Les deux quarts-arrière qui s'affronteront, demain au Heinz Field, sont les deux seuls de l'histoire à avoir mené leur équipe en finale de conférence à leurs deux premières saisons. Mark Sanchez et Ben Roethlisberger ont un autre point en commun: ils seront opposés à des défenses de qualité supérieure.

Rex Ryan a bien résumé le type de match auquel il fallait s'attendre. «Celui qui nécessite qu'on attache son casque avec trois courroies», a imagé le coloré entraîneur-chef.

«C'est de cette façon que le football devrait toujours être joué. Ce sont deux équipes qui plaquent solidement et qui sont très intenses. Ce sera un match comme ceux d'il y a 30 ans. C'est notre identité, et ç'a toujours été celle des Steelers», a poursuivi Ryan.

La défense des Steelers a terminé première pour les points accordés (232) et deuxième pour les verges (4429). Celle des Jets a fini sixième (304) et troisième (4664) dans ces deux mêmes catégories. Ryan et Dick Lebeau, le coordonnateur défensif des Steelers, ont démontré une fois de plus qu'ils étaient deux des meilleures têtes de la NFL sur le plan défensif.

Le coordonnateur défensif Mike Pettine a eu son mot à dire dans les plans de match qui ont servi à neutraliser Peyton Manning et Tom Brady au cours des deux dernières semaines, mais Ryan a certainement été très impliqué dans leur élaboration.

Lebeau est l'architecte de la défense des Steelers depuis plusieurs années. L'entraîneur-chef Mike Tomlin était un disciple du système «Tampa cover 2» lorsqu'il s'est amené dans la Ville de l'acier, mais a sagement choisi de laisser en place le système 3-4 que privilégie Lebeau, un homme dont la tempérament ne reflète en rien l'agressivité de son unité.

«Dick est toujours très calme. Il est notre meneur, et sa personnalité nous sert bien. C'est un peu le calme avant la tempête lorsqu'il nous motive. On le respecte tellement - et pas seulement à titre d'entraîneur, mais aussi pour la personne qu'il est. Il n'a pas d'ego, et il écoute les propositions de ses joueurs. Ce n'est pas un dictateur, contrairement à certains de ses homologues», a raconté le demi de coin Ike Taylor, qui dispute sa huitième saison à Pittsburgh. Bonne nouvelle pour les Steelers, Lebeau, 73 ans, a indiqué qu'il n'avait aucune intention de prendre sa retraite, plus tôt cette semaine.

Du talent partout

Les défenses des Jets et des Steelers sont dirigées de main de maître, mais il faut dire que les joueurs talentueux abondent des deux côtés. Les Jets possèdent notamment l'une des deux meilleures paires de demis de coin du circuit - l'autre se trouve à Green Bay -, tandis que les quatre secondeurs réguliers des Steelers pourraient tous participer au Pro Bowl.

«La défense des Jets compte sur de très bons joueurs à toutes les positions. Ils excellent dans l'art de créer de la confusion, et c'est grâce à Ryan. Il faut donc étudier et s'entraîner davantage lorsqu'on les affronte», a expliqué Roethlisberger.

«Leur défense vient de battre les deux meilleurs quarts de la ligue dans leur propre stade. Alors je ne vois pas comment je parviendrai à la vaincre. Elle est vraiment très bonne», a ajouté le quart des Steelers.

Trop vieux?

Le défi ne s'annonce pas plus facile pour Sanchez. Certains observateurs s'attendaient à ce que l'âge finisse par rattraper la défense des Steelers cette saison. Or, même si plusieurs de ses membres sont dans la trentaine, elle est demeurée tout aussi solide.

«Les médias parlent de notre âge depuis des années, à commencer par le mien. Mais on n'accorde aucune importance à ce qu'ils disent. On a encore beaucoup d'essence dans le réservoir», a dit le secondeur James Farrior, 36 ans.

L'âge n'a pas affecté le jeu de la défense des Steelers, mais est peut-être à l'origine de quelques blessures, dont celle d'Aaron Smith. L'ailier défensif de 34 ans a subi une déchirure partielle d'un triceps en début de saison, et ne jouera pas demain. Il pourrait toutefois participer au Super Bowl si les Steelers y accèdent, et a exprimé le souhait de disputer quelques autres saisons, hier.

Les Steelers appréhendaient le pire quand Smith s'est blessé. Lorsqu'il est tombé au combat en 2007 et 2009, la défense a piqué du nez. Mais pas cette fois. Premier choix en 2009, Ziggy Hood s'améliore constamment depuis qu'il a remplacé Smith. Il est solide contre la course, et a réussi un sac à chacun de ses trois derniers matchs.

L'effet Polamalu

Smith est très bon, mais son impact sur la défense ne se compare pas à celui de Troy Polamalu, qui a pris part à son entraînement hebdomadaire, hier, lui qui souffre d'une blessure à une cheville. Depuis deux ans, les Steelers ont une fiche de 16-4 lorsque le demi de sûreté est en uniforme, et de 6-7 lorsqu'il ne l'est pas. Ils accordent près d'un touché de moins et provoque 1,4 revirement de plus quand il joue.

«Il est probablement le meilleur joueur que j'ai vu de ma vie», a déclaré Santonio Holmes, il y a quelques jours.

Toujours aussi humble, Polamalu a répondu que son ancien coéquipier avait perdu la tête. «Il est complètement dans le champ. Mais c'est de bon augure pour nous, car visiblement, Santonio a perdu la raison», a rigolé celui que l'on surnomme Superman.