Des dizaines de milliers d'amateurs de football ont acclamé les Alouettes en chantant et en dansant en plein centre-ville de Montréal, mercredi, quelques jours après qu'ils eurent remporté la 97e Coupe Grey.

Les partisans s'étaient d'abord massés le long de la rue Sainte-Catherine pour assister dans l'ordre et la très bonne humeur au défilé de la victoire.Ils ont joué du coude pour voir passer le quart-arrière Anthony Calvillo et le maraudeur Étienne Boulay, entre autres, pendant que des confettis tombaient de certaines fenêtres. Ils ont aussi scandé haut et fort le nom du centre Bryan Chiu quand il a brandi la fameuse coupe.

Quelques amateurs portaient des chandails des Alouettes. On a même vu quelques visages peints aux couleurs de l'équipe.

Certains Oiseaux s'étaient eux-mêmes armés de caméras pour revivre plus tard ces instants magiques.

Les cheerleaders n'étaient pas en reste, plusieurs badauds étant clairement sur place pour leurs beaux yeux. Les commentaires élogieux - et deux ou trois requêtes peu édifiantes mais colorées - les ont facilement fait sourire.

Les partisans ont finalement pris la suite des véhicules des joueurs pour participer eux-mêmes au défilé.

Cette mer de monde s'est ensuite déplacée jusqu'à la place des Festivals pour assister à une cérémonie en l'honneur de ses champions.

«Cette coupe est à vous, Montréal», a lancé le propriétaire de l'équipe, Robert Wetenhall, sur une scène aménagée pour l'occasion.

«Nous partageons ce championnat avec vous, a ajouté le directeur général Jim Popp. Merci beaucoup!»

«Ces joueurs ont travaillé fort dans les six derniers mois, a lancé l'entraîneur Marc Trestman. Et maintenant, ils obtiennent ce qu'ils méritent.»

«Nous allons remporter la coupe l'année prochaine», a même promis le président Larry Smith.

«Je me souvenais bien de la parade de 2002 et j'avais dit aux gars d'attendre de voir la foule qu'il y aurait cette fois encore, a dit Anthony Calvillo. Et vous ne nous avez pas déçus! Merci pour ces beaux souvenirs.»

«Rien de ça ne serait possible sans vous, a déclaré Etienne Boulay. Merci beaucoup! Merci d'être ici pour faire le party et vivre le rêve avec nous!»

Particulièrement enthousiaste, le maraudeur Matthieu Proulx a aussi pris le micro: «Heeeeeeeeeeey! C'est notre coupe à tout le monde, s'est-il écrié. Hey! Hey! Toute la semaine, on a entendu parler des fans de Regina: 'c'est les meilleurs fans'... Hey! Nous, on est parfaits à domicile, ce n'est pas pour rien!»

«Je veux qu'ils nous entendent à Regina: Olé, olé, olé», a-t-il joyeusement entonné sans aucune pitié pour les pauvres partisans des Roughriders. La foule a suivi sans se faire prier.

«Merci beaucoup», s'est contenté de résumer à son tour Ben Cahoon quand la foule lui a réclamé «one more year, one more year...».

Ben Cahoon et Bryan Chiu font partie des vétérans qui pourraient bientôt prendre leur retraite. Ni l'un ni l'autre ne semble avoir encore pris de décision quant à son avenir.

Les cheerleaders avaient lancé le bal en offrant une prestation visiblement appréciée des spectateurs.

On a compris que la fête était terminée quand les hauts-parleurs ont recommencé à cracher des chansons de circonstance, telles que We Are The Champions de Queen ou I Gotta Feeling des Black Eyed Peas, comme ils le faisaient avant les petits discours.

Photo: Ivanoh Demers, La Presse

Des milliers de partisans se sont massés sur la place des Festivals.

Le maire reçoit les champions

Quelques heures plus tôt, les joueurs et entraîneurs des Alouettes avaient signé le Livre d'or de la Ville de Montréal, à l'hôtel de ville, où régnait déjà une ambiance survoltée.

Le maire Gérald Tremblay a tenté à la blague d'établir un lien entre sa récente réélection et la conquête de la coupe, faisant valoir que le triomphe de 2002 avait aussi suivi son élection. M. Tremblay avait apparemment oublié que c'est en novembre 2001 plutôt qu'en 2002 qu'avait eu lieu le scrutin.

Larry Smith et Anthony Calvillo ont remis à M. Tremblay un ballon signé par tous les membres de l'équipe. Le maire a ensuite surpris l'assistance en effectuant avec un certain talent quelques passes et attrapés.

M. Tremblay était tout sourire devant le précieux trophée qu'il n'a pas, cette fois-ci, confondu avec la Coupe Stanley.

Il a fait remarquer qu'après sept ans d'attente, c'était enfin au maire d'une autre ville - soit Pat Fiacco, de Regina - qu'il revenait de porter le chandail de la formation gagnante.

Mais il a surtout remercié chaleureusement les joueurs.

M. Tremblay a adressé quelques bons mots à plusieurs d'entre eux, notamment Étienne Boulay et Matthieu Proulx.

«Vous avez parlé avec beaucoup d'émotion, a-t-il dit. Vous avez dit que vous aviez eu beaucoup d'anxiété, des larmes et surtout des cris de joie. Mais je veux vous dire que nous, comme amateurs - essayez de vous mettre dans notre position -, on est au match ou on regarde la télévision, qu'est-ce qu'on a eu, nous? Exactement la même chose que vous autres!»

Étienne Boulay, qui a beaucoup apprécié l'intervention du maire Tremblay, a souligné en entrevue qu'il est loin d'avoir fini de célébrer cette victoire «épique».

«Ce n'est pas comme si on avait gagné par un touché ou si on avait mené toute la partie, a-t-il rappelé. On n'a pas mené une minute, pas une seconde. Même à une seconde de la fin, on perdait encore. Mais on a réussi à gagner sur le tout dernier jeu avec plus de temps au tableau. C'est digne d'un scénario d'Hollywood.»

Quand le botteur Damon Duval a raté son placement, à la toute fin de l'affrontement, les Roughriders avaient 13 hommes sur le terrain plutôt que 12. Ils ont été pénalisés et les Alouettes ont pu se reprendre. Le reste, c'est de l'histoire.

«Nous n'avons jamais abandonné, a noté Anthony Calvillo. Il faut jouer les 60 minutes.»

Étienne Boulay a aussi dit vouloir prendre le temps de savourer pleinement ce que ses coéquipiers et lui ont pu accomplir cette année.

En incluant la finale, les Alouettes ont obtenu 17 victoires et perdu à seulement trois reprises, cette saison. Ils ont signé une fiche parfaite à domicile.

 

Photo: Ivanoph Demers, La Presse

Le maire Gérald Tremblay brandit la Coupe Grey devant l'hôtel de ville, entouré de Larry Smith, Anthony Calvillo et Bryan Chiu.