À l'arrivée de l'ES14, le triple champion du monde a été surpris de voir que les pneus BF Goodrich de Grönholm, même gomme 9+ mais plus étroits (17 pouces au lieu de 19), avaient mieux résisté que les siens. Beau joueur, il a reconnu sa défaite, deux heures plus tard à l'hippodrome: «Marcus va trop vite ici, je ne peux rien faire».

Cerise sur le souvlaki

À l'arrivée de l'ES14, le triple champion du monde a été surpris de voir que les pneus BF Goodrich de Grönholm, même gomme 9+ mais plus étroits (17 pouces au lieu de 19), avaient mieux résisté que les siens. Beau joueur, il a reconnu sa défaite, deux heures plus tard à l'hippodrome: «Marcus va trop vite ici, je ne peux rien faire».

La super-spéciale dans l'hippodrome de Markopoulo (ES17), longue et large, sur une terre battue permettant les plus belles dérives au soleil couchant, c'était comme une cerise sur le souvlaki, la conclusion en douceur d'une journée de forçats.

Les deux Subaru de Solberg et de Chris Atkinson, durement éprouvées par cette journée mémorable, ont fait leur tour de piste au ralenti, sans sauter sur les bosses, mais le public ne leur en a pas tenu rigueur. Elles avaient eu le mérite de survivre.

Dani Sordo (Citroën C4) n'a pas eu cette chance. Alors 4e et très constant dans les performances, le jeune Espagnol est resté scotché dans l'ES12, boîte de vitesses en vrac. Une preuve de plus que les dieux de l'Olympe préfèrent souvent les grands blonds aux petits bruns.

Il y a tout eu dans cette journée grâce à trois pilotes déchaînés se rendant coup pour coup. Grönholm bien sûr, dominateur lors des deux passages dans Agii Theodori (ES10, ES14), la plus longue spéciale (48 km). Sébastien Loeb (Citroën C4) aussi, auteur de quatre temps scratch (ES11, ES15 à ES17) pour remonter de la 4e à la 2e place, mais à 43 secondes 3/10 de Grönholm.

Le troisième demi-dieu, Petter Solberg (Subaru Impreza), meilleur temps dans l'ES12 et l'ES13, s'est battu comme un forcené pour préserver sa 2e place des assauts de Loeb. Il n'a cédé qu'en fin de journée, à cause d'un amortisseur cassé dans l'ES14.

Tout s'est joué comme prévu dans la plus longue spéciale du championnat WRC 2007 à ce jour. Beaucoup de pilotes redoutaient Agii Theodori, à juste titre. Ils ont tous fait comme s'ils n'avaient pas peur, attaquant comme des possédés pour tenter de creuser des écarts... ou rattraper leur retard.

Minimum vital

À leur arrivée à l'assistance délocalisée de Loutraki, en pleine campagne, certaines voitures, sur trois roues ou pare-brise enfoncé, ne roulaient plus des mécaniques. Quant aux pilotes en sueur, assis torse nu sur des glacières, on voyait qu'ils avaient tout essayé dans les collines du golfe de Corinthe.

Pendant ce temps, les mécanos faisaient le minimum vital, en 15 minutes chrono, sur une simple bâche en plastique, pour que les voitures repartent, avec quatre pneus neufs, dans les trois spéciales suivantes.

Loeb y a cru jusqu'à la moitié de l'ES14, quand les temps partiels affichaient dans son cockpit plus de 4 secondes d'avance sur Grönholm. Puis il a crevé, comme lors du premier passage, à une dizaine de kilomètres de l'arrivée, et a dû lâcher prise, faute d'adhérence.

«On a tenté un coup, mais les pneus n'ont pas tenu», a souri Loeb, rejoint par sa femme Séverine à l'arrivée de ce double marathon mécanique. Au premier passage, son pneu avant droit était déchiré sur toute la largeur de la bande de roulement; au deuxième, c'était encore pire: les deux pneus avant étaient usés jusqu'à la corde, crevés par endroits, quasiment détruits.