La saison ne fut pas facile pour Guillaume Boivin, c’est le moins qu’on puisse dire. Maux de dos, grosse grippe, COVID-19 à l’issue d’un Tour de France calamiteux, ennui mécanique à la fin du Grand Prix de Québec… Sans compter ses trois vélos perdus pendant des mois par Air Canada.

Rien de rassurant pour un cycliste de 33 ans dont le contrat expirait à la fin de l’année. Or, en début de semaine, Israel-Premier Tech a annoncé une prolongation d’un an pour le vétéran de la première heure.

Une excellente nouvelle pour le principal intéressé… pour qui ce n’en était pas une. Boivin a en effet accepté ce nouveau contrat dès janvier dans la foulée de son premier Tour de France, de son baptême olympique, de son troisième titre national et de sa spectaculaire prestation sur les pavés de Paris-Roubaix (9e).

Pour une raison qu’il ignore, la formation n’a annoncé la signature que lundi, en même temps que celle de trois coéquipiers.

J’ai vraiment eu une grosse saison l’an dernier et j’ai toujours eu la volonté de rester avec cette équipe.

Guillaume Boivin

« Ils veulent me garder et ils savent que je n’ai pas besoin d’être en année [de renouvellement] de contrat pour être motivé et faire mon travail à 100 %, a-t-il expliqué en début de semaine. Ça avait du sens pour les deux parties. Ils voulaient justement m’enlever ce stress-là pour que j’aie la tête libre et que je sois plus concentré sur les courses. »

Déception et malchances

Après une blessure au dos qui a provoqué son abandon à Paris-Nice, il a retrouvé ses jambes au Tour de Catalogne où il s’est distingué avec une quatrième place d’étape dans une arrivée au sprint. Dépêché en Belgique plus tôt que prévu pour profiter de son élan, il a été terrassé plusieurs semaines par l’influenza. Il a forcé la note pour revenir à Paris-Roubaix, après quoi il est retourné au lit pour une dizaine de jours de plus.

Alors qu’il amorçait un camp en altitude pour le Critérium du Dauphiné, l’équipe l’a finalement envoyé de nouveau en Belgique alors qu’une menace de relégation en deuxième division commençait à poindre.

« En tant qu’équipe, on a fait le choix de sauter un peu d’entraînements pour faire des courses, ce qui n’a vraisemblablement pas été payant, en tout cas pas pour moi. »

À sa grande déception, il n’a pas fait partie de la sélection initiale pour le Tour. Il a donc mis le cap sur l’Alberta où il a terminé deuxième derrière Pier-André Côté dans la défense de son titre national.

Quelques jours plus tard, il a débarqué au Danemark la veille du grand départ du Tour, en remplacement d’un coéquipier écarté comme cas contact de la COVID-19.

Avec 4 kg de plus que l’année précédente, son Tour a été un calvaire. Pour la bonne mesure, il a été placé hors course le matin de la dernière étape en raison d’une infection au coronavirus, qui faisait des ravages dans le peloton.

Meilleur Canadien aux Grands Prix de Québec et de Montréal, il sent que sa forme est ascendante, comme en témoigne sa cinquième place à la classique Primus, en Belgique, le 17 septembre.

« Comme on le voit chaque année qui passe, si tu n’es pas à 100 %, même sur une petite course, c’est difficile de gagner parce que tout le monde est vraiment en forme. »

Avec les problèmes de santé que j’ai eus, je fais quand même une saison pas si mal. Mais c’était quand même loin des attentes après celle de l’an dernier. Je reste fier de ne pas avoir lâché le morceau.

Guillaume Boivin

Après deux semaines d’entraînement en Andorre, où il a retrouvé avec joie son partenaire Michael Woods, il est animé d’une « belle motivation » pour les quatre dernières épreuves à son programme : Famenne Ardenne Classic (dimanche), qu’il a remportée en 2018, Binche-Chimay-Binche (mardi), première course de Remco Evenepoel dans son maillot arc-en-ciel, Paris-Bourges (jeudi) et Paris-Tours (dimanche prochain).

« À cette période-ci, c’est plus le mental qui casse. Je me dis que tant qu’à courir, je vais essayer de bien faire ça. »

« On peut bien pleurer… »

L’autre nuage noir qui a plombé la saison de Boivin et de ses coéquipiers est bien sûr la menace de relégation en deuxième division pour les trois prochaines années. Selon toute vraisemblance, Israel-Premier Tech devra se contenter de places garanties dans les épreuves d’un jour du WorldTour l’an prochain. L’équipe israélo-canadienne devra ensuite terminer parmi les deux premières ProTeams pour décrocher une invitation assurée aux trois grands tours en 2024. « On a été beaucoup touchés par la maladie, a rappelé Boivin. C’était aussi nouveau de se battre pour les points plutôt que pour les victoires. C’est peut-être subtil, mais pour un coureur, ça change la façon d’aborder les courses et de se comporter en équipe. Il faut apprendre. » Avec des commanditaires québécois comme Sylvan Adams et Premier Tech, il ajoute qu’il n’est pas difficile de se motiver. « Il faut voir ça comme un grand défi. On n’a pas vraiment d’autre option. On peut bien pleurer tant qu’on veut, ce n’est pas ce qui va régler notre situation… »

2026 : « Un objectif pour notre génération »

Boivin ne sait pas quand il arrêtera sa carrière, mais la tenue des Championnats du monde de 2026 à Montréal représente une sérieuse incitation à la poursuivre quatre années supplémentaires. « C’est vraiment incroyable et j’en suis très excité. C’est un bel objectif pour notre génération d’essayer d’y accéder. Les jeunes poussent, mais si on se rend là, je vais être bien content. »