La chanson veut que les histoires d'amour finissent mal en général. Pourtant, celle qui unit, depuis 1996, Michael Schumacher et la Scuderia Ferrari, va se terminer en beauté, dans l'harmonie et sans aucune dispute, dans deux semaines, au Brésil.

La chanson veut que les histoires d'amour finissent mal en général. Pourtant, celle qui unit, depuis 1996, Michael Schumacher et la Scuderia Ferrari, va se terminer en beauté, dans l'harmonie et sans aucune dispute, dans deux semaines, au Brésil.

Tant le pilote que l'écurie ont contribué à leurs incroyables succès communs: cinq (voire six) titres mondiaux, 72 victoires et 58 pole positions (sans compter le Grand Prix du Japon).

Du coup, quoiqu'il advienne sur la piste en cette fin de saison, l'Allemand et l'écurie italienne demeureront liés dans les coeurs pendant de nombreuses années. Michael Schumacher semble à ce point solidaire de la Scuderia Ferrari que toute rumeur de son départ pour une autre écurie semble tenir du potin de bistrot.

Comme il l'a annoncé à Monza déjà, le jour où il a rendu publique sa retraite prochaine, Michael Schumacher conservera pour longtemps encore un rôle d'ambassadeur de Ferrari- même si les contours de la fonction restent encore à définir.

Unique dans l'histoire de la course, l'idylle qui unit le champion à l'écurie de Maranello est bien partie d'entrée. C'est alors qu'il est en passe de remporter son deuxième titre mondial d'affilée pour Benetton-Renault, que Schumacher, en juillet 1995, est contacté secrètement par Jean Todt. Le patron de la Scuderia et le champion se retrouvent à Monaco pour un déjeuner de travail. Le premier d'une longue série. Schumacher se cherche un nouveau défi, et Todt parvient à le convaincre. Willi Webber, son gérant, abonde dans le même sens: Ferrari n'avait alors plus remporté de titre depuis 1979, au temps de Jody Scheckter. «Si tu arrives à imposer une Ferrari, tu deviendras plus célèbre que le Pape lui-même», avait avancé Webber.

En bon croyant, Schumacher n'a jamais nourri cette ambition. Mais il signe pour la Scuderia. Et d'entrée, il commet le sacrilège de s'installer dans la casa colonica di Fiorano, la demeure depuis laquelle Enzo Ferrari avait l'habitude de regarder les Grands Prix à la télévision, et dont les fenêtres donnent sur la piste d'essais de Fiorano. Le Commendatore n'aurait pas forcément apprécié, lui qui ne voulait à aucun prix que la notoriété d'un pilote dépasse celle de son équipe.

Mais ce blasphème lui est vite pardonné. Dès sa septième course sur Ferrari, en Espagne, sous une pluie diluvienne, il fait triompher la monoplace griffée du Cavalino.

Pendant l'été qui suit, alors que les problèmes mécaniques s'empilent, Michael Schumacher tient bon et vient même à la rescousse de Jean Todt, dont la presse transalpine réclame la tête. «Si vous voulez détruire Ferrari, continuez comme cela», leur lance Schumacher. Effet garanti: les journaux italiens ont dès lors systématiquement protégé la Scuderia.

La suite va leur donner raison: la saison 1996 se termine avec deux succès supplémentaires. La voiture s'améliore et l'ambiance se transforme. «Michael a su donner à l'équipe ce dont elle avait besoin pour se motiver et ce, sans forcer, explique Nigel Stepney, coordinateur chez les Rouges. C'est un gros travailleur. Petit à petit, tout le monde l'a suivi.»

Schumacher rate le titre de peu en 1997, puis 1998. En 1999, il se casse une jambe et manque plusieurs épreuves. Il va triompher l'année suivante, qui marque les débuts d'une folle série de titres. «Michael pourrait ne jamais s'arrêter quand il s'agit de la voiture, explique Ross Brawn. Mais par de nombreuses attentions, il sait se rendre sympathique auprès des mécaniciens qui lui sont dévoués corps et âme.»

La relation qui unit Michael Schumacher à Ferrari est totalement unique dans l'histoire. Les plus grands champions ont piloté pour Ferrari, mais jamais avec un tel niveau de complicité. L'Allemand et Ferrari ne feront toujours qu'un, même si le premier n'assiste plus aux Grands Prix du second.