Fernando Alonso attendait du Grand Prix d'Espagne qu'il lance la bagarre pour le titre mondial et il avait vu juste. L'Espagnol a fait la meilleure opération en enlevant une deuxième place bien supérieure à ce que sa voiture valait, dimanche, sur le circuit de Barcelone.

Tirant le maximum de sa Ferrari, gardant le contact avec les Red Bull et avec Lewis Hamilton, pourtant plus rapide, Alonso a profité des ennuis de Vettel et du pilote McLaren pour s'approcher à seulement trois points de Jenson Button au classement du championnat.

 

À l'exception de Mark Webber, brillant vainqueur d'une course qu'il a dominé de bout en bout, Alonso est le seul pilote de pointe qui peut s'estimer heureux du résultat.

 

Hamilton l'aurait été aussi s'il n'avait pas été victime d'une crevaison à un tour de l'arrivée, perdant ainsi le bénéfice d'une belle course, les 18 points surtout qui lui auraient permis de rejoindre son coéquipier Button au championnat.

 

Quant à Vettel, il a encore été trop malchanceux pour apprécier sa troisième place.

 

Schumacher a mieux fait que son coéquipier Rosberg pour la première fois de l'année, mais c'est parce que le second a complètement raté sa course. Schumi n'a guère été plus compétitif que dans les dernières courses et il a bloqué pendant toute la course Button et Massa, encore en retrait de leurs brillants coéquipiers.

 

Cela dit, le premier Grand Prix européen a permis de mesurer l'écart qui sépare les nouvelles équipes du reste du peloton. Déjà reléguées à près de cinq secondes - plus de sept pour Senna - en qualifications, les Lotus, Virgin et Hispania ont cédé du terrain à un rythme ahurissant en course. Le moins pire du groupe, Jarno Trulli, était déjà à deux tours un peu après la mi-course.

 

On assiste donc à des Grands Prix à deux vitesses. Luca De Montezemolo, président de Ferrari, notait en début de semaine que ces nouvelles voitures n'étaient guère plus rapides que des GP2 et qu'elles n'apportaient rien au spectacle, si ce n'est des risques de collisions.

 

On a été chanceux jusqu'ici, aucun gros nom n'ayant encore été victime d'un retardataire. Mais qu'en sera-t-il à Monaco, dimanche prochain, entre les rails serrés d'un circuit qui ne pardonne aucune erreur. 

 

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Les observateurs auront noté que l'équipe Ferrari avait modifié ce week-end la «publicité» de Marlboro sur la prise d'air arrière des voitures. Le code-barres avait été remplacé par un simple rectangle. La publicité du tabac étant officiellement interdite en F1, l'équipe italienne et son partenaire historique ont signé un contrat particulier en 2007.

Marlboro est devenue propriétaire de l'ensemble de la carrosserie pour cinq ans en échange d'un milliard $. Tous les revenus de commandite vont à Marlboro qui peut ainsi rembourser son investissement. Le code-barres, qui se substitue au nom de la marque dans une version stylisée de son logo, est présenté comme un élément «décoratif» de la voiture, mais on le retrouve aussi sur les casques et les combinaisons des pilotes. Ce code-barres a été dénoncé cette semaine par des médecins anglais du Collège royal de médecine, qui y voit une forme évidente de publicité subliminale. C'est bien difficile de ne pas leur donner raison et Marlboro a déjà indiqué que l'entente ne serait pas renouvelée après 2011.