Les trois premiers Grand Prix de la saison 2008, en Australie, en Malaisie et à Bahreïn témoignent de la volonté de Bernie Ecclestone, le «grand argentier» de la Formule 1, de déplacer peu à peu le centre de gravité de son sport vers l'Asie et le Moyen-Orient.

Alors que les 11 écuries engagées arrivent progressivement à Melbourne avant la première course dimanche, l'intérêt pour la F1 en Asie et au Moyen-Orient n'a jamais été aussi important.

Six des 18 Grand Prix vont s'y disputer cette saison, en Australie donc, ainsi qu'à Bahreïn, en Chine, au Japon, à Singapour et en Malaisie, et la tendance laisse à penser que ces régions du monde pourraient accueillir la moitié des courses d'ici 2010. À titre de comparaison, seuls deux Grand Prix (Australie et Japon) avaient eu lieu en Asie-Océanie en 1998, et 3 (Australie, Malaisie, Japon) en 2003.

L'épreuve la plus attendue sera bien évidemment celle de Singapour, le 28 septembre, la première de l'histoire à se courir en nocturne. Sur des routes ouvertes habituellement à la circulation, en ville, ce 15e Grand Prix de la saison pourrait être l'un des événements sportifs les plus suivis de l'année.

«Je suis très optimiste à propos de la Formule 1 en Asie, a récemment affirmé Bernie Ecclestone aux médias de Singapour. Je le suis depuis plus de 15 ans et j'espère avoir bientôt gain de cause parce que l'intérêt pour la F1 est très important dans ces régions du monde.»

Marchés émergents

Les négociations avec l'Inde, la Corée du Sud ou Abu Dhabi sont en cours, voire achevées, et ces courses pourraient faire leur apparition dans les années à venir.

Cette globalisation du calendrier se ferait bien évidemment au détriment des courses en Europe, la base traditionnelle de la F1.

Le but premier d'implanter des courses en Asie et au Moyen-Orient est de bénéficier de marchés émergents dans des pays qui comptent de plus en plus de «fans» au pouvoir d'achat croissant.

Le premier Grand Prix en Chine a généré en 2004 environ 650 millions de dollars mais Bernie Ecclestone estime que le potentiel y est aussi important qu'en Grande-Bretagne, où l'industrie de la Formule 1 engendre 8,3 milliards de dollars.

Cependant, toute nouvelle course, de manière idéale, devra se dérouler à une heure permettant aux téléspectateurs européens de la regarder à une heure «normale». C'est avant tout pour cela que le Grand Prix de Singapour se courra à 20h00 locales, de nuit, ce qui permettra aux téléspectateurs du Vieux Continent de suivre l'épreuve en direct le dimanche en début d'après-midi. Comme d'habitude.

L'Inde férue de F1

Les Grands Prix de Malaisie et d'Australie ont subi une certaine pression pour en faire de même, avec à l'arrivée des réponses différentes.

La Malaisie affirme être prête pour une course en nocturne et dispose d'un contrat jusqu'en 2015. C'est plus compliqué en Australie, où les organisateurs refusent de courir de nuit à Melbourne.

Bernie Ecclestone a menacé de retirer la course australienne du calendrier après 2010 si rien n'était fait et pour le moment seul un léger compromis a été trouvé pour retarder la course de 90 minutes par rapport à l'an dernier. Le départ sera donné à 15h30 locale au lieu de 14h00.

En marge d'un calendrier qui met résolument le cap à l'est, toutes les composantes de la Formule 1 sont touchées.

Ainsi, la nouvelle écurie Force India va effectuer ses débuts cette saison, supportée par le milliardaire indien Vijay Mallya. L'Inde est férue de F1 depuis qu'un de ses pilotes, Narain Karthikeyan, a couru pour Jordan en 2005.

Des investisseurs indiens aimeraient d'ailleurs le revoir derrière un volant et ont notamment tenté d'approcher l'équipe Super Aguri.

Le Japon est lui aussi très représenté, avec pas moins de trois écuries, Toyota, Honda et Super Aguri, et deux pilotes, Kazuki Nakajima et Takuma Sato. Enfin, l'Australie est elle aussi présente sur les grilles de départ avec Mark Webber.