La Russie pourrait accueillir son premier Grand Prix de Formule 1 dès 2014 à Sotchi, la même année que les Jeux olympiques d'hiver, mais de nombreux défis doivent encore être relevés, à commencer par la construction, à grands frais, d'un circuit automobile.

Dans une récente interview au quotidien russe Kommersant, le patron de la F1, Bernie Ecclestone, a annoncé avoir bouclé les négociations avec la partie russe sur l'organisation du Grand Prix de Russie à Sotchi.

«L'accord n'a pas encore été signé, mais lorsqu'une personne investie des pouvoirs appropriés en Russie apposera sa signature, le lendemain je mettrai la mienne», a-t-il assuré.

Le premier ministre russe, Vladimir Poutine, est attendu jeudi à Sotchi sur les rives de la mer Noire, où il doit approuver le projet de construction d'un circuit de course automobile dans la ville.

Grand sportif lui-même, l'ancien président russe (2000-2008) a fait de l'organisation en Russie de grands événements sportifs une priorité. En 2007, il avait mobilisé l'ensemble de l'appareil d'État, les sportifs et les hommes d'affaires, et défendu en personne la candidature de Sotchi pour les JO de 2014. Et il milite actuellement pour que la Russie décroche l'organisation du Mondial de soccer en 2018 ou en 2022.

Concernant la F1, Kommersant relève que l'organisation d'un Grand Prix coûtera à la Russie 40 millions de dollars par an, sans compter les quelque 200 millions de dollars à trouver pour bâtir le circuit.

«Utopie»

«Mais les retombées économiques d'un événement sportif d'une telle ampleur promettent d'être bien plus importantes» que toutes les dépenses, estime le journal russe.

Cet optimisme n'est cependant pas partagé par tous. Ivan Samarine, pilote de Formule 2 (formule de promotion), regrette ainsi que les autorités russes cherchent à se lancer dans la F1 alors que l'expérience de la Russie en matière de sport automobile est minimale.

«Organiser une course de F1 en Russie dans les conditions existantes relève de l'utopie, estime-t-il dans la presse russe. Nous devrions construire plusieurs circuits pour organiser des courses nationales avant de nous lancer dans la construction d'un circuit pour la F1».

Selon lui, la Russie doit aussi cesser d'attendre des profits immédiats de ses investissements.

«La construction d'un circuit est un investissement à long terme. La tenue d'une course de F1 augmente le prestige de tout un pays et attire des foules de touristes prêts à payer pour le spectacle. Mais les investisseurs doivent être prêts à attendre des années avant de voir le bénéfice de leur investissement», martèle Samarine.

Ce n'est pas la première fois que la Russie négocie sa place dans la discipline reine du sport automobile.

En 2002, M. Ecclestone était venu à Moscou pour signer un contrat sur la tenue du Grand Prix dans la capitale russe, mais Iouri Loujkov, le maire de Moscou limogé fin septembre, avait finalement refusé, accusant les organisateurs des courses de vouloir «s'attribuer tous les profits».