Ça prend de l’audace pour annoncer une victoire. Encore plus quand on n’en a aucune au compteur. Manifestement, Olivia Baril n’en manque pas.

Le 11 avril à 8 h 33, son nouveau directeur sportif lui a texté la confirmation de sa participation au Gran Premio Ciudad de Eibar, disputé dimanche dernier, au Pays basque espagnol. Deux minutes plus tard, la cycliste québécoise lui a répondu : « Merci, je gagne cette course, c’est certain. »

CAPTURE D’ÉCRAN FOURNIE PAR OLIVIA BARIL

La réponse d’Olivia Baril à son directeur sportif

Elle avait parlé de cette classique avec autant d’assurance durant une entrevue avec La Presse au lendemain de son échappée au Tour des Flandres, au début d’avril.

Même Charles-Étienne Chrétien, son chum et entraîneur, disait à qui voulait l’entendre que sa blonde l’emporterait en Espagne. Sa confiance était telle qu’il a demandé à son propre directeur sportif de le prévenir en pleine course, en Belgique, quand ladite victoire serait confirmée…

Bonjour, la pression ? « Je n’avais pas de pression parce que je savais que je pouvais gagner, mais il fallait seulement que je le fasse, a raconté Baril lundi. J’ignorais comment j’allais y arriver exactement. »

Je devais être patiente et la chance devait aussi être de mon côté.

Olivia Baril

L’épreuve de 112,3 km se déroulait sur un parcours qu’elle connaît « par cœur ». Pendant deux mois, l’été dernier, elle est demeurée à proximité de la montée décisive. Bref, la plus basque des Abitibiennes parlait en connaissance de cause.

Quand l’Espagnole Mavi García (UAE) a attaqué au début de l’ascension de 4,5 km, Baril n’a pas hésité à répondre. La championne espagnole Ane Santesban (BikeExchange) et la Colombienne Paula Andrea Patiño (Movistar) se sont jointes à elles.

La collaboration n’était pas très bonne, selon le récit de Baril, et au sommet, elles n’étaient plus que trois. Elle a tenté de profiter de sa connaissance de la route pour distancer ses deux adversaires dans la descente, mais le vent de face a condamné ses efforts.

De toute façon, elle se sentait plus rapide au sprint que ces deux grimpeuses pures. Or, la championne serbe Jelena Erić, une finisseuse de Movistar, les a rejointes sur le plat.

Peu importe, Baril a réglé les trois au sprint pour signer sa toute première victoire professionnelle en Europe. « Tout a fonctionné en ma faveur. J’étais vraiment contente. »

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM @OLBARIL

Olivia Baril (à droite) en plein sprint

Le Grand Premio Ciudad de Eibar est une course 1.1, soit techniquement la troisième catégorie de l’UCI après le WorldTour et le 1. Pro. L’an dernier, la Néerlandaise Anna Van der Breggen s’était imposée devant sa compatriote Annemiek Van Vleuten et l’Italienne Elisa Longo Borghini, soit sensiblement le trio de l’heure du cyclisme à l’époque.

Le plateau était moins relevé cette année. Des 18 équipes au départ, 5 étaient du niveau WorldTour, sans pour autant avoir délégué tous leurs meilleurs éléments.

Valcar Travel & Service, la formation italienne de Baril, détient une licence continentale (deuxième catégorie). Elle a recruté la native de Rouyn-Noranda pour ses talents de grimpeuse, remarqués par le directeur sportif Davide Arzeni pendant la Classique San Sebastian, l’an dernier (21e).

Seizième à son premier essai à la Flèche Wallonne, il y a deux semaines, Baril a confirmé sa montée en forme en prenant le septième rang du classement général au Ceratizit Festival Elsy Jacobs, au Luxembourg, la semaine dernière. Au Pays basque, son équipe s’est dévouée à « 100 % » à sa cause.

Cette première victoire professionnelle est une étape importante pour la cycliste de 24 ans. « Je me sens comme avant, mais gagner une course, on dirait que c’est quelque chose que tu dois faire. Je n’arrêtais pas d’y penser. C’est une étape. Après, c’est comme débloqué. Là, je vibe. »

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM @OLBARIL

Olivia Baril (au centre) porte le béret basque après sa victoire.

Sur le podium, Baril était coiffée du traditionnel béret basque. Elle tentera d’en décrocher un second à la classique Emakumeen Nafarroako, la course féminine avec le plus grand dénivelé positif (+ 2856 m sur 137 km), en Navarre, au pays de Miguel Indurain, quintuple vainqueur du Tour de France. Au téléphone, sa confiance était manifeste, mais elle s’est bien gardée de prédire quoi que ce soit cette fois-ci.