ouvrir aux gens. Il ne me reste plus beaucoup de saisons, et je veux savourer chaque instant.»

Calvillo a signé un contrat de deux saisons pendant l'hiver et pourrait probablement en disputer davantage. Il continuera tout de même à évaluer son avenir au terme de chaque saison, encore plus après avoir subi l'ablation de sa glande thyroïde en raison de la présence de cellules cancéreuses, en janvier.

Les derniers Mohicans

En observant ses coéquipiers dans le vestiaire des Alouettes, Calvillo souligne qu'il fait maintenant partie d'une poignée de joueurs qui étaient là lorsqu'elle a remporté la Coupe Grey en 2002. Ne reste plus que Scott Flory, Anwar Stewart, Kerry Watkins et lui.

«Les derniers Mohicans! L'équipe rajeunit constamment, et nous sommes à peu près les seuls joueurs qui font monter la moyenne d'âge», observe-t-il.

Parmi ces jeunes joueurs, on retrouve deux des nouvelles cibles de Calvillo, Dallas Baker et Brandon London. En ajoutant Jamel Richardson et S.J. Green, c'est un quatuor de receveurs plutôt imposant dont pourra profiter le quart des Oiseaux cette saison...

«J'ai toujours dit à l'organisation que je voulais simplement pouvoir compter sur des receveurs qui savaient se démarquer. Lorsqu'ils se démarquent et qu'ils mesurent 6'4, ça rend mon travail un peu plus facile», dit-il, sourire aux lèvres.

Entouré comme il le sera au cours des prochains mois, Calvillo risque de connaître une autre saison exceptionnelle, un 18e chapitre mémorable. «Je n'ai pas terminé d'écrire mon histoire», dit-il.