Après avoir contracté la COVID-19 en mai, le cycliste Nickolas Zukowsky a rebondi pour connaître une solide saison, qui lui a valu une sélection pour ses premiers Championnats du monde élites.

Nickolas Zukowsky le répète souvent : il n’est « pas pressé ». Aux yeux du cycliste de 23 ans, rien ne sert de sauter des étapes.

Dans son cas, cette attitude veut dire refuser une invitation pour s’aligner au contre-la-montre des Championnats du monde en Flandre, dimanche.

Après avoir accepté de remplacer le vétéran Rob Britton, l’athlète de Sainte-Lucie-des-Laurentides s’est ravisé. Quelques facteurs ont pesé dans sa décision. Son horaire chargé en est un.

À peine sorti du difficile Tour de Grande-Bretagne, où il s’est distingué pour sa formation professionnelle Rally Cycling, il remonte en selle vendredi pour le Championnat des Flandres, en Belgique. Mardi, il s’alignera au Grand Prix de Denain, dans le nord de la France. Il rejoindra ensuite l’équipe canadienne en prévision de la course sur route des Mondiaux, une épreuve de 268 km, la plus longue de sa carrière, programmée le 26 septembre.

PHOTO MATT GRAYSON, FOURNIE PAR RALLY CYCLING

Nickolas Zukowsky au Tour de Grande-Bretagne

Le fait que son vélo de contre-la-montre soit resté en Grande-Bretagne a également pesé dans la balance. Il ne se voyait pas monter sur la rampe de départ à Knokke-Heist pour se mesurer à des Filippo Ganna, Stefan Küng et Remco Evenepoel sans temps de préparation adéquat sur sa monture spécialisée.

« Pour faire un championnat du monde de contre-la-montre quand tu n’as pas un moteur comme les meilleurs au monde, tu ne peux pas arriver avec les cheveux dans le vent, un peu ébouriffés d’avoir fait beaucoup de voyagement, a illustré Zukowsky mercredi. Je pense que c’est la décision la plus sage. »

Il ne l’a cependant pas prise à la légère, lui qui affectionne particulièrement le chrono.

J’aimerais vraiment m’exercer au contre-la-montre pour le futur. Et possiblement être un des coureurs qui peuvent se présenter aux Championnats du monde et être compétitifs, un peu comme Hugo Houle, à titre d’exemple.

Nickolas Zukowsky

« Je pense que c’est quelque chose qui se travaille avec le temps et qui peut vraiment se peaufiner », a dit celui qui a terminé 21e à son premier essai chez les U23 en 2018.

Houle, 13e aux Jeux olympiques de Tokyo, sera donc le seul partant canadien dimanche. Sur route, une semaine plus tard, s’ajouteront le nouveau champion national Guillaume Boivin, Antoine Duchesne, l’Ontarien Benjamin Perry et Pier-André Côté, coéquipier de Zukowsky chez Rally.

La relève

À la fin de juillet, Côté et Zukowsky ont d’ailleurs uni leurs forces à la Vuelta a Castilla y Leon. Le travail du premier en échappée a permis à l’autre de faire partie du dernier trio de tête. Victime d’une chute à une vingtaine de kilomètres de l’arrivée, Zukowsky s’est relevé pour rallier l’arrivée au quatrième rang, une performance passée un peu inaperçue en plein cœur des Jeux olympiques de Tokyo.

« Je suis content d’avoir poursuivi mon effort, de m’être battu pour faire un résultat. En même temps, si je n’étais pas tombé, j’aurais pu finir avec le gars qui a gagné et obtenir un meilleur résultat encore. C’est donc doux-amer. »

Cette prestation en Espagne suivait une semaine au Tour d’Alsace où Zukowsky a accompagné quelques-uns des plus beaux espoirs canadiens, comme le nouveau champion U23 Carson Miles, Charles-Étienne Chrétien et Robin Plamondon.

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Nickolas Zukowsky au Tour de Grande-Bretagne

« Il y en a pour qui c’était la première course UCI. Ils voulaient un gars avec un peu plus d’expérience pour leur montrer comment ça marche. C’était très cool. Le cyclisme au Canada est en train de remonter à un très bon niveau. »

Virus et quarantaine

À 23 ans lui-même, Zukowsky, cycliste polyvalent, fait partie de ce groupe de la relève. Au début de juin, il a porté le maillot de meilleur grimpeur pendant deux étapes au Tour de Suisse. Ce qu’on ignorait alors est qu’il avait contracté la COVID-19 un mois plus tôt au Tour de Turquie. Aucun de ses coéquipiers n’a été affecté tandis que lui a dû se placer en quarantaine.

J’ai eu plusieurs tests positifs et j’ai carrément perdu l’odorat et le goût. J’ai passé une semaine et demie à l’hôtel sans rien goûter ni sentir, à faire des devoirs, à écouter Netflix et à regarder dehors. Ce n’est pas idéal au milieu d’un bloc de courses.

Nickolas Zukowsky

L’étudiant au certificat en administration des affaires à l’Université Laval a également composé avec des changements d’affectations et l’annulation d’un stage d’entraînement. Au surplus, son amoureuse, la cycliste Simone Boilard, avec qui il vit à Nice, a été victime d’une septicémie qui lui a valu une hospitalisation (elle va beaucoup mieux et a même repris la compétition).

« Plein de choses se sont passées. Ç’a été un début de saison assez rock’n’roll. »

Après avoir pris son envol au Tour de Suisse et en Espagne, il a enchaîné avec les tours du Danemark, d’Allemagne et plus récemment de Grande-Bretagne, où il a rejoint une échappée qui s’est presque rendue jusqu’à la ligne à la cinquième étape.

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Nickolas Zukowsky au Tour de Grande-Bretagne

« Ma deuxième partie de saison a été beaucoup, beaucoup plus facile à préparer et à planifier. J’ai eu mon calendrier longtemps à l’avance, su exactement quelles courses je faisais. »

À sa dernière année d’un contrat de deux ans avec Rally, une ProTeam (deuxième division), il n’a pas tranché pour 2022, même s’il semble déjà avoir une idée. « Il n’y a encore rien d’officiel, je vous tiendrai au courant quand il y aura des développements. »

Une équipe du WorldTour ? « L’objectif est toujours de se rendre au plus haut niveau, mais je ne suis pas pressé. Beaucoup de gens font l’erreur de vouloir s’y rendre le plus vite possible. Je ne suis pas trop stressé. Je vais sûrement finir par me faire recruter à ma juste valeur. En attendant, je continue d’accumuler de l’expérience comme coéquipier. »

En chiffres

50

Nombre de jours de course de Zukowsky, soit près du double de la dernière saison tronquée par la COVID-19

1er

Vainqueur du Grand Prix cycliste de Saguenay en 2019