(Rivière-du-Loup) Avec ses cinq ou six grands bâtiments à l’architecture résolument moderne, on a l’impression de débarquer sur le terrain d’une université.

L’endroit s’appelle d’ailleurs Campus Premier Tech. Il s’agit plutôt du « siège mondial » de la multinationale de Rivière-du-Loup, qui fait dans les produits horticoles et agricoles, les systèmes informatisés, l’eau et l’environnement, la visualisation 3D et on en passe.

Mais la boutique offrant des vêtements de vélo et les maillots accrochés à un mur de l’entrée des employés rappellent que l’on pénètre véritablement en territoire cycliste.

Mercredi, le vélo était encore plus à l’honneur pour les 1400 « équipiers » qui œuvrent au Campus. « Monsieur Hugo Houle », comme l’a présenté le PDG et actionnaire majoritaire de Premier Tech, Jean Bélanger, était de passage pour souligner sa victoire d’étape historique au Tour de France.

Arrivé pour le déjeuner, le héros du jour a été rejoint plus tard par les six coéquipiers d’Israel-Premier Tech qui l’accompagneront aux Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal, vendredi et dimanche, dont le Québécois Guillaume Boivin.

Après un dîner sous une tente où tous les « équipiers » étaient conviés, les plus vaillants ont pu se mêler aux coureurs pour leur dernière véritable séance d’entraînement en prévision des compétitions du week-end.

Après un passage dans Rivière-du-Loup, le groupe a longé le fleuve jusqu’à Kamouraska, où café et viennoiseries attendaient les cyclistes. Les sept professionnels devaient ensuite prolonger jusqu’à Saint-Jean-Port-Joli avant de se doucher et de rentrer à Québec dans des véhicules.

Plus tôt devant les journalistes, Houle a dit qu’il n’anticipait pas de grands changements en dépit de sa nouvelle renommée.

PHOTO SIMON DROUIN, LA PRESSE

Hugo Houle

« Je suis surtout content d’être là, de vivre l’expérience des Grands Prix », a exprimé le 23e du Tour, entouré de Bélanger et du propriétaire de la formation, Sylvan Adams.

« Je suis curieux de voir à quoi ça va ressembler cette année à la suite de la bonne presse que j’ai eue pendant le mois de juillet. Évidemment, la préparation reste la même. Je suis content de profiter de la belle ambiance et de montrer aux gens de chez nous ce que je fais toute l’année en Europe. »

Une pression supplémentaire ? Bof, le principal intéressé a presque paru surpris par la question, rappelant qu’il était entouré d’une « équipe très, très solide » pour ces épreuves qui risquent d’être déterminantes pour le statut de la formation israélo-canadienne l’an prochain.

Je ne dirais pas que j’ai une pression supplémentaire par rapport aux autres années. Perso, j’aborde les choses de la même façon. Bien sûr, je suis beaucoup plus concentré que pour une course en Belgique où je passe incognito et pour laquelle je n’ai pas nécessairement d’attentes. J’aimerais bien performer à Québec et Montréal, ça va de soi. Parfois, les jambes marchent et une autre journée, ça va moins bien. J’ai fait ce que j’avais à faire, on verra ce que ça va donner.

Hugo Houle

À part ce séjour éclair dans le Bas-du-Fleuve, l’athlète de 31 ans a refusé toutes les autres sollicitations. Cela a inclus de se priver de visiter certains parents et amis, seul aspect de sa notoriété grandissante avec lequel le résidant de Monaco compose moins aisément.

« Je n’ai vu strictement personne. C’est difficile d’accorder du temps comme j’aimerais à chacun. Ça demande une certaine intimité. Maintenant, je dois faire des choix. Je ne peux pas être partout en même temps. C’est la partie un peu plate de l’histoire : dire non plus régulièrement. »

Cela dit, Bélanger, qui est devenu un ami au fil de leur relation qui remonte à 2017, souligne à quel point l’homme n’a pas changé.

« Les gens sont fiers et heureux, et Hugo le leur rend bien. Son statut a changé, mais pas comment il pense, se déploie et se perçoit. Sa façon d’interagir avec les gens est restée la même. Il est humble. C’est beau à voir parce qu’il y a des gens à qui ça ne prend pas grand-chose pour qu’ils ne passent plus dans les cadres de porte. »

Depuis son retour au pays au début de la semaine dernière, Hugo Houle a pu mieux mesurer combien son succès du 19 juillet a marqué l’imaginaire, même à l’extérieur du vélo. Sa réaction à l’arrivée à Foix quand il a dédié sa victoire à son regretté frère cadet n’a laissé personne indifférent.

« C’est sûr que l’histoire avec mon frère a touché beaucoup de gens. L’émotion parle d’elle-même quand on regarde les photos et les vidéos. Il y a le côté sportif, mais il y a aussi beaucoup le côté humain qui a amené une certaine fierté au Québec. »

De là à comparer son coup d’éclat à d’autres grands moments de l’histoire du sport au Québec…

« J’ai de la misère à dire : OK, c’est ça que j’ai fait. Je voyais ça un peu plus petit… Les gens ont quand même salué l’exploit de cet été. »

Et il résonne encore jusque dans le Bas-du-Fleuve, où une joyeuse bande d’équipiers s’est employée à le lui rappeler.

« Pas sain pour le sport »

PHOTO SIMON DROUIN, LA PRESSE

Sylvan Adams, Hugo Houle et Jean Bélanger

La rencontre avec Hugo Houle chez Premier Tech a été l’occasion pour Sylvan Adams et Jean Bélanger de rappeler leur engagement « à long terme » dans le cyclisme, peu importe le statut de l’équipe l’an prochain. Israel-Premier Tech est menacée de redescendre en deuxième division si elle ne parvient pas à récolter les points nécessaires pour remonter d’au moins deux échelons jusqu’à la 18place parmi les WorldTeams d’ici la fin de la saison. Adams avait même offert sa « garantie personnelle » qu’une telle relégation n’arriverait pas avant le début du Tour de France. « Nous vivons une situation que je qualifierais de cas de force majeure », s’est défendu le mécène d’origine montréalaise, mercredi. La COVID-19 a été particulièrement dévastatrice pour son effectif, qui a par exemple terminé à trois coureurs sur huit à Paris en juillet. Le propriétaire a expliqué faire partie d’un groupe de sept formations « dans la zone grise des points » qui tentent de trouver un accord avec l’Union cycliste internationale. « Nous sommes unifiés sur la question. Ce serait très mauvais que quelque équipe que ce soit fasse l’objet d’une relégation. Ce n’est pas sain pour le sport. Il y a donc des discussions. »

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  • 1,095 millard
    Chiffre d’affaires de Premier Tech
    Source : Premier tech
    5200
    Employés dans le monde dispersés dans 28 pays
    Source : premier tech