Sur la grille de départ, ces mêmes pilotes avaient monopolisé les deux premières lignes, avec des chronos très proches les uns des autres.

Sur la grille de départ, ces mêmes pilotes avaient monopolisé les deux premières lignes, avec des chronos très proches les uns des autres.

Sur le papier, donc, ce Grand Prix d'Espagne s'annonçait haletant. Pourtant, une fois le départ donné et une fois le premier virage - mouvementé - franchi, la course s'est enlisée dans une monotonie à peine ponctuée par quelques abandons - dont celui de Raikkonen dès le 10e tour - en raison de l'incroyable supériorité de la Ferrari de Felipe Massa. Du coup, les deux pilotes McLaren, derrière, semblent s'être rapidement contentés de leur sort, Lewis Hamilton terminant deuxième devant Fernando Alonso. Un résultat qui permet au jeune Britannique de s'emparer seul de la tête du championnat du monde, avec 30 points, contre 28 à son coéquipier.

Lewis Hamilton devient ainsi le plus jeune pilote de l'histoire à mener le championnat du monde, alors qu'il ne disputait hier que le quatrième Grand Prix de sa carrière.

En fait, depuis le début de la saison, le Britannique fait quasiment jeu égal avec Fernando Alonso. Alors qu'il était unanimement considéré comme l'un des pilotes de génie du plateau, ce dernier ne parvient pas à faire la différence par rapport à un Lewis Hamilton qui manque encore totalement d'expérience.

«Il est vrai que Lewis fournit un excellent travail cette saison», confie Martin Whitmarsh, directeur général de l'écurie McLaren. «Dans un sens, Lewis a beaucoup moins de pression sur ses épaules que Fernando. Fernando doit défendre ses deux titres mondiaux, son expérience le pose en leader de l'équipe, tout le monde s'attend à le voir exceller. Lewis, lui, n'a pas de pression. Il a déjà fait nettement mieux que ce que nous attendions de lui et sa confiance est vraiment phénoménale. C'est un sacré atout dans ce métier.»

Lewis Hamilton ne commet jamais la moindre faute, ce qui constitue peut-être la plus surprenante de ses qualités. Il symbolise une nouvelle génération de pilotes, nourris aux jeux vidéo, qui ne semblent souffrir d'aucun défaut, et qui ne coûtent pas cher : alors que Fernando Alonso est gratifié d'un salaire se montant à 42 millions US par an, Lewis Hamilton n'en touche pas le dixième. Et il ne s'en plaint pas : il a été entièrement formé par l'écurie McLaren et celle-ci ne fait que récolter les fruits de son investissement.

Chez Ferrari, les différences entre les deux pilotes ne sont pas aussi tranchées. Si Massa n'a que 26 ans et 74 Grands Prix au compteur, Raikkonen, son coéquipier, en a disputé 104 à 28 ans.

Au sein de la Scuderia, c'est l'argent qui distingue les deux pilotes : elle a dû offrir un pont d'or (35 millions $US) à Raikkonen pour le convaincre de joindre ses rangs après le départ de Michael Schumacher, alors que Massa (payé une quinzaine de millions de dollars) était plutôt là pour assurer une certaine continuité après la retraite du septuple champion allemand.

Aujourd'hui, ces rôles sont inversés : par sa deuxième victoire consécutive, hier, Massa démontre le talent d'un grand, souligné par ses trois positions de tête consécutives. De son côté, Raikkonen se débat avec un châssis qu'il avoue avoir du mal à régler.

Si cette tendance venait à se confirmer au cours des semaines à venir, la génération des Hamilton et des Massa aura définitivement pris le pas sur celle des Alonso ou des Raikkonen, qui ont tous deux débutés en F1 en 2001 et qui n'auront pas eu le temps de régner longtemps après le départ de Michael Schumacher.