Si vous appréciez les festivals de placements, c'était le match idéal pour vous, hier. En cette première rencontre régulière au nouveau stade Percival-Molson, Damon Duval a égalé un record d'équipe, qui appartenait à Terry Baker, en réussissant sept placements. Des frappes de 24, 47, 27, 45, 24, 21 et 45 verges. Que d'émotions fortes.

Reste que cette excellente prestation du botteur devrait lui redonner de la confiance, lui qui connaissait un mauvais début de saison. Duval avait raté quatre tentatives de placement lors des trois premiers matchs de la saison, en plus d'écoper de plusieurs pénalités pour des bottés illégaux.

Puisque Duval a été la grande vedette du match, vous aurez deviné que les difficultés de l'attaque montréalaise se sont poursuivies. C'est bien ça, oui. Au cours des trois premiers quarts, elle a d'ailleurs été incapable de franchir la zone payante, se contentant plutôt de six tentatives de placement.

Lorsque Kerry Watkins a enfin marqué le premier majeur du match, au début du quatrième quart, ça faisait presque l'équivalent de deux matchs que les Alouettes n'avaient pas inscrit un touché offensif. Pour une attaque qui compte sur autant de joueurs talentueux, c'est une situation qu'on s'explique mal. Il y a du travail à faire.

Du côté de la protection du quart, notamment. Solide au premier quart, la ligne à l'attaque a clairement perdu la bataille le long de la ligne de mêlée au deuxième, et cela a presque fini par coûter leur quart-arrière. Calvillo a été pressé et frappé solidement à plusieurs reprises.

Le vétéran a même donné la frousse aux Alouettes et leurs partisans en restant étendu au sol pendant quelques minutes à la suite d'un sac de Garrett McIntyre. Blessé au genou, Calvillo est toutefois revenu au jeu dès la série suivante. N'empêche que l'inconstance en protection pourrait finir par coûter cher.

Quelques courses d'Avon Cobourne ont refroidi les ardeurs du front défensif des Tiger-Cats au troisième quart, mais le problème devra être corrigé. La seule façon de ralentir Calvillo, c'est de l'ébranler en multipliant les coups d'épaule. Et c'est une formule qui a assez bien fonctionné dernièrement, sûrement un peu trop au goût du numéro 13.

Le plus long jeu offensif des Oiseaux aura été son tout premier du match, une passe de 41 verges de Calvillo à Brian Bratton. Kerry Watkins a saisi un relais de 16 verges dès le jeu suivant, et l'attaque montréalaise semblait avoir retrouvé sa forme des beaux jours. Puis, rien. Placement, placement, placement, placement, placement, placement, placement...

Certains nous accuseront de jouer les rabat-joie; les Alouettes ont tout de même marqué 37 points, n'est-ce pas? Sauf que c'est toujours un peu moins difficile d'en inscrire lorsque la tête de l'adversaire est déjà à Dorval.

Pour une deuxième semaine de suite, la défense des Oiseaux, elle, a offert une solide performance. Outre Duval, John Bowman aura été la grande étoile du club, réussissant ses trois premiers sacs de la saison, en plus de faire perdre le ballon à Kevin Glenn profondément dans le territoire des Tiger-Cats au début du troisième quart. L'unité en entier a joué du football inspiré, et a affiché une belle intensité après un début de saison couci-couça.

Au final, les Alouettes n'auront pas vraiment été ennuyés par les Tiger-Cats, qui soutenaient pourtant, la veille du match, qu'ils étaient maintenant arrivés dans la même classe que les champions en titre. Pas tout à fait, non.

Alors, pourquoi a-t-on le sentiment que cette victoire par 23 points n'est finalement pas si convaincante que ça? C'est probablement la faute de Marc Trestman et ses hommes, qui nous ont habitués à du football sans bavures depuis deux ans.