L'honneur est sauf chez Ferrari. Kimi Raikkonen a empêché les Rouges d'inscrire le pire début de saison de leur histoire en enlevant la sixième place, hier, à Bahreïn.

Après quatre courses, voilà donc Ferrari avec trois points en banque: un de plus qu'en 1981, quand Didier Pironi avait réussi à arracher deux points au volant de sa poussive Ferrari Turbo.

Pour les livres d'histoire, l'honneur est sauvé. Enfin presque, puisqu'en 1981, une sixième place comme celle de Raikkonen valait un point, pas trois... Chose certaine, l'orgueil, lui, est drôlement atteint.

 

Comment ne pas être honteux quand Ferrari-la-mythique ne réussit qu'à devancer Force-India-la-pauvrette au championnat des constructeurs? Comment se réjouir en voyant Felipe Massa se faire prendre un tour par Jenson Button, sur le circuit même où il a inscrit sa première victoire en 2008?

La pluie a peut-être joué les trouble-fêtes en Chine et en Malaisie, mais en plein désert, avec toutes les voitures (sauf une) qui sont rentrées au port, les déboires des Rouges sont consternants.

Le président de Ferrari, Luca di Montezemolo, a fait un de ses rares voyages sur les circuits pour voir de ses yeux ce qui cloche dans son écurie. Et Il Presidente n'a pas dû aimer ce qu'il a vu, hier.

Interrogé sur ce début de saison catastrophique, il a blâmé le règlement - «mal écrit et plein de zones grises», dit-il - concernant les diffuseurs et l'utilisation du SREC. Pourtant, à l'époque du machiavélique Jean Todt, Ferrari était reconnue pour étirer l'interprétation des règlements jusqu'à ce que l'élastique soit sur le point de céder. Si une virgule était mal placée, Ferrari allait en profiter, vous pouviez en être assurés.

Les dix équipes sont parties du même point, c'est-à-dire une feuille vierge, pour construire leur bagnole 2009. Si Ferrari traîne, c'est peut-être le signe qu'un examen de conscience s'impose à Maranello.

Di Montezemolo est plus près de la vérité quand il avance que, peut-être, son équipe a péché par excès de confiance dans la construction de sa voiture. Quand on gagne trop, on finit par se croire au-dessus du lot. Et le retour sur terre est toujours douloureux.

La machine rouge, avec ses moyens immenses, se fait faire la leçon par les écuries à qui elle a dicté trop souvent sa loi. C'est peut-être signe qu'il y a une justice divine et qu'enfin, la F1 s'ouvre sur une ère nouvelle, une ère où l'ingéniosité des uns peut rivaliser avec la taille du portefeuille des autres.

Le grand cirque s'amène à Barcelone dans deux semaines, avec en piste des monoplaces vitaminées. Tout le petit monde de la F1 voudra améliorer son sort. Les gars de Maranello ne risquent pas de dormir beaucoup d'ici là...