La course Nationwide de l'an dernier a été un véritable tremplin pour Patrick Carpentier, qui s'est servi de son succès à Montréal pour se trouver une place parmi les grands, en série Sprint. Cette année, deux autres Québécois sont de la course: Jacques Villeneuve et Andrew Ranger. Pourraient-ils à leur tour profiter d'une performance particulièrement inspirée?

«Il y a une énorme différence, soutient Villeneuve. Patrick a fait la course de Montréal et, peu de temps après, il y a une écurie qui a eu besoin d'un pilote canadien. Ça ne va pas arriver deux fois. Il a bien roulé l'an dernier et il a profité de la situation. Lui, il était là, moi pas. Tant mieux pour lui.»

Est-ce à dire que la course de demain n'a pas d'importance pour Villeneuve?

«Il y a sans doute des équipes qui cherchent des pilotes, mais ici, c'est un circuit routier et elles n'en ont rien à foutre de ce qu'on va faire ici, enchaîne Villeneuve. Ce sont les ovales qui comptent, ils ne vont donc pas prendre Montréal comme exemple. Est-ce que ça peut aider de bien faire? Bien sûr, mais ce sera surtout au niveau de l'attrait des commanditaires locaux.»

C'est d'ailleurs à ce niveau que Villeneuve entend marquer des points, si bien sûr il signe un bon résultat - l'ancien champion du monde soutient qu'un mauvais résultat pourrait avoir pour lui des conséquences catastrophiques.

«Plus il y a de pilotes québécois, plus il risque d'y avoir d'amateurs, plus les médias risquent de s'intéresser à nous et plus cela facilitera les choses pour que l'on puisse se trouver des commanditaires, explique Villeneuve. Si un seul de nous connaît de bons résultats, ça va aider parce que l'on va parler davantage de NASCAR. Si les trois roulent en avant, ce sera encore mieux.»

Carpentier abonde dans le même sens: «Le NASCAR, c'est comme la lutte WWF, ça prend ce genre de spectacle. Plus on est de Québécois, mieux c'est. Jacques va m'apporter de la visibilité, je vais en apporter à Jacques, et Andrew la même chose. Pour le public, c'est beaucoup plus intéressant. C'est comme un petit match de boxe dans le fond.»

Cogner ou ne pas cogner?

Un combat de boxe. Au sens figuré, mais peut-être aussi au sens propre. Il y a eu de la bousculade l'an dernier, il risque d'y en avoir encore cette année. Carpentier avait sagement évité de se frotter à Kevin Harvick, l'an dernier, conservant sa deuxième place et laissant la victoire à l'Américain. Fera-t-il de même cette année?

«Je ferai la même chose, parce que moi, je dois courir contre eux tout le reste de la saison, a-t-il soutenu. En fait, ça dépend de qui est devant moi. Il y a quelques pilotes qui sont ciblés et que je n'hésiterais pas à sortir, alors qu'il y en a d'autres que je vais respecter.» Fait à noter, il inclut Villeneuve dans le deuxième groupe, on ne devrait donc pas voir trop de brasse-camarade entre les deux ténors québécois.

Andrew Ranger, lui, affiche une attitude un peu plus volontaire, même si on sent qu'il n'oserait pas s'attaquer à Carpentier ou Villeneuve.

«Comme je l'ai appris l'an passé, il faut que tu cognes alors je vais cogner, a-t-il assuré. Mais ça dépend à quelle distance tu es, comment tu te sens, si t'as l'impression d'être assez rapide; c'est un coup de dé, une question de fraction de seconde. Mais si tu as la chance d'y aller, vas-y.»

Match de boxe, peut-être, mais sans champion ou aspirants. «L'an passé, j'ai fait la pole, j'ai fini deuxième et je n'avais fait que 20 minutes d'essais avant d'arriver à Montréal, a dit le pilote de l'écurie Gillett-Evernham. Alors, ça pourrait aussi leur arriver. Ce sont des gars de circuit routier alors ce n'est pas sorcier; si l'auto est bonne, ils vont rouler en avant.»