Quadruple champion du monde des rallyes depuis sa 3e place au rallye de Grande-Bretagne (ex-RAC), Sébastien Loeb, compétiteur-né, a trouvé «vraiment sympa» de gagner ce 4e titre lors de la dernière course de la saison.

Q: Auriez-vous préféré gagner ce 4e titre en remportant le RAC ?

R: «Bien sûr, cela aurait été génial d'arriver ici en étant ex-aequo avec Marcus (Grönholm) et que le vainqueur du rallye gagne le titre. J'aurais préféré, mais uniquement si le résultat avait été le même. On est parti avec beaucoup d'avance, à cause de son erreur en Irlande, et dans ma situation il aurait été ridicule d'en faire plus. Un titre, c'est plus important qu'une victoire. Et gagner un championnat sur la dernière course, c'est quand même une sensation vraiment sympa».

Q: Qu'est-ce que ça vous fait de rejoindre Alain Prost au palmarès (quadruple champion du monde de Formule 1) ?

R: «Prost c'est une légende en France, tout le monde le connaît, alors l'égaler au palmarès, ça fait plaisir, même si le rallye et la F1 sont deux disciplines très différentes».

Q: Est-ce que vous entrez dans l'histoire du rallye ?

R: «Ce n'est pas aujourd'hui que je rentre dans l'histoire du rallye, on est déjà entrés progressivement. J'en suis conscient, ça me fait plaisir, mais c'est plutôt après ma carrière que j'y penserai. Pour l'instant, la priorité c'est le plaisir que je prends sur les rallyes».

Q: Où trouvez-vous votre motivation ?

R: «Au volant de ma voiture, dans les spéciales. Il y a l'improvisation dans le pilotage, la glisse, ce sont des sensations qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. Je la trouve aussi dans la bagarre pour la victoire. J'ai toujours envie d'attaquer, mais quand l'enjeu devient un championnat, c'est plus important de finir le rallye que de le gagner».

Q: Il vous manque encore le RAC et la Finlande au palmarès...

R: «Je ne vais pas courir toute ma vie après une victoire au RAC. La Finlande, c'est le rallye mythique que je n'ai pas gagné, très atypique et très dangereux. Si on pouvait le gagner un jour, ce serait sympa, mais ce ne sera pas facile».

Q: Que vous inspire la retraite de Grönholm ?

R: «On pouvait se dire: si Marcus n'est plus là, il ne va plus rien se passer. Je n'en suis pas si sûr. (Mikko) Hirvonen a gagné trois rallyes cette année, il a toujours été là, régulier, fiable. À partir du moment où il sera le premier pilote de son équipe, libre de gagner des rallyes, il est capable d'aller très vite».

Q: Et la retraite de Guy Fréquelin (ndlr: le patron de Citroën Sport) ?

R: «J'ai beaucoup appris avec lui, il y a eu des grands moments, c'était vraiment génial. Il a peut-être envie de faire autre chose, il faut l'accepter, on fera avec».

Q: Quels sont les jeunes pilotes français susceptibles de vous succéder ?

R: «La relève en ce moment en France, c'est Sébastien Ogier, mais il n'a pas encore beaucoup d'expérience. Il y a aussi Yoann Bonato, qui vient de faire une belle saison, il a prouvé lui aussi qu'il était bon. Mais ce n'est pas facile de trouver les budgets pour continuer».

Q: Qu'est-ce qui pourrait vous inciter à arrêter le rallye ?

R: «La prise de risque par rapport à l'enjeu. Ca fait quatre titres, ça va changer quoi d'en avoir cinq ou six ? Je repars avec Citroën pour un championnat complet en 2008 et un autre en 2009. Mais peut-être qu'un jour je me dirai que j'en ai marre de risquer ma vie comme ça. Arrêter complètement, non, ce serait un peu difficile. J'ai quand même besoin de conduire pour mon équilibre. Mais faire quelque chose d'autre, en circuit, pourquoi pas ?»

Q: Justement, vous allez essayer une Renault F1 cette semaine...

R: «J'ai toujours rêvé de monter un jour dans une F1 et l'occasion se présente, tant mieux. Mais le circuit ça ne s'improvise pas, il y a des gars qui font ça depuis des années, ils ont commencé en karting et ils ont beaucoup travaillé pour y arriver».