Après deux titres de suite, l'écurie Red Bull semble plus menaçante que jamais au moment où s'ouvre, ce week-end à Melbourne, le Championnat du monde 2012 de F1. La Presse s'est entretenue avec son directeur. Christian Horner explique comment l'équipe a pris goût à la victoire, comment Sebastian Vettel s'améliore et comment il entend réussir le triplé.

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Peu d'équipes ont réussi à remporter trois titres d'affilée depuis la naissance du championnat des constructeurs en 1958. Ferrari l'a fait deux fois, en 1977 et en 2001; McLaren y est parvenu en 1990 et Williams, quatre ans plus tard.

L'écurie Red Bull compte bien devenir cette année la quatrième à accomplir l'exploit. Confortablement assis dans la caravane de l'équipe, son directeur commente les plans dynastiques de sa formation.

«Nous sommes encore jeunes. Il s'agit de notre huitième voiture pour une huitième saison en Formule 1, rappelle Christian Horner, avec un fort accent anglais. Je vous assure que nous avons encore faim. Il y a un grand désir d'en faire plus. Les gens ont aimé gagner, aimé le succès et ils en veulent plus. La motivation n'a jamais été plus haute chez Red Bull.»

Autour de lui, des employés vêtus des couleurs de l'équipe s'activent nerveusement. Les essais d'hiver faisaient rage à Barcelone lors de notre rencontre début mars, et aujourd'hui les champions en titre n'ont pas réussi un très bon temps. Ils n'ont en fait pas été particulièrement brillants durant les douze jours d'essais.

Les pilotes des écuries concurrentes parlent pourtant encore de Red Bull comme de l'ennemi à abattre. Plusieurs d'entre eux pensent que l'équipe cache ses cartes. On laisse entendre que ses nouvelles monoplaces roulent avec plus d'essence que les autres, pour les ralentir et masquer leurs performances. On chuchote que la RB8 est encore la plus rapide du peloton.

Voilà tout le génie de Christian Horner et de son équipe, qui ont su créer en huit ans une écurie crainte et respectée. Red Bull est née en 2005 du rachat de la très décevante Jaguar Racing, qui n'avait réussi aucune position de tête et aucune victoire en 85 courses.

Le milliardaire autrichien Dietrich Mateschitz, fabricant des boissons au petit taureau rouge, a injecté des millions dans l'aventure. Il a embauché Horner, puis, un an plus tard, le directeur technique Adrian Newey, anciennement de Mclaren et Williams. Les deux sont encore en poste aujourd'hui.

«C'est fantastique d'avoir Adrian Newey dans l'équipe. Adrian est l'un des plus grands, sinon le plus grand designer en Formule 1, relate Christian Horner. Il est là, tout en haut, avec Colin Chapman. Mais il est soutenu par une grande équipe.

«Le championnat de 2010 était le premier en 12 ans pour Adrian. Tout repose sur l'équipe. Il ne peut y arriver seul. Voilà pourquoi nous avons besoin de la profondeur de l'équipe et ç'a été notre force dans les dernières années: nous avons de bons résultats, une bonne fiabilité, une bonne stratégie, de bonnes innovations, de bons pilotes. Nos résultats ne sont pas fortuits.»

L'année de la perfection pour Vettel

Sebastian Vettel n'est bien sûr pas étranger au succès de l'écurie. L'Allemand, qui entame sa cinquième saison complète en F1, est lui aussi en quête d'un triplé. Sa domination va croissant, comme en témoignent ses 392 points en 2011, loin devant les 270 de son plus proche rival, Jenson Button (McLaren).

Cette semaine à Melbourne, Vettel le perfectionniste mentionnait à des journalistes qu'il «aurait pu faire mieux la saison dernière». Il a aussi assuré que les victoires n'avaient pas émoussé son désir de vaincre.

«Je n'ai jamais dû me demander si je voulais continuer à faire ce métier ou si je voulais être ailleurs, disait-il. Rien n'a changé. J'ai encore faim et je me fâche encore lorsqu'un pilote me bat. C'est un bon signe.»

Le plus inquiétant pour ses adversaires, c'est que le pilote de 24 ans s'améliore encore, selon Christian Horner. «Son caractère est sa plus grande force. Il est très déterminé, il est affamé, il est très professionnel, très consciencieux, note le directeur de l'écurie Red Bull. Et c'est un jeune homme très agréable. Il continue de s'améliorer, de se développer; il est encore si jeune que je ne crois pas qu'on ait encore vu le meilleur de Sebastian.»

Devant le monstre Red Bull, il est donc difficile de voir une équipe s'étant suffisamment améliorée pour contester le titre. McLaren, Ferrari et Mercedes s'y essayeront, mais la surprise pourrait venir du côté de Lotus.

«Nous aurons droit à une saison très serrée, nous ne sommes sûrs de rien», lâche Horner. Des paroles que le directeur a souvent répétées dans les dernières semaines. Elles sont probablement vraies, même si elles ressemblent davantage à l'exercice de fausse modestie d'une équipe qui a vraiment tout pour réussir.