L'équipe Lotus Renault demeure ambitieuse avant le début de la saison 2011 de Formule 1, dimanche à Melbourne, en Australie, malgré l'absence de son leader Robert Kubica, gravement blessé en février dans un accident de rallye.

L'ère Renault F1 n'est plus. Le constructeur français a vendu fin 2010 les 25% de l'écurie qu'il possédait encore à Genii Capital, une société luxembourgeoise détenant désormais la totalité des parts. Celle-ci a trouvé en Lotus un commanditaire à même de poursuivre financièrement l'aventure les sept prochaines années.

La R31, première monoplace de la nouvelle alliance, s'est donc vue parer d'or et de noir, en référence aux Lotus des années 1980, aux volants desquelles s'est notamment illustrée la légende brésilienne Ayrton Senna. La campagne 2011, lancée le 1er février à Valence, en Espagne, débutait sous les meilleurs auspices.

Mais l'optimisme laissait très vite place à la consternation. Robert Kubica, l'excellent leader de Lotus Renault, était victime d'un accident le 6 février lors du petit rallye italien Ronde di Andora. Le Polonais jouait de malchance. Un rail de sécurité transperçait sa voiture, manquant de lui amputer le bras et la main droits.

Quatre opérations plus tard, «les nouvelles sont très positives», se réjouit Eric Boullier, le directeur de l'écurie. «Il est en avance sur tous les pronostics, que ce soit en termes de rééducation ou de guérison». La durée de l'immobilisation est toutefois impossible à évaluer. Seule certitude, elle sera très longue.

Dans la tourmente, Nick Heidfeld, l'ancien coéquipier de Kubica chez BMW Sauber, est recruté. Bonne pioche. L'Allemand, «extrêmement motivé», «s'implique à fond. Il a réussi à convaincre l'équipe technique de sa valeur ajoutée. On a recréé très vite un climat de confiance autour de lui», raconte Eric Boullier à l'AFP.

 

À l'affût

Heidfeld, de l'avis général, est toutefois moins fort que le Polonais. Ses confrontations avec Kamui Kobayashi chez Sauber, où il est arrivé en cours d'année dernière, ont régulièrement tourné à l'avantage du Japonais, dont c'était pourtant la première saison pleine.

La différence de niveau entre Nick Heidfeld et Robert Kubica «est difficile à quantifier», élude le Français, qui reconnaît «une période de flottement, de retard, de déstabilisation» après la blessure de Kubica. «Maintenant, combien on a perdu, on ne sait pas».

Mais l'Allemand, comme son partenaire russe Vitaly Petrov, ont la chance de disposer d'une monoplace assez rapide. Les temps signés lors des essais d'avant-saison les placent au rang de négligés à surveiller.

«Red Bull et Ferrari sont devant, peut-être d'une demi-seconde. La différence est moins importante qu'en 2010. Ensuite il y a un trio, composé de Mercedes, McLaren et nous», analyse M. Boullier.

En début de saison, Lotus Renault se voyait «en théorie» «en mesure de se battre pour quelques victoires». Un objectif plus difficile à atteindre sans Kubica. «On sera à l'affût de podiums, et peut-être de victoire», espère le Français, qui dit disposer d'atouts cachés «dans son chapeau».

Et Eric Boullier, raisonnable, de prévenir: «Hormis une culbute spectaculaire à la Brawn GP - l'écurie issue de Honda F1, sacrée dès sa première année -, on ne devient pas champion du jour au lendemain.»

Photo Reuters

Nick Heidfeld a été recruté pour remplacer Robert Kubica. Selon le directeur de l'écurie, Éric Boullier, l'Allemand «s'implique à fond. Il a réussi à convaincre l'équipe technique de sa valeur ajoutée. On a recréé très vite un climat de confiance autour de lui.»